Le parquet libanais a ordonné mardi une enquête concernant la diffusion sur les réseaux sociaux de rumeurs sur la forte dépréciation de la monnaie nationale, qui a provoqué la semaine dernière trois jours de manifestations dans un pays en plein naufrage économique.
Le regain de tensions, de jeudi à samedi, a été déclenché par la chute de la livre libanaise qui a atteint jeudi le seuil historique des 5.000 livres pour un dollar sur le marché parallèle, médias locaux et réseaux sociaux allant même jusqu'à évoquer 6.000 ou 7.000 livres. Officiellement, la livre est indexée sur le dollar depuis 1997 au taux fixe de 1.507 livres.
L'enquête réclamée aux forces de sécurité par le procureur général Ghassan Oueidate concerne "la propagation jeudi, par un certain nombre de personnes, d'informations sur les réseaux sociaux et d'autres supports concernant une pénurie de dollars et une hausse du taux de change jusqu'à 7.000 livres". "L'objectif était de semer la confusion et la panique pour porter atteinte à l'offre et la demande, manipuler le taux de change et spéculer sur le prix d'achat et de vente du dollar, après avoir gonflé artificiellement ce dernier", rapporte l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle). Le résultat a été une "incitation supplémentaire au retrait des dépôts en livres libanaises des banques pour acheter des dollars (...), une hausse injustifiée des prix des biens de consommation", ajoute l'Ani.
Lundi, en pleine grogne sociale et critique du pouvoir, les autorités judiciaires ont réclamé une enquête sur "l'identité" de ceux ayant publié sur les réseaux sociaux "des réactions ou des photos portant atteinte à la présidence de la République, en vue de poursuites pour délit de diffamation et d'insulte", selon l'Ani.
Pour calmer la rue après les manifestations, les autorités ont annoncé l'injection de dollars sur le marché afin de faire baisser le taux de change.
La crise économique a été un des catalyseurs du soulèvement inédit déclenché le 17 octobre contre une classe politique quasi inchangée depuis des décennies, accusée de corruption et d'incompétence.
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22 h 40, le 16 juin 2020