
Le Grand Lycée franco-libanais de Beyrouth, comme beaucoup d’autres établissements en butte à la crise, envisage de supprimer plusieurs emplois. Photo tirée de la page Facebook de l’établissement.
« C’est une aide d’urgence, un geste humanitaire, qui n’empêchera pas certains établissements francophones de procéder à des licenciements, mais qui permettra d’empêcher leurs fermetures. » À Paris, Loïc Kervran, président du groupe d’amitié France-Liban à l’Assemblée nationale, n’est pas resté sourd aux messages d’alerte que lui ont envoyés des chefs d’établissements francophones libanais sur leur situation financière. Dans une lettre envoyée le 17 juin 2020 et signée par une trentaine de députés français, le parlementaire (La République en marche) appelle le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, à débloquer d’urgence 10 millions d’euros pour que « la voix de la France continue de résonner fortement au Liban, dans les salles de classe, et dans les cœurs des familles et de leurs enfants ». Joint par téléphone par L’Orient-Le Jour, Loïc Kervran insiste : « Il s’agit d’un montant limité dans un contexte urgent, une aide destinée à l’éducation, dans une démarche quasi humanitaire. Si nous n’intervenons pas, toute une génération de Libanais devront prendre une bifurcation dans leur parcours, ce qui les priverait d’opportunités pouvant guider leur carrière. »
En effet, une triple crise touche la cinquantaine d’établissements francophones libanais homologués auprès du ministère français de l’Éducation. La hausse des salaires décidée en août 2017 dans le cadre de la loi 46 a pu aboutir à une augmentation des écolages et envenimer un conflit entre les directions des établissements et les parents d’élèves. À cela est venue s’ajouter la crise sanitaire engendrée par le Covid-19, qui a forcé la fermeture des établissements au 3e trimestre, et la crise économique et sociale qui touche de plein fouet les Libanais au portefeuille, avec notamment la dépréciation rapide de la livre libanaise.
En conséquence, face aux frais de scolarité impayés (près de 80 % au Lycée franco-libanais de Verdun pour le 3e trimestre) et la défection pressentie de centaines d’élèves dont les familles sont dans l’incapacité de payer les écolages, les établissements anticipent des fermetures de classes et envisagent des licenciements, qui doivent avoir lieu avant le 5 juillet, selon la loi libanaise. « Cela va également peser sur le système scolaire public libanais, déjà mis à rude épreuve par l’accueil des réfugiés syriens et la situation financière de l’État libanais. Ces 10 millions d’euros, estimés sur la base de remontées de terrain que nous avons eues, ne suffiront pas à combler tous les besoins, mais c’est un montant minimum qui permettra d’amortir les effets de la crise », précise Loïc Kervran, en insistant sur le fait que l’État libanais doit mettre en œuvre les réformes discutées dans le cadre de la conférence CEDRE, « au point mort aujourd’hui ».
L’argent sera débloqué, le député le souhaite et y croit. « À Beyrouth, l’ambassade de France effectue en ce moment un recensement chiffré des besoins des établissements pour le faire remonter au ministère des Affaires étrangères français », précise Loïc Kervran. Il convient de rappeler dans ce contexte que le président français, Emmanuel Macron, avait annoncé, lors d’un déplacement le 22 février dernier à Jérusalem, la création d’un fonds pour les écoles des chrétiens d’Orient, financé par l’État, des associations ou des entreprises. Jean-Yves Le Drian avait, quant à lui, annoncé en avril un plan de soutien qui comporte une avance de l’Agence France Trésor, à hauteur de 100 millions d’euros, pour aider le réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) dans le monde, et une revalorisation de l’enveloppe des aides à la scolarité, à hauteur de 50 millions d’euros. Des sénateurs français avaient également souligné, dans un communiqué de presse le 7 mai, la situation « particulièrement préoccupante du Liban, lorsque la crise sanitaire est venue s’ajouter à une crise politique, économique et sociale ». « Premier réseau d’enseignement français à l’étranger, avec 60 000 élèves. Ce réseau doit faire l’objet d’une attention particulière », avaient-ils averti.
« C’est une aide d’urgence, un geste humanitaire, qui n’empêchera pas certains établissements francophones de procéder à des licenciements, mais qui permettra d’empêcher leurs fermetures. » À Paris, Loïc Kervran, président du groupe d’amitié France-Liban à l’Assemblée nationale, n’est pas resté sourd aux messages d’alerte que lui ont envoyés des chefs...
commentaires (6)
Pour sauver le Liban des griffes de l'hégémonie culturelle de la sous-culture américaine , la France ne devrait pas hésiter un seul instant ! La Revue du Liban a disparu , s'est tue , et n'en demandait pas autant ! Mais la France n'avait pas bougé pour l'acheter ! Quel dommage !
Chucri Abboud
03 h 08, le 21 juin 2020