Kinda el-Khatib, une militante du Akkar de 23 ans active sur les réseaux sociaux et connue pour ses prises de position hostiles au Hezbollah et au président de la République, Michel Aoun, a été interpellée jeudi à Beyrouth par la Sûreté générale et serait toujours aux mains de ce service, qui la soupçonnerait de collaboration avec Israël. Kinda el-Khatib avait été arrêtée en même temps que son frère Bandar dans des circonstances non élucidées et dans un lieu inconnu. Bandar a été relâché hier, mais la jeune femme risque d’être transférée lundi au tribunal militaire, selon un proche de la famille contacté par L’Orient-Le Jour. Jeudi, un autre activiste critique à l’égard du chef de l’État, Michel Chamoun, avait été brièvement détenu au Sérail de Jounieh, à la suite d’une interpellation musclée, avant d’être relâché le soir même. Il s’en était pris au président Aoun dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. Son arrestation avait provoqué des heurts entre manifestants et forces de l’ordre à Jounieh. Ces interpellations semblent relancer le scénario de musellement des activistes qui avait connu un court répit depuis le début du mouvement de contestation du 17 octobre. « Kinda et son frère ont été arrêtés par la Sûreté générale à Beyrouth. On accuse Kinda de collaboration avec Israël, lors d’un voyage en Jordanie en 2019, mais tout cela est faux. C’était un voyage d’agrément avec son frère », assure le proche de la famille.
Un militant de la société civile basé dans le Nord et qui a requis l’anonymat a affirmé à L’Orient-Le Jour que Kinda est effectivement soupçonnée de collaboration avec Israël. Mais, selon lui, cette accusation serait liée à la reprise par la jeune femme d’un tweet du porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, dans lequel ce dernier menaçait le Hezbollah. Kinda, qui est très active sur Twitter et compte plus de 27 000 suiveurs, « avait porté plainte la semaine dernière auprès des FSI en disant que son compte Twitter a été infiltré depuis les États-Unis. La reprise du tweet du porte-parole israélien pourrait donc ne pas être le sien », raconte ce militant. « Je pense que son arrestation, ainsi que celle de Michel Chamoun, ont pour but de polariser à nouveau la scène politique interne entre le 14 et le 8 Mars et de donner le coup de grâce à la contestation », souligne-t-il.
Scénario à la Ziad Itani ?
La jeune femme a été lynchée hier sur Twitter par des partisans du Hezbollah qui ont inondé le réseau de publications et de photos la qualifiant d’agent à la solde de l’État hébreu. De nombreux militants de la société civile ont publié pour leur part des appels à sa libération immédiate et se sont dit étonnés qu’elle puisse collaborer avec Israël. La famille de Kinda a quant à elle lancé hier un appel à manifester à Abdé (Akkar), afin que la jeune femme soit relâchée.
Contacté par L’OLJ, le député du Akkar Walid Baarini a dénoncé les accusations de collaboration lancées sur Twitter et appelé à attendre les résultats de l’enquête. « Il s’agit d’accusations hâtives. Attendons que la justice prenne son cours. Si la jeune femme a réellement collaboré avec l’État hébreu, il faut des preuves. Et si c’est par rapport à une critique adressée au chef de l’État, je pense qu’on en fait un peu trop », a-t-il souligné.
Lundi, le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, avait chargé les enquêteurs de la police judiciaire de lancer des investigations pour déterminer l’identité de personnes qui ont diffusé des publications et des images portant atteinte à la personne du président de la République sur les réseaux sociaux. Cette mesure a suscité un tollé parmi les militants de la société civile qui considèrent qu’elle favorise la répression de la liberté d’expression.
« J’espère qu’on ne va pas revivre un scénario à la Ziad Itani, si jamais les charges de collaboration sont retenues », confie pour sa part la journaliste Diana Moukalled, en allusion au cinéaste arrêté en 2017 et accusé à tort d’avoir collaboré avec Israël. « Nous n’avons aucune confiance dans les services de sécurité. Le timing de cette arrestation est douteux », ajoute-t-elle.
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OYEZ OYEZ BRAVE GENS SI VOUS RETRANSMETTEZ UN ARTICLE DU JÉRUSALEM POst OU HAARETZ OU UN PASSAGE DE i24 télévision qui émet d’Israel et donne beaucoup d’importance aux événements du Liban vous devenez un traitre à la patrie et un espion Israélien pour la justice Libanaise Si vous cassez et brûlez des magasins et vous avez une appartenance bien définie à une religion particulière ou si vous êtes un garde du parlement vous pouvez agir à votre guise et personne ne vous importunera ni la police ni la justice COMPRENEZ CELA ET TAISEZ VOUS DONC DANS LE PAYS DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION DISENT ILS AVEC TOUTES CES ARRESTATIONS DE PERSONNES QUI LUTTENT POUR UN LIBAN MEILLEUR
LA VERITE
02 h 26, le 21 juin 2020