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Environnement - Déchets

Ramassage au ralenti dans la capitale et ses banlieues

Les ordures s’amoncellent à nouveau dans les rues, à la suite d'une grève des éboueurs. Les deux sociétés de ramassage expliquent les raisons de cette nouvelle crise.
Ramassage au ralenti dans la capitale et ses banlieues

Des monticules de sacs-poubelle qui rappellent les pires moments de la crise des déchets. Ici à Beyrouth. Photo Sawratcom

Partout à Beyrouth, dans la banlieue sud et dans les cazas du Metn et du Kesrouan, les monticules de sacs-poubelle près des bennes rappellent les pires jours de la crise des déchets. Le problème se situe au niveau du ramassage et du transport des ordures, entravé une nouvelle fois par le retard dans les paiements aux deux sociétés privées, ainsi que par des carences en main-d’œuvre. Ce qui a fait écrire Wi’am Wahhab, ancien ministre de l’Environnement, sur son compte Twitter : « Les photos d’amoncellement des déchets sont répugnantes et ressemblent à ceux qui en sont la cause. Je demande au ministre des Finances : dans l’intérêt de qui empêchez-vous le déblocage des fonds dus aux sociétés ? Pourquoi provoquez-vous une nouvelle crise des déchets et vous tirez-vous une balle dans le pied ? Les crises actuelles ne suffisent-elles pas à accabler les Libanais pour que vous y ajoutiez une crise des déchets ? »

Les deux sociétés de ramassage et de transport des déchets sont dans la tourmente, bien qu’elles assurent que l’interruption du ramassage n’est pas une décision prise à leur niveau, mais imposée par les circonstances. Directeur de Ramco, la société qui dessert Beyrouth, le Metn et le Kesrouan, Walid Bou Saad explique à L’Orient-Le Jour qu’il se débat avec trois problèmes plutôt qu’un. « D’une part, 30 % de nos employés sont en quarantaine en raison de l’apparition parmi eux de cas de coronavirus, principalement les ressortissants syriens, dit-il. D’autre part, 50 % de nos ouvriers, principalement des Bangladais, sont en grève depuis plusieurs semaines, refusant de ne pas être payés en dollars. Nous avons tenté à trois reprises de les rapatrier, mais les vols ont été annulés en raison de la fermeture de l’aéroport de leur pays. Et le troisième problème est économique, la compagnie n’arrivant plus à s’acquitter des factures de diesel, de fuel et autres. »

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Interrogé par L’OLJ, Milad Moawad, PDG de City Blu, la société qui collecte les déchets dans la banlieue sud de Beyrouth et les cazas du Chouf et de Aley, affirme de son côté que « le problème de fond n’est pas réglé, mais nous essayons de faire patienter les ouvriers et de les convaincre de reprendre le chemin du travail ». Cette société affronte également un problème avec ses ouvriers bangladais qu’elle ne peut rapatrier pour l’instant. M. Moawad explique que « le ramassage recommence progressivement », précisant que « ces monticules d’ordures sont le résultat de 12 heures de grève seulement ».

Quel est exactement le « problème de fond » dont parlent autant M. Bou Saad que M. Moawad ? Les sociétés de ramassage et de transport des déchets ont un contrat en dollars avec l’État. Le gouvernement règle (avec retard) leurs factures en livres libanaises, selon le taux « officiel » de 1 507 livres. Les sociétés se retrouvent donc en difficulté, devant d’une part payer leurs équipements en devises, et d’autre part ne pouvant plus s’acquitter des salaires de leurs employés.

Ramco a pour sa part deux contrats, l’un pour Beyrouth signé avec la municipalité, et le second pour le Metn et le Kesrouan signé avec le Conseil du développement et de la reconstruction et dont les factures passent donc par le ministère des Finances. « Pour Beyrouth, j’ai tenu aujourd’hui (hier) une réunion avec le mohafez Marwan Abboud et le président du conseil municipal Jamal Itani, souligne M. Bou Saad. Ils ont promis de régler l’intégralité de la facture et en ont payé une partie le jour même. Cela signifie que nous pouvons commencer à ramasser les ordures dans la capitale dès ce soir (hier soir), en espérant rattraper le retard en 48 heures. Pour le Metn et le Kesrouan, nous fonctionnons au ralenti, étant donné les problèmes économiques et de main-d’œuvre. » Du côté du ministère des Finances, qui doit près de 10 millions de dollars à la compagnie, il n’y a pas encore eu de déblocage, précise-t-il.

Un ramassage perturbé ou tournant au ralenti, à Beyrouth et dans ses banlieues. Photo Sawratcom

Respecter le contrat

Quelle est la solution que préconisent les sociétés ? « Nous demandons à l’État de respecter le contrat, souligne M. Moawad. Nous voulons être payés en dollars, mêmes si ce sont des dollars locaux. Comme cela, nos employés toucheront leurs salaires en dollars et pourront le retirer suivant le taux de 3 900 livres, ce qui les soulagera un peu. Et cela nous permettra de régler nos dettes. »

De fait, les paiements en livres mettent ces sociétés dans un piteux état. « L’État nous devait récemment 16 millions de dollars, le ministère des Finances vient de nous régler cinq milliards de livres, précise M. Moawad. Avec le taux actuel du marché noir, cette somme vaut beaucoup moins qu’avant, sachant que les banques refusent de nous faire des transferts en dollars vers l’étranger afin de régler nos factures et rejettent nos demandes de prêts. » Il souligne qu’un entretien récent avec les conseillers du Premier ministre Hassane Diab « n’a pas été positif », indiquant qu’une réunion est prévue jeudi avec ces mêmes conseillers, en présence du gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, et de représentants de l’Association des banques.

Des Libanais pour remplacer les étrangers

Et pour ce qui est de la main-d’œuvre, les compagnies lancent un même appel aux Libanais de se joindre à leurs équipes. Walid Bou Saad les encourage à présenter leurs demandes aux locaux de la compagnie, à Biakout.

Le PDG de City Blu affirme lui aussi que la décision est prise d’engager un maximum de Libanais, malgré le défi que cela représente. « Nous avons déjà une certaine proportion de salariés libanais, poursuit-il. Leur salaire en livres ne représente plus grand-chose et les avantages que nous leur offrions ont dû être supprimés. Or c’est la grève de nos salariés libanais qui a causé le problème de ces derniers jours. »

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Dans la capitale et ses banlieues, on aura droit ces prochains jours à un ramassage des ordures qui sera au mieux perturbé, au pire ralenti voire inexistant. Après la dépréciation de la livre, la cherté de la vie, les coupures de courant… C’est à nouveau la question des déchets qui refait surface. Sans compter que les solutions durables à cet épineux dossier sont loin d’être prêtes, alors même que la solution « temporaire » de la réouverture de la décharge de Bourj Hammoud-Jdeidé ne donne pas à ce gouvernement un répit très long. Quant au ministère de l’Environnement, c’est silence radio…

Partout à Beyrouth, dans la banlieue sud et dans les cazas du Metn et du Kesrouan, les monticules de sacs-poubelle près des bennes rappellent les pires jours de la crise des déchets. Le problème se situe au niveau du ramassage et du transport des ordures, entravé une nouvelle fois par le retard dans les paiements aux deux sociétés privées, ainsi que par des carences en main-d’œuvre. Ce...

commentaires (5)

Nos genies de politiciens au Pouvoir ont prouver que le seul pouvoir qu'ils ont est d'amalgamer les ordures avec le peuple et ils nous ont transformer en déchets et notre patrie en depotoire ! ...

Wlek Sanferlou

16 h 18, le 15 juillet 2020

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Commentaires (5)

  • Nos genies de politiciens au Pouvoir ont prouver que le seul pouvoir qu'ils ont est d'amalgamer les ordures avec le peuple et ils nous ont transformer en déchets et notre patrie en depotoire ! ...

    Wlek Sanferlou

    16 h 18, le 15 juillet 2020

  • Ils ont enfin réussi à transformer ce petit bijou qui est le Liban en gigantesque poubelle qui sent leur odeur et ressemble à leurs faces de rats d'égout Ils peuvent dégager maintenant on s'occupera de lui redonner son visage et ses odeurs de résine de pain de parfum de thym et de fleurs d’oranger d’avant leur installation au pouvoir.

    Sissi zayyat

    11 h 43, le 15 juillet 2020

  • Le OLJ avait une bonne campagne "Ma badi plastique" (je ne veux pas de plastique) pour limiter l'emploie de sacs en plastique. Personellement je suis cette campagne et je n'utilise plus de sacs en plastique mais c'est un combat, beaucoup de magasins insistent avec toute sorte de pretexte de continuer a utiliser les sacs en plastique (par exemple parce que les sacs en plastique seraient plus hygieniques). En tous cas il faut commencer a generer MOINS de dechets et ne pas utiliser des sac a jetter apres un seul usage.

    Stes David

    11 h 12, le 15 juillet 2020

  • DEPOTOIR, POUBELLE ET MEGA BORDEL ! DI3ANAK YIA LEBNEN... DI3ANAK... MAIS OU EST LA VRAIE REVOLUTION ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 11, le 15 juillet 2020

  • Walid Bou Saad directeur de "City Blue "parle de 3 problemes .... puis a la fin de ce papier il s'avere que ce meme directeur parle d'un 4e probleme. alors voila, y aurait il quelque chose de cache - pt't un énième probleme auquel -NOUS- faisons face puisque le directeur ne semble pas etre sur de son fait ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 14, le 15 juillet 2020

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