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Société - Journée internationale

Torture au Liban : le plus difficile reste à faire

L’ordre des avocats de Tripoli a organisé hier une conférence dans l’objectif d’établir un état des lieux des derniers développements dans ce domaine.

Torture au Liban : le plus difficile reste à faire

Mohammad Sablouh au cours de son intervention.

La ville de Tripoli a célébré hier la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture pour rappeler que ce crime est toujours impuni au Liban. Le pays a certes ratifié en 2000 la Convention contre la torture (CAT) et son protocole optionnel en 2008 (Opcat). Il a criminalisé la torture en 2017 et fait aujourd’hui partie du Comité international contre la torture. Mais la situation est loin d’être parfaite. C’est dans cette perspective que l’ordre des avocats de Tripoli a organisé hier à son siège une conférence visant à dresser un état des lieux des derniers développements dans ce domaine.

« Aujourd’hui, nous déclarons pour la énième fois que nous sommes prêts à coopérer avec le corps judiciaire et les services de sécurité pour éradiquer la pratique de la torture au Liban », lance Mohammad Sablouh, responsable du comité. Interrogé à ce sujet par L’Orient-Le Jour, M. Sablouh affirme que les services de sécurité continuent à recourir à la violence pour un tout et un rien. « Face à l’acharnement des services de sécurité à infliger aux détenus toutes sortes de violences et de tortures, le corps judiciaire n’en est pas moins coupable », avoue le responsable du comité.

« Très souvent, le juge est complice du crime », affirme-t-il. M. Sablouh revient à cet effet sur une expérience qu’il avait vécue en tant qu’avocat: « J’ai présenté une demande auprès du juge pour qu’un médecin légiste examine mon client qui était victime de torture, raconte-t-il. Il a attendu quarante jours avant que la requête ne soit signée. » Selon M. Sablouh, le juge avait, en toute connaissance de cause, choisi de couvrir le crime.

Mohammad Mourad, président de l’ordre des avocats de Tripoli.

Se tourner vers la communauté internationale

« Est-ce que nous sommes véritablement convaincus que les institutions officielles œuvrent pour l’éradication de la torture au Liban ? Est-ce que la ratification des traités signifie-t-elle la volonté de remédier à ce problème ? » s’est interrogé le président de l’ordre des avocats de Tripoli, Mohammad Mourad. Compte tenu de la complexité de la situation au Liban, le comité des prisons de l’ordre des avocats a dû recourir aux organisations internationales. « À défaut de pouvoir changer la mentalité et les pratiques des services de sécurité et du corps judiciaire, nous avons décidé de recourir aux Nations unies pour améliorer la situation », enchaîne M. Sablouh.

Est-il possible d’opérer un changement en coopération avec des parties extérieures à l’heure où le Liban semble glisser vers un État policier ? « Nous n’avons plus d’autre alternative », répond M. Sablouh. « Nous espérons que le recours aux organisations internationales exercera une pression sur le Liban face à la communauté internationale », dit-il avant de poursuivre : « Les rapports que nous présentons et qui documentent très clairement la pratique de la torture au Liban ne manqueront pas d’embarrasser les responsables. »

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Pour le responsable du comité, le déclenchement de la contestation populaire du 17 octobre 2019 a contribué à braquer les projecteurs sur ce crime. « La révolution est venue montrer au grand public que la pratique de la torture est bel et bien présente au Liban et que n’importe quelle personne, à n’importe quel moment, peut en être victime », explique M. Sablouh. Selon lui, la pratique de la torture était, aux yeux des Libanais, associée aux détenus accusés de crimes de terrorisme par exemple. Or, ajoute-t-il, cette pratique est beaucoup plus commune qu’on ne le pense. Dans ce sens, M. Sablouh évoque le dossier des détenus islamistes. « Ce sont ceux qui souffrent le plus de la torture parce qu’ils sont souvent oubliés et complètement abandonnés à leur sort », dit-il avant de poursuivre : « La complexité de leur dossier fait en sorte que personne n’en parle ouvertement. »

Dans les textes, la législation libanaise a fait des pas de géant en matière d’éradication de la torture. Mais la réalité semble tout autre. Pour conclure sur une note positive, Mohammad Sablouh revient sur les séminaires et ateliers de travail organisés par l’ordre des avocats de Tripoli pour former des avocats, surtout les jeunes, à lutter efficacement contre ce crime. « Nous faisons de notre mieux pour qu’une nouvelle génération d’avocats puisse, pour le moins, défendre et soutenir les victimes de la torture », conclut-il.

À la fin de la conférence, le comité a distribué aux personnes présentes un rapport dans lequel sont documentés une quarantaine de cas de torture. Le rapport, intitulé « La torture au Liban, un crime impuni », appelle à l’application de la législation sur la pénalisation de cette pratique.

La ville de Tripoli a célébré hier la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture pour rappeler que ce crime est toujours impuni au Liban. Le pays a certes ratifié en 2000 la Convention contre la torture (CAT) et son protocole optionnel en 2008 (Opcat). Il a criminalisé la torture en 2017 et fait aujourd’hui partie du Comité international contre la torture. Mais la...

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ARTICLE INTERESSANT. MERCI MADAME ORNELLA ANTAR. QUAND AUX RESPONSABLES DE CES PRATIQUES IL FAUT LES JUGER ET LES CONDAMNER.

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 39, le 28 juin 2020

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Commentaires (1)

  • ARTICLE INTERESSANT. MERCI MADAME ORNELLA ANTAR. QUAND AUX RESPONSABLES DE CES PRATIQUES IL FAUT LES JUGER ET LES CONDAMNER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 39, le 28 juin 2020

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