Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - Syrie

Loi César : une première salve frappe le noyau du régime

Asma el-Assad a été pointée du doigt par l’administration américaine, estimant qu’elle est « l’un des profiteurs de guerre les plus notoires de Syrie ».

Loi César : une première salve frappe le noyau du régime

Le couple Assad marchant dans les rues de Paris en 2010. Photo d’archives AFP

L’establishment syrien vient de prendre un nouveau coup de massue, alors que le pays est en proie à une crise économique sans précédent. Promulguée par le président américain en décembre, la loi César ou Caesar Syria Civilian Protection Act est entrée en vigueur mercredi. L’annonce d’une première liste de noms de particuliers et d’entreprises, sanctionnés par l’administration américaine, a pour but d’accroître la pression sur le régime syrien. Sur le papier, sont visés seuls ceux qui soutiennent l’État dans certains secteurs économiques, notamment la reconstruction, mais aussi le pétrole et le gaz. En pratique, la loi a toutefois de quoi rebuter ceux qui seraient tentés d’investir en Syrie ou de commercer avec le régime et ses sbires.

« Quiconque fera affaire avec le régime Assad, où qu’il se trouve dans le monde, s’expose à des restrictions de voyage et à des sanctions financières », a affirmé le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo dans un communiqué. La loi prévoit d’interdire d’entrée aux États-Unis et de barrer l’accès au système financier américain à toute personne, institution ou entreprise qui ferait obstacle à la paix en Syrie, ou qui faciliterait sur le plan logistique l’effort de guerre de Damas. Cela pourrait donc viser directement ou indirectement la Russie et l’Iran, qui ont pour l’instant été épargnés. Seule une milice pro-Téhéran, la division des Fatimides (Fatimiyoun), formée de combattants afghans, a été frappée de sanctions. La liste des entités sanctionnées publiée mercredi ne sera pas la seule puisque plusieurs autres devraient suivre dans les mois à venir.

Lire aussi

Pour Assad, les nouveaux enjeux de la survie

« C’est un message clair destiné à toutes les compagnies engagées ou prêtes à le faire dans la reconstruction, alors que ce secteur est la principale carte brandie par Assad pour renforcer son assise. Les États-Unis envoient notamment un message fort aux Émirats arabes unis afin qu’ils ne normalisent pas leurs relations avec Bachar el-Assad », commente pour L’Orient-Le Jour Karam Shaar, économiste syrien et chercheur pour le Middle East Institute. Entamé fin 2018, sous le regard bienveillant de la Russie, le rapprochement entre les deux pays s’est accéléré en mars dernier après un entretien téléphonique entre le président syrien et le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammad ben Zayed al-Nahyane.

Cercle économique

Pour l’heure, la première liste affichée par le gouvernement américain n’a pas de quoi affoler les chancelleries, puisqu’elle reste assez symbolique. Y figurent inévitablement le maître du chaos syrien, Bachar el-Assad, mais aussi de nombreuses personnalités de son clan ou qui gravitent autour de lui. Asma el-Assad a fait une entrée fracassante dans la liste des 35 nouveaux sanctionnés par les Américains et a même eu droit à une mention spéciale. « Je noterai tout particulièrement la désignation d’Asma el-Assad, l’épouse de Bachar el-Assad qui, avec le soutien de son mari et des membres de sa famille, les Akhras, est devenue l’un des profiteurs de guerre les plus notoires de Syrie », a insisté Mike Pompeo. L’ambassadeur James Jeffrey a surenchéri dans un article publié par le journal al-Chark al-Awsat, en précisant qu’elle « participe personnellement et à bien des égards aux horreurs dont la Syrie est témoin aujourd’hui, et c’est pourquoi des sanctions lui ont été imposées, et non pas parce qu’elle est l’épouse d’Assad ». La Première dame, ayant la double nationalité syro-britannique, avait été placée sous sanctions européennes en mars 2012, mais c’est la première fois qu’elle atterrit sur la liste noire américaine. Cette désignation appuyée témoigne de l’influence grandissante d’Asma el-Assad au sein du pouvoir et dans le cercle économique. Depuis sa rémission après un cancer l’an dernier, l’ancienne banquière a cherché à s’emparer de secteurs phares pour assurer ses arrières et l’avenir de ses enfants, poussant même, selon les rumeurs, son époux à courir aux trousses de son cousin milliardaire Rami Makhlouf récemment tombé en disgrâce.

Lire aussi

Quel sera l'impact des nouvelles sanctions américaines sur la Syrie ?

Bouchra el-Assad, la sœur du président syrien qui réside aux Émirats arabes unis, a également été frappée de sanctions, de même que le couple Maher et Manal el-Assad. Mohammad Hamcho, figure importante du cercle syrien des affaires et homme de paille de Maher, déjà visé par des sanctions, voit désormais ses trois fils Ali, Amr et Ahmad ainsi que sa sœur Soumaya pris pour cibles par la loi César. « Mohammad Hamcho est l’homme d’Assad aux Émirats arabes unis », rappelle Karim Shaar. En janvier 2019, il a notamment mené la délégation commerciale syrienne à Abou Dhabi, dont faisait partie son épouse Rania.

Le plus jeune de leurs fils, Ali, né en 1998, a obtenu, l’an dernier, son diplôme de l’Université américaine de Paris, alors que ses deux frères sont connus pour être des cavaliers émérites. Ahmad Hamcho, 27 ans, est notamment vice-président de la Chambre internationale de commerce de Syrie qui regroupe un florilège d’hommes d’affaires importants.

Pour briser les ailes du projet emblématique connu sous le nom de Marota City, consistant à transformer des quartiers de la banlieue de Damas en petit Dubaï, plusieurs sociétés associées à son développement ont été placées sous sanctions. Le businessman Nader Qalei, proche de Rami Makhlouf et déjà sanctionné par l’UE depuis 2019, ainsi que plusieurs de ses sociétés sont ainsi visés. Lui, ainsi que d’autres individus et entreprises sont accusés de dévoyer l’effort de reconstruction en utilisant les terrains « expropriés » à la faveur de déplacements massifs de populations pour « construire des propriétés luxueuses », notamment dans « des zones de Damas qui étaient encore récemment des quartiers de travailleurs proches de l’opposition ».


L’establishment syrien vient de prendre un nouveau coup de massue, alors que le pays est en proie à une crise économique sans précédent. Promulguée par le président américain en décembre, la loi César ou Caesar Syria Civilian Protection Act est entrée en vigueur mercredi. L’annonce d’une première liste de noms de particuliers et d’entreprises, sanctionnés par...

commentaires (5)

Ces AMERLOQIES n'ont pas marre d'être Ridicules ? Avec des salves de sanctions etc...l'iran est allé livrer du pétrole aux syriens et aux vénézuéliens .

FRIK-A-FRAK

17 h 30, le 19 juin 2020

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Ces AMERLOQIES n'ont pas marre d'être Ridicules ? Avec des salves de sanctions etc...l'iran est allé livrer du pétrole aux syriens et aux vénézuéliens .

    FRIK-A-FRAK

    17 h 30, le 19 juin 2020

  • SURTOUT FAIRE L'IMPOSSIBLE POUR FAIRE COMPRENDRE AUX CITOYENS-SURTOUT LES MOUMANAISTES VRAIS OU FAUX- QUE CESAR NE FERA AUCUN MAL A NOTRE ECONOMIE- LE TRANSIT -SEULE RELATION ECONOMIQUE ENTRE LES 2 PAYS N'ETANT PAS INTERDIT.

    Gaby SIOUFI

    14 h 14, le 19 juin 2020

  • Ce n'est pas trop tôt mais il faut poursuivre et surtout sanctionner toute cette bande d'assassins et de tortionnaires notoires.

    TrucMuche

    11 h 12, le 19 juin 2020

  • BON DEBUT. D,AUTRES LISTES ET D,AUTRES NOMS VONT SUIVRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 13, le 19 juin 2020

  • ça sera la ruée des passeurs et des mafias de tout genre, qui se frottent les mains déjà, pour traiter avec la Syrie sans afficher des noms de société ni de personnes physiques. Les USA est un grand pays doté d'une minable politique.

    Shou fi

    09 h 41, le 19 juin 2020

Retour en haut