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Économie - Politique économique

Blé et carburant : ce que propose Nehmé concernant les subventions

Le texte prévoit de limiter le champ d’application du mécanisme de soutien à certaines catégories d’agents économiques dès le 1er août prochain.

Blé et carburant : ce que propose Nehmé concernant les subventions

Le ministre de l’Économie et du Commerce, Raoul Nehmé. Photo M.A.

Le ministre de l’Économie et du Commerce, Raoul Nehmé, a affolé l’opinion publique en ce début de semaine en proposant de modifier les modalités d’attribution de la subvention sur le taux livre/dollar dont bénéficient depuis octobre dernier les importateurs de pain et de carburant (essence et mazout, plus particulièrement).

Les détails de cette proposition, que Raoul Nehmé a défendue dans une interview lundi à la chaîne OTV, ont été consignés dans un document signé par le ministre et qui a fuité dans la presse. Lors d’une conférence consacrée au secteur de l’industrie lundi, le ministre de l’Industrie, Imad Hobballah, avait également reconnu que cette proposition avait été mise sur la table.

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Pour Raoul Nehmé, l’objectif de la mesure est de « limiter la contrebande » de ces produits, qui est encouragée par le fait que leurs prix au Liban sont moins élevés que dans d’autres pays de la région. « Il s’agit en somme d’arrêter de ponctionner nos réserves en devises pour du blé ou du mazout, qui finit vendu en Syrie », lâche une source proche des revendeurs de carburant au Liban. La proposition du ministre, qui devrait être bientôt débattue en Conseil des ministres, prévoit enfin de limiter le champ d’application du mécanisme actuel de subvention à certaines catégories d’agents économiques dès le 1er août prochain. Lors d’une conférence de presse conjointe avec Raoul Nehmé visant à communiquer sur les livraisons prochaines de carburant au Liban (un chargement est attendu vendredi), le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Raymond Ghajar, a pour sa part assuré que l’exécutif ne comptait pas totalement supprimer les subventions sur le mazout.

Les médicaments exclus

Le mécanisme de subvention auquel le ministre fait référence n’est autre que celui institué par les circulaires n° 530 et n° 535 de la Banque du Liban, bénéficiant à plusieurs secteurs considérés comme stratégiques (blé, carburants et médicaments, équipements médicaux et matières premières destinées à l’industrie pharmaceutique). Il permet aux importateurs visés par le texte d’obtenir auprès de la banque centrale la quasi-totalité des devises nécessaires pour payer leurs fournisseurs à l’étranger en les échangeant contre des livres à la parité officielle (1 507,5 livres pour un dollar). Le dispositif a ainsi offert un moyen d’éviter une inflation des produits concernés en obligeant toutefois la BDL à puiser dans ses réserves.

Le pays avait alors commencé à s’enfoncer dans la pire crise de ces trente dernières années et la livre, arrimée au dollar depuis 1997, avait alors commencé à piquer du nez dans les bureaux de change, au fur et à mesure que la Banque du Liban limitait les injections de devises sur le marché et que les banques restreignaient les opérations en devises pouvant être effectuées par leurs clients. Alors que le taux livre/dollar a dépassé la barre des 6 000 livres pour un dollar (contre moins de 2 000 au moment de la publication de la circulaire), le maintien de ce mécanisme devient de plus en plus coûteux pour la BDL. À ce problème s’ajoute le fait que l’État ne réussit pas pour l’instant à limiter efficacement la contrebande, notamment à la frontière syro-libanaise, le voisin du Liban étant en plus mauvaise position sur le plan économique et financier, sans compter les sanctions internationales visant son régime.

Bons d’achat

Dans le détail, la proposition du ministre prévoit « d’arrêter de subventionner » les importations de mazout, d’essence et de blé, tout en offrant en contrepartie des « bons d’achat en livres libanaises ». Le texte n’inclut pas les médicaments qui bénéficient de bons d’achat dont les montants seraient calculés en tenant compte de la différence entre le prix subventionné actuel et le prix réel du marché, qui tient donc compte de la dépréciation de la livre.

Le mode de calcul suivra la même logique avec quelques différences d’un produit à l’autre. Les bénéficiaires de ces bons d’achat varieraient enfin en fonction du produit : les agriculteurs, les industriels et les ménages à faible revenu pour le mazout ; les conducteurs de véhicules travaillant dans le transport public et les ménages à faible revenu pour l’essence ; les ménages à faible revenu pour le pain. La source au ministère précise que les subventions en livres versées aux producteurs locaux de blé n’entrent pas dans le champ d’application de cette proposition (le pays ne produit qu’une portion marginale de ses besoins). La question des subventions sur le fioul livré à Électricité du Liban, pour lequel le gouvernement débloque d’importantes avances du Trésor chaque année, n’a pas été expressément abordée.

La proposition du ministre est loin d’être une mauvaise idée en soi. « Il est difficilement imaginable qu’un pays en crise économique et financière puisse continuer à subventionner massivement un voire plusieurs biens, fussent-ils stratégiques pour son économie », estime une source proche du ministère de l’Économie. Le ministre a d’ailleurs souligné dans sa proposition que d’autres pays de la région en difficulté avaient opté pour ce type de mesures, comme la Jordanie et l’Égypte ces dernières années.

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« De manière générale, les subventions universelles ne ciblent pas vraiment les gens dans le besoin parce que toute le monde en profite, riches comme pauvres. Ce que la Jordanie et l’Égypte ont fait, c’est qu’elles ont décidé d’augmenter les prix et d’atténuer la hausse sur les ménages les plus vulnérables en leur accordant des aides financières. C’était par exemple des transferts directs d’argent en Jordanie », explique un expert sous couvert d’anonymat. « Au final, les subventions accordées, qu’elles soient directes ou indirectes, coûtent moins cher à l’État et lui permettent en même temps de cibler ceux qui en ont vraiment besoin », poursuit-il. « Il reste que la question du coût des subventions au Liban est essentiellement liée à la dépréciation de la livre et qu’il est difficile d’imaginer des solutions viables sans l’avoir stabilisée », ajoute l’expert.

La source proche du secteur des hydrocarbures considère pour sa part que tout aménagement ou suppression des subventions devra s’accompagner d’une stratégie proposant des alternatives crédibles pour compenser la hausse de prix des produits concernés. « Supprimer les subventions sur l’essence sans réorganiser au préalable, même sommairement, le réseau de transport en commun du pays serait contre-productif, pour ne citer que cet exemple », conclut-il.

La hausse des prix des biens aura pour effet de diminuer la consommation des agents économiques, que le gouvernement devra prendre en compte concernant la baisse des recettes fiscales sur lesquelles il espère compter dans le cadre de ses revenus futurs. Sans oublier de prendre en considération les propriétaires de générateurs qui ont besoin de mazout pour fournir du courant aux habitants lors des heures de rationnement de l’électricité.

Le ministre de l’Économie et du Commerce, Raoul Nehmé, a affolé l’opinion publique en ce début de semaine en proposant de modifier les modalités d’attribution de la subvention sur le taux livre/dollar dont bénéficient depuis octobre dernier les importateurs de pain et de carburant (essence et mazout, plus particulièrement). Les détails de cette proposition, que Raoul Nehmé a...

commentaires (7)

ENFIN UN MINISTRE ( et de quel parti (!!!!!!!) ) DECLARE OUVERTEMENT QUE LE GOUVERNEMENT ET L'ARMEE LIBANAISE SONT INCAPABLES DE FERMER LES PASSAGES ILLEGAUX AVEC LA SYRIE HONTE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, AU PREMIER MINISTRE , AU PRESIDENT DE LA CHAMBRE AU CHEF DE L'ARMEE QUI AVOUENT TOUS QU'ILS NE DETIENNENT PAS LE PLUS PETIT POUVOIR ET DEVOIR D'AILLEURS , CELUI DE FERMER DES PASSAGES I L L L E G A U X ( pour ne meme pas dire legaux mais pourris) LA VERITE SI VOUS NE POUVEZ PAS FERMER LES PASSAGES ILLEGAUX POURQUOI VOUS NE VOUS ATTAQUE PAS AUX AGENTS QUI EUX ENVOIE CES PRODUITS EN SYRIE ILLEGALEMENT LA AUSSI VOUS ETES IMPUISSANT/ LA VERITE MAINTENANT QUE VOUS AVEZ RECONNU QUE VOUS ETES INCAPABLES DE SAUVER LE PAYS DE LA DEROUTE FINANCIERE , VOTRE DEVOIR EST DE DEMISSIONNER ET DE LAISSER LA PLACE A CEUX QUI POURRONT PEUT ETRE AVEC L'AIDE DE L'ONU LE FAIRE

LA VERITE

15 h 04, le 24 juin 2020

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Commentaires (7)

  • ENFIN UN MINISTRE ( et de quel parti (!!!!!!!) ) DECLARE OUVERTEMENT QUE LE GOUVERNEMENT ET L'ARMEE LIBANAISE SONT INCAPABLES DE FERMER LES PASSAGES ILLEGAUX AVEC LA SYRIE HONTE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, AU PREMIER MINISTRE , AU PRESIDENT DE LA CHAMBRE AU CHEF DE L'ARMEE QUI AVOUENT TOUS QU'ILS NE DETIENNENT PAS LE PLUS PETIT POUVOIR ET DEVOIR D'AILLEURS , CELUI DE FERMER DES PASSAGES I L L L E G A U X ( pour ne meme pas dire legaux mais pourris) LA VERITE SI VOUS NE POUVEZ PAS FERMER LES PASSAGES ILLEGAUX POURQUOI VOUS NE VOUS ATTAQUE PAS AUX AGENTS QUI EUX ENVOIE CES PRODUITS EN SYRIE ILLEGALEMENT LA AUSSI VOUS ETES IMPUISSANT/ LA VERITE MAINTENANT QUE VOUS AVEZ RECONNU QUE VOUS ETES INCAPABLES DE SAUVER LE PAYS DE LA DEROUTE FINANCIERE , VOTRE DEVOIR EST DE DEMISSIONNER ET DE LAISSER LA PLACE A CEUX QUI POURRONT PEUT ETRE AVEC L'AIDE DE L'ONU LE FAIRE

    LA VERITE

    15 h 04, le 24 juin 2020

  • Alors on punit les libanais parce que le pouvoir est incapable d’imposer un contrôle strict des frontières? On rêve debout et c’est quoi la prochaine décision que les libanais devraient subir pour protéger les voleurs et les traitres? Le trafic continuera et les libanais paieront le prix fort en privation et en coût pour satisfaire ses ennemis de toujours qui continuent de sucer leur sang sous le contrôle du locataire de Baabda. Vivement un contrôle des forces de L’ONU pour mettre fin à toutes ces exactions sur le dos des libanais c’est la seule solution.

    Sissi zayyat

    11 h 53, le 24 juin 2020

  • Dans ce pays de corruption, difficile de savoir qui a vraiment besoin d'aide. Ceux qui actuellement reçoivent les 400000livres mensuels en plus des aides matérielles, vont aussi bénéficier des tickets carburants et pain. Et ceux qui ne sont pas inclus dans ce truc, c.a.d. ceux qu'on appelait la classe moyenne, vont devenir aussi pauvres que les autres.

    Esber

    11 h 37, le 24 juin 2020

  • « bons d’achat en livres libanaises » | Yesss! on va créer un marché noir de bons d'achats. Youpi!

    Gros Gnon

    10 h 36, le 24 juin 2020

  • Vous avez dit quart-monde?

    Christine KHALIL

    10 h 08, le 24 juin 2020

  • ARRETER LE TRAFIC DES TRAFICANTS BIEN CONNUS DOIT ETRE LE BUT SINON TOUT N,EST QUE PAROLES EN L,AIR.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 58, le 24 juin 2020

  • Au lieu de tourner autour du pot tout bêtement avec des "solutions" bidons, bouclez cette p***** de frontière avec la Syrie!

    Fadi Chami

    08 h 05, le 24 juin 2020

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