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Économie - Devises

Achat de dollars : ce qui change avec la nouvelle circulaire du syndicat

Les Libanais de plus de 18 ans ne peuvent plus acheter de billets d’avion au taux de 3 900 LL.


Achat de dollars : ce qui change avec la nouvelle circulaire du syndicat

La nouvelle circulaire des agents de change n’a pas eu de changements concernant l’accès au dollar pour les entreprises. Joseph Eid/AFP

Le syndicat des agents de change a publié samedi une nouvelle version de l’ensemble des mesures d’encadrement des achats de devises (circulaire n° 6), à travers laquelle quelques changements voient le jour par rapport à la circulaire n° 5 publiée le 23 juin dernier. Ces modifications s‘appliquent aux entreprises et aux Libanais de plus de 18 ans, sous présentation de leur carte d’identité, qui souhaitent obtenir des dollars aux taux de 3 850 livres libanaises le dollar à l’achat et de 3 900 livres à la vente, fixés depuis le 18 juin par la Banque du Liban (BDL). Le taux sur le marché noir semble avoir baissé ce week-end, pour atteindre les 8 000 livres pour un dollar (lire par ailleurs).

Les modifications
Changement majeur : le syndicat a retiré la possibilité d’acheter des billets d’avion au taux des agents de change agréés. Les Libanais de plus de 18 ans devront donc à présent se fournir sur le marché noir, alors qu’auparavant, ils pouvaient obtenir une seule fois 1 000 dollars sur présentation d’un passeport et d’un visa de voyage valides. Le montant était directement versé par le changeur à l’agence de voyages. Contactée par L’Orient-le Jour, une source proche du syndicat a justifié cette modification en argumentant qu’il « état difficile de trouver des dollars pour pouvoir répondre à cette demande particulière ».

Pour le remboursement d’un prêt immobilier contracté hors secteur bancaire, les clients pourront obtenir 1 000 dollars par mois, indépendamment du pays d’origine de l’octroi du prêt, en contradiction avec les anciennes mesures. En effet, ils ne pouvaient bénéficier que de 500 dollars si le prêt était contracté au Liban, contre 1 000 dollars à l’étranger. Les bénéficiaires doivent toujours présenter une copie conforme de l’acte d’achat du bien immobilier, du calendrier de remboursement, du reçu du dernier versement effectué ainsi que de la carte d’identité du propriétaire du bien et du débiteur.

Point de vue

Chute de la livre : le pouvoir est démissionnaire


Ce texte ne permet pas aux ressortissants étrangers travaillant au Liban d’acquérir des devises par leurs propres moyens ou par des voies légales, mais autorise toutefois l’achat de devises, une fois par mois (précision par rapport à l’ancienne version), avec un plafond de 300 dollars pour le paiement des salaires des employé(e)s de maison, à condition qu’ils soient majeurs. La nouveauté de cette circulaire réside dans le fait que, dorénavant, le transfert se fera « par voie électronique » et donc à travers des sociétés de transfert d’argent. La démarche devra être effectuée par le garant de l’employé(e) en personne qui devra présenter, en plus de sa carte d’identité, une copie du passeport de l’employé(e), une copie du relevé montrant le dernier versement effectué par ce/cette dernier(ère) à l’étranger et une copie de son permis de séjour.

Pas de changements pour les entreprises
L’accès à des dollars au taux des changeurs agréés n’a pas été modifié concernant le paiement des frais d’inscription à l’université à l’étranger et du loyer d’un logement étudiant à l’étranger. Les plafonds sont toujours respectivement de 2 500 et de 1 000 dollars sur présentation des mêmes documents qu’auparavant, comme la carte d’étudiant de la personne inscrite à l’université, du plan d’échelonnement des paiements des frais universitaires, du reçu du dernier versement et de la carte d’identité du chef de famille, pour les frais d’inscription. Concernant le logement, la personne doit présenter une copie conforme du contrat de location et de copies du reçu du dernier versement effectué, du permis de séjour ou visa de l’étudiant, de la carte d’identité du chef de famille et de la carte d’étudiant du locataire du logement.

Les conditions d’accès de devises aux sociétés restent les mêmes. Le syndicat ne fixe aucune limite spécifique pour les sociétés importatrices de denrées alimentaires – en dehors de celles qui bénéficient des mesures de soutien initiées par la circulaire n° 557 de la BDL – et de matériel médical. Le demandeur doit en revanche présenter plusieurs documents afin de pouvoir obtenir des devises : le document d’inscription de l’entreprise au registre du commerce ; la circulaire commerciale de l’entreprise (un document d’enregistrement spécifique imposé par le ministère de la Justice) ; le certificat d’enregistrement de la société auprès du ministère des Finances ; la carte d’identité du chef de l’entreprise ; et enfin la carte d’identité de la personne autorisée à signer des documents au nom de la société. Le client doit également fournir un numéro de téléphone fixe de l’entreprise, la raison pour laquelle les fonds sont réclamés, des copies de la dernière commande de produits effectuée à l’étranger, du dernier versement effectué à l’étranger, de la dernière commande de produits effectuée dans une société locale et du reçu du dernier versement effectué à l’attention d’une société locale.

Point de vue

La crise au Liban : opportunités et responsabilités


Une source, précitée par L’Orient-Le Jour lors de la parution de l’ancienne circulaire, avait fait part de ses doutes concernant la capacité des agents de change à contrôler ces documents officiels, la plupart ne possédant ni le personnel suffisant ni le savoir-faire. Sans oublier la discrimination que ces mesures instituent et qui risquent de pousser de plus en plus d’agents économiques à se tourner vers le marché noir pour obtenir des devises.

Depuis plusieurs mois, la BDL essaye d’enregistrer et de contrôler le taux de change chez les agents agréés à travers notamment le lancement de l’application « Sayrafa » le 26 juin. Ces mesures n’ont pas cependant eu l’effet escompté, alors que la livre a commencé à se déprécier vers la fin de l’été 2019, lorsque la Banque centrale a resserré la circulation du dollar dans l’économie libanaise en raison de la dégradation de la balance des paiements, poussant ainsi les banques à limiter les retraits et les transferts en devises à l’étranger. Cette situation a poussé le Liban à demander une assistance financière au Fonds monétaire international depuis début mai, mais les négociations sont suspendues depuis la semaine dernière, le pays étant sommé d’accélérer la mise en œuvre des réformes demandées et d’unifier les chiffres des pertes (lire par ailleurs).

Le dollar a baissé durant le week-end, tombant à presque 8 000 livres

Alors qu’il avait atteint les 10 000 LL pour un dollar à la vente et quelque 9 600 LL à l’achat vendredi matin, selon le site lebanaeselira.org, le taux de change dollar/livre sur le marché noir semble finalement être retombé aux alentours des 8 000 LL durant le week-end. Cette chute a commencé vendredi après-midi selon plusieurs sources, mais celles-ci n’ont pu expliquer la raison de cette baisse. Également, rien ne permet d’affirmer ou d’infirmer si ce taux restera valable aujourd’hui.

Une source proche du syndicat des agents de change contactée par L’Orient-Le Jour n’a pas pu fournir de visibilité sur le marché des changes. Cette baisse intervient à la suite des déclarations du secteur bancaire concernant l’injection de dollars sur le marché. En effet, vendredi soir, à la suite de la réunion hebdomadaire financière avec le chef du gouvernement Hassane Diab, le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé a annoncé que « la BDL injectera des dollars sur le marché (cette semaine) à travers le secteur bancaire, mais uniquement pour financer les importations de marchandises ». Un peu plus tard, il a été précisé, dans un communiqué, qu’il s’agissait de l’importation de denrées alimentaires. Il n’a toutefois pas précisé les montants.

La Banque centrale fournit déjà des dollars à un taux préférentiel aux importateurs de certaines denrées alimentaires (circulaire n° 557), d’équipements médicaux (circulaire n° 535), ainsi que de carburant, de farine et de médicaments (circulaire n° 530). Jeudi, le président de l’Association des banques, Salim Sfeir, avait annoncé que « des dollars seront bientôt disponibles dans les banques, en coopération avec la Banque du Liban », sans toutefois, lui aussi, préciser la date, le taux de change qui sera appliqué ou les conditions d’octroi de billets verts.

Lors du Conseil des ministres de jeudi, le gouverneur avait affirmé que « la BDL n’intervient pas » sur le marché noir, soulignant que les échanges dollar/livre sur ce marché « ne dépassent pas 10 à 15 % » de l’ensemble des transactions en dollars dans le pays.

Cette baisse du taux sur le marché noir a également eu lieu après l’annonce vendredi matin du ministre des Finances Ghazi Wazni de la suspension des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), que le Liban a sollicité afin de recevoir une aide financière qui lui permettrait de sortir de la crise. Le ministre n’a pas précisé quand démarreront à nouveau ces négociations, mais il a dévoilé les conditions de reprise fixées par le FMI, « l’unification des chiffres des pertes subies par l’État et l’accélération de la mise en œuvre des réformes demandées ». Piétinant depuis leur démarrage le 13 mai dernier, les réunions n’en sont encore qu’à leur première étape, consistant en l’évaluation des pertes accumulées et à l’approche à privilégier pour les calculer. Dans l’équipe des négociateurs libanais, deux camps s’affrontent : d’un côté, le gouvernement négociant sur base d’un plan de sauvetage approuvé à l’unanimité par les représentants des partis majoritaires au Parlement ; de l’autre, une commission parlementaire, soutenue par la BDL et l’ABL, affirmant défendre les intérêts des déposants. Cette situation a poussé à la démission de deux membres de l’équipe libanaise le mois dernier : le financier Henri J. Chaoul, membre du collectif issu de la société civile, Kulluna Irada, et le directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani.

Le syndicat des agents de change a publié samedi une nouvelle version de l’ensemble des mesures d’encadrement des achats de devises (circulaire n° 6), à travers laquelle quelques changements voient le jour par rapport à la circulaire n° 5 publiée le 23 juin dernier. Ces modifications s‘appliquent aux entreprises et aux Libanais de plus de 18 ans, sous présentation de leur carte...

commentaires (13)

L’on se calme ! 15'000 LL pour un dollar à Noël ou avant ??

TrucMuche

19 h 02, le 06 juillet 2020

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Commentaires (13)

  • L’on se calme ! 15'000 LL pour un dollar à Noël ou avant ??

    TrucMuche

    19 h 02, le 06 juillet 2020

  • Le Christ les avait chassés du Temple à coups de cravache, ils sont venus s'installer au Liban.

    Christine KHALIL

    17 h 15, le 06 juillet 2020

  • En tant que président du syndicat des arnaqués des banques et des volés de l’Etat avec tout son prestige, je vais bientôt émettre des circulaires à tout va. La première étant une fusion de toutes les banques entre elles et avec la BdL pour ne former qu’une seule entité destinée à nous arnaquer tous les jours de plus en plus ingénieusement en séquestrant notre argent ou en le transformant en monnaie de singes dont ils semblent bien connaître les rouages. Deuxième, une interdiction de tous les bureaux de change légaux ou illégaux, au marché noir ou au marché blanc... sous prétexte qu’ils représentent des risques de clusters. Si j’ai d’autres idées à la c.. je ne manquerai pas de les écrire

    Lecteur excédé par la censure

    17 h 14, le 06 juillet 2020

  • Vous m'avez censure a cause de ma conclusion neanmoins mon texte tait correct LES CHANGEURS ONT REMPLACE LA CHAMBRE DES DEPUTES ET ORDONNENT AU PEUPLE DES DOCUMENTS POUR TRANSFERER LEUR PROPRE ARGENT LIVRE PAR LA BDL A CES MEMES CHANGEURS UNE FOIS De PLUS LA CORRUPTION BAT TOUS LES RECORDS ET AUJOURDH'UI ON PEUT AJOUTER A TOUS CAD TOUS LES CHANGEURS LEGAUX ( ET ILLEGAUX 0

    LA VERITE

    16 h 18, le 06 juillet 2020

  • Vraiment nos responsables avec cette foire de circulaires nous font vivre l 'ère communiste avec une économie malsaine et dirigée. Triste Liban

    Antoine Sabbagha

    13 h 09, le 06 juillet 2020

  • Il y a eu plusieurs rumeurs qui ont circulé à plus d’une fois dans le passé disant que les changeurs étaient les principaux centres de blanchissement de l’argent sale. Est ce vrai ??

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 53, le 06 juillet 2020

  • encore une arnaque de +

    youssef barada

    11 h 29, le 06 juillet 2020

  • DE CIRCULAIRE EN CIRCULAIRE ET LE DOLLAR CONTINUE SA DESCENTE AUX ENFERS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 50, le 06 juillet 2020

  • Un syndicat de changeurs (qui n’a aucune autorité légale) qui se permet d’émettre des circulaires et de fixer de façon arbitraire les conditions d’achat de devises dans un pays libre et indépendant muni d’un Prestige de l’Etat intouchable, ce n’est plus une comédie c’est une insulte à cette république bananière (de bananes pourries) dotée d’une monnaie de singe. Il faudrait tout simplement interdire cette profession et confier cette mission aux banques qui demeurent quand même un peu plus intelligentes que ces parvenus qui se sont appropriés le titre de changeurs

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 25, le 06 juillet 2020

  • Il est simplement regrettable de constater que nos medias soient devenus les complices indirects de cette scandaleuse arnaque en lui donnant autant d’importance force d’explications et de details quotidiennement a travers leurs bulletins de nouvelles. Personne pour dénoncer, Personne pour protester.

    Cadige William

    09 h 07, le 06 juillet 2020

  • Encore une fois toute cette comédie abjecte n'aurait pas lieu si nos propres $$ existaient encore. Mais les banques n'ont pas l'air de réaliser le moins du monde que c'était de notre argent dont il s'agit. Et ils tout fiers de rappeler que les $ sont à 3800 LL... et que le coût de la vie s'est envolé en volatilisant notre argent.

    Sybille S. Hneine

    08 h 27, le 06 juillet 2020

  • Encore une circulaire... toujours plus défavorable... pourquoi plus les billets d'avion? Pourquoi le marché "noir"... le fait qu'un marché noir ait émergé et soit toléré n'est pas logique. On nous aura volé, pillé, spolié sans vergogne jusqu'au bout...

    Sybille S. Hneine

    08 h 20, le 06 juillet 2020

  • Bientôt ils vont aussi nous demander à sauter à cloche pied avec les yeux bandés et une banane dans l'oreille pour obtenir des dollars. NOS dollars qui sont dans NOS comptes. Scandaleux. Euh... vive le Libant Fort!!!

    Gros Gnon

    01 h 48, le 06 juillet 2020

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