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Culture - Photographie

Le Liban de 2006 à 2020, un récit en images éloquentes

L’exposition en ligne « Lebanon Then and Now, Photography from 2006 to 2020 » organisée par le Middle East Institute (MEI), basé à Washington, en collaboration avec ses partenaires à Beyrouth et à Paris, a été lancée le 13 juillet. Elle se déroule jusqu’au 25 septembre.


Le Liban de 2006 à 2020, un récit en images éloquentes

Ieva Douaihy et les vestiges du passé.

Prévue initialement pour être une exposition « physique » pour l’été 2020 dans la nouvelle galerie d’art de la Middle East Institute (MEI), Lebanon Then and Now a été ré-imaginée virtuellement, la salle du MEI étant fermée en raison de l’épidémie du coronavirus. Rita Nammour, présidente du conseil d’administration du Beirut Museum of Art-USA (BeMA USA) et présidente de l’Association pour la promotion et l’exposition des arts au Liban (APEAL), signale que ces deux organisations ont collaboré avec l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris et le Beirut Center of Photography à Beyrouth, en partenariat avec le MEI pour coproduire cet événement. « Lebanon Then and Now tombe à pic, dit-elle, par cette période de forte crise. Elle a pour moi plusieurs objectifs : soutenir les artistes libanais et promouvoir leur visibilité sur la scène artistique contemporaine internationale, mais aussi encourager les collaborations locales et internationales. Et, par ailleurs, capter ces moments et refléter à travers les photos l’esprit de la révolte ainsi que la crise profonde que traverse le Liban. Et enfin témoigner de la résilience d’un peuple et de son aspiration pour un Liban meilleur. » Dans ce pays qui connaît sa crise postguerre la plus rude, faisant face à des incertitudes économiques et politiques sans précédent, cette exposition fait un éclairage sur la colère sourde et diffuse qui a poussé la majorité des Libanais à descendre dans les rues mais pose aussi des questions sur la date précise de l’événement.


La photo de Dalia Khamissy exposée à l’IMA.


Des images qui interrogent
Pourquoi la révolution a-t-elle eu lieu le 17 octobre 2019 ? Pourquoi pas avant ? S’agit-il des séquelles de la guerre civile (puisqu’on n’a jamais enterré la hache de guerre) ? Ou de la manifestation d’un événement inédit qui a surgi tout d’un coup ? Ce à quoi la curatrice Chantal Fahmi répond : « J’ai voulu poser cette problématique en établissant un dialogue entre deux expositions récentes et capitales. La première, intitulée Lebanon: Between Reality and Fiction curatée par Hanna Boghanim pour l’Institut du monde arabe à Paris (11 septembre 2019-24 novembre 2019), et la seconde, intitulée Revolt, organisée par APEAL et produite au cœur de Beyrouth en présentant des reproductions projetées sur le bâtiment de l’Œuf (The Egg). Il fallait inviter le spectateur à déchiffrer les causes de cette révolution qui a secoué le pays. En faisant le tri et en sélectionnant parmi des centaines de photos pour faire dialoguer ces deux expositions, on est parvenu, en collaborant principalement avec le Middle East Institute Art Gallery et le BCP, et avec la générosité également de Rose-Mary Boustany, Rania Daniel et Claude Audi, à rassembler des travaux appartenant à 17 photographes et à un réalisateur italien, Tanino Musso. Ce dernier avait été invité en 1991 à participer à une mission photographique au Liban Beyrouth centre-ville, 1991 (film de 22 min) organisée par la Fondation Hariri. Tous ces regards témoignent des bouleversements du Liban pendant ces quatorze dernières années. »


Lamia Maria Abillama, portrait d’un certain Liban. Photos DR


Dialogue entre passé et présent
La curatrice a trouvé ainsi une plateforme commune entre les deux expositions, Revolt et Between Reality and Fiction . « Dans ce calme qui a suivi la tempête, il reste des résidus de la guerre, comme une architecture chaotique, une affaire de disparus non élucidée, des sujets douloureux encore enfouis et un feu qui couvait sous les cendres, en attendant peut-être une nouvelle tempête », déclare Chantal Fahmi. Il nous paraissait essentiel de mettre l’accent sur l’aspect journalistique et artistique des photos. Pour elle, la photographie au Liban connaît un essor assez surprenant. « Nous avons essayé de faire une passerelle entre le photojournalisme, encouragé par les agences de presse durant la révolution, et la documentation à travers ces cinquante puissantes photos réalisée par l’IMA, tout en lançant le photojournalisme sur le marché de l’art. » Lyne Sneige, directrice du Middle East Institute Arts and Culture Center relève que « des jeunes photographes libanais, parmi les meilleurs, ont documenté, à travers leurs images, les tensions et les questions en sursis qui sont à la base de la crise qui sévit depuis huit mois, en réponse à l’effondrement politique et financier du pays ». Il s’agit de Pierre Aboujaoudé, Hussein Beydoun, Blanche Eid, Jana Khouri, Émilie Madi, Élias Moubarak, Badr Safadi, Jack Seikaly, Omar Sfeir et Marwan Tahtah. Ceux-ci font écho à l’exposition de l’IMA où Lamia Maria Abillama, Vladimir Antaki, Myriam Boulos, Ieva Saudargaite Douaihi, Maria Kassab, Dalia Khamissy et Vicky Mokbel esquissent un Liban qui souffre encore des blessures de la guerre.

Pour sa part, Kate Seelye, vice-présidente des programmes d’arts et de culture au MEI, a estimé que la rediffusion d’une sélection des deux expositions met en relief l’importance du passé dans la construction du présent. On retiendra en conclusion les propos de Rita Nammour qui confie : « Les espoirs et les rêves exprimés au début du soulèvement populaire semblent aujourd’hui s’effriter, mais le peuple continue à tenir le coup. J’espère qu’à travers les œuvres exposées dans le cadre de cet événement, le monde retiendra les aspirations de ce pays à un meilleur avenir. »

Prévue initialement pour être une exposition « physique » pour l’été 2020 dans la nouvelle galerie d’art de la Middle East Institute (MEI), Lebanon Then and Now a été ré-imaginée virtuellement, la salle du MEI étant fermée en raison de l’épidémie du coronavirus. Rita Nammour, présidente du conseil d’administration du Beirut Museum of Art-USA (BeMA USA) et...

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