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Société - École privée

Au Grand Lycée, on prépare déjà licenciements et fermetures de classes

Cinq cents élèves pourraient quitter l’établissement à la rentrée prochaine.

Au Grand Lycée, on prépare déjà licenciements et fermetures de classes

Le Grand Lycée franco-libanais de Beyrouth. Photo tirée de la page Facebook de l’établissement

Sur les réseaux sociaux circule, depuis lundi soir, une information anonyme concernant le Grand Lycée franco-libanais (GLFL) de Beyrouth. Elle révèle que « 500 élèves quitteront l’établissement, que 17 classes seront fermées et que 53 postes d’enseignant, de personnel de vie scolaire et de santé seront supprimés, sans aucun critère défini ». Des courriels ont déjà été envoyés à certaines personnes et « les entretiens avec le proviseur (Brice Lethier) commenceront dès mercredi », peut-on encore lire. Parmi les postes supprimés, la moitié concerne l’école primaire et l’autre moitié les classes complémentaires et secondaires. Cette annonce, visiblement diffusée par un enseignant à l’issue d’une réunion entre le comité des enseignants du GLFL et la direction de l’établissement, invite « les collègues licenciés à ne rien signer » (avec l’administration scolaire) avant que le comité ne se réunisse avec elle « afin d’harmoniser et de préparer leur départ ». Cette annonce qui suscite l’émoi sur les réseaux sociaux intervient dans un contexte de contestation populaire sans précédent, liée à la crise économico-financière que traverse le pays et la dépréciation record de la livre libanaise. Une crise aggravée par la pandémie de Covid-19 qui, pour cause de confinement, a privé les élèves d’école, mais a permis à la fois le développement de l’enseignement en ligne.

Le chômage en perspective

Contactée par L’Orient-Le Jour, la présidente du comité d’enseignants libanais du GLFL, Ghada Fahd Rached, regrette que le communiqué envoyé aux enseignants à l’issue de la réunion avec la direction de l’établissement ait été diffusé au grand public. « Il a quasiment fait le tour du monde, suscitant les réactions de Libanais au Canada ou en France », gronde-t-elle, affirmant ne pas savoir qui a pris la liberté de le relayer de la sorte. En même temps, elle ne peut s’empêcher de constater que l’heure est grave pour certains enseignants du GLFL qui craignent d’être remerciés. « Ce n’est pas facile, souligne-t-elle. Certains risqueraient de se retrouver au chômage et pourraient difficilement trouver un emploi, vu la crise économique et les difficultés de l’enseignement privé au Liban. » Mme Rached n’en dit pas plus.

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Pour les parents d’élèves, l’information relayée sur des groupes WhatsApp a fait l’effet d’une bombe. « Je suis étonnée. Je ne m’y attendais pas. Nous avons pourtant payé l’intégralité des frais de scolarité comme demandé par la direction. Et voilà qu’on apprend que des licenciements d’enseignants auront effectivement lieu », déplore une mère de famille. Sur les groupes de parents d’élèves, circulent même des listes d’enseignants passibles de licenciement. « C’est choquant !» observe cette mère. «Ces listes sont peut-être inventées. Mais en même temps, on ne peut s’empêcher de dénoncer, de se dire que telle enseignante dont le nom figure sur la liste est un excellent professeur », commente-t-elle. Des parents d’élèves proposent alors des solutions alternatives, comme celle de garder tout le corps enseignant en réduisant les salaires, ou de ne laisser partir que ceux qui ont atteint l’âge de la retraite. Au final, on se fait à l’idée que l’école comptera probablement moins d’élèves à la prochaine rentrée, vu « le nombre de familles qui quittent le pays, le nombre d’expatriés étrangers en diminution et le nombre de parents d’élèves qui ne parviennent plus à assumer les écolages au GLFL ».

Les personnes en âge de prendre leur retraite

Mais selon des sources bien informées, « aucune personne n’a été licenciée au GLFL pour l’instant ». Ces sources ne confirment pas d’ailleurs que 500 élèves quitteront nécessairement le Grand Lycée. « Juste que sur 3 480 élèves au sein de cet établissement de la Mission laïque française au Liban, 500 élèves n’ont toujours pas confirmé leur réinscription pour l’année à venir. » Pour être réinscrits, « ces élèves doivent au préalable s’acquitter de leur dette envers l’établissement, troisième trimestre y compris, et payer l’acompte pour l’année scolaire 2020-2021 ». Rappelons que les écolages du Grand Lycée s’élèvent en moyenne à 10 millions de LL par enfant et par an, et que le troisième trimestre constitue un sujet de litige entre les administrations scolaires et les parents d’élèves. Ces derniers soutiennent ferme que durant le confinement, les frais opérationnels des établissements scolaires ont été moindres. De son côté, la Mission laïque française et ses cinq écoles dont le GLFL posent comme condition de la réinscription des élèves pour l’année prochaine, le règlement de la totalité de la facture du troisième trimestre.

« Le problème est simple, expliquent ces sources. La loi libanaise impose aux établissements éducatifs privés de procéder aux licenciements avant le 5 juillet, autrement, ils doivent garder le personnel pendant une année scolaire complète. » D’où la nécessité pour le GLFL, « dans l’état actuel des choses, d’être prévoyant et d’envisager la fermeture de classes, ce qui entraînera nécessairement des licenciements et des départs à la retraite anticipés, effectifs à la fin de septembre ». Et ce tout en sachant que si des parents réinscrivent leurs enfants en été, il est encore possible de faire marche arrière. « Nous préférons notifier les enseignants vers la fin juin, et éventuellement annuler les licenciements en cas de nouvelles réinscriptions », notent ces mêmes sources. 

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Force est de constater que la situation est grave, sinon désespérée. Car les partenaires de l’école privée (administrations scolaires, enseignants, parents d’élèves) « sont tous victimes et tentent de sauver leur peau ». Victimes d’une loi 46 qui a accordé en 2017 des augmentations de salaire et six échelons exceptionnels aux enseignants du privé et aux fonctionnaires, entraînant des hausses sensibles des scolarités, alors que les autres secteurs privés voyaient leurs salaires stagner. Victimes aussi du manque de soutien de l’État au secteur éducatif pourtant considéré comme la richesse du pays. « Nous sommes quasiment sûrs qu’une quinzaine de classes fermeront l’année prochaine, à moins de nouvelles inscriptions, regrettent les sources responsables. Immanquablement, des enseignants et du personnel perdront leurs emplois, principalement des personnes en âge de prendre leur retraite ou proches de la retraite ». Mais il est « trop tôt pour connaître les chiffres exacts ». Le GLFL prépare donc sa copie et les négociations avec les enseignants et employés concernés par la mesure, tout en tenant compte des conditions socio-économiques de chacun, et sur base du principe que « les personnes les moins en difficulté seront les premières à partir ».

Dans cet état des lieux pour le moins sombre, la possibilité d’une aide de l’État français n’est pas écartée. « Les discussions vont bon train », apprend-on. L’espoir est permis.

Sur les réseaux sociaux circule, depuis lundi soir, une information anonyme concernant le Grand Lycée franco-libanais (GLFL) de Beyrouth. Elle révèle que « 500 élèves quitteront l’établissement, que 17 classes seront fermées et que 53 postes d’enseignant, de personnel de vie scolaire et de santé seront supprimés, sans aucun critère défini ». Des courriels ont déjà...

commentaires (4)

si tous les parents de ces élèves riches sont descendu dans la rue pour reclamer la meme chance pour tout le monde et une école gratuite on ne serait pas là personne ne veut que ca change chacun pour soi et dieu pour tous pauvre Liban

youssef barada

00 h 00, le 18 juin 2020

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Commentaires (4)

  • si tous les parents de ces élèves riches sont descendu dans la rue pour reclamer la meme chance pour tout le monde et une école gratuite on ne serait pas là personne ne veut que ca change chacun pour soi et dieu pour tous pauvre Liban

    youssef barada

    00 h 00, le 18 juin 2020

  • Quel dommage! Toucher à l’éducation c’est toucher à l’âme du pays!!

    Abdul-Massih Nicole

    23 h 53, le 17 juin 2020

  • DOMMAGE. TRES DOMMAGE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 00, le 17 juin 2020

  • Apres les banques voici qu'on touche a l'education l'un des autres piliers du Liban , rien n'arretera ces charognards dans leur entreprise de changer le visage du pays

    Liban Libre

    01 h 03, le 17 juin 2020

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