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Économie - Devises

Taux dollar/livre : la Sûreté générale mobilisée

Peu de bureaux de change ont ouvert leurs portes hier, tandis que le prix du dollar a baissé sur le marché noir.

Taux dollar/livre : la Sûreté générale mobilisée

Beaucoup d’agents de change n’ont pas ouvert leurs portes ou les ont rapidement fermées hier. Photo P.H.B.

L’exécutif était attendu au tournant hier, soit trois jours après avoir multiplié les engagements à stopper l’envolée du taux de change entre la livre libanaise et le dollar, en plein contexte de crise économique et de dépréciation de la monnaie nationale par rapport au billet vert.

Programmée dans la matinée, la réunion financière et sécuritaire présidée par le Premier ministre Hassane Diab et réunissant plusieurs hauts responsables (Banque du Liban, ministères de la Justice, de l’Intérieur, de la Défense nationale, etc.), ainsi que des représentants sectoriels (banques, agents de change), a finalement débouché sur une décision concrète : la création d’une « cellule d’opérations » au sein de la Sûreté générale qui sera chargée de suivre l’affaire.

Aucune information concernant sa composition ou son fonctionnement n’a été communiquée. Une source proche du dossier a toutefois assuré qu’elle était « déjà active ». Selon le Premier ministre, l’objectif principal de cette cellule sera d’identifier les « responsables » du nouveau dévissage brutal de la livre par rapport au dollar sur le marché des changes qui s’est manifesté peu après la réouverture des bureaux de change le 3 juin, après une grève observée par le syndicat des agents de change agréés durant plus d’un mois.

Injection de dollars

La filière s’était alors engagée à fixer quotidiennement les taux applicables pour les achats et ventes de devises. Cette mesure avait été adoptée avec l’objectif de les abaisser progressivement par rapport aux niveaux pratiqués sur le marché noir, soit plus de 4 000 livres pour un dollar, jusqu’au plafond de 3 200 livres fixé le 28 avril par la BDL (circulaire n° 553). Une poignée de jours plus tard, le syndicat des agents de change agréés annonçait une série de dispositions visant cette fois à tracer les transactions et à les plafonner en fonction des profils des clients. Un mécanisme de suivi pour lequel la BDL, de son côté, a annoncé à quelques jours d’intervalles le lancement d’une application, « Sayrafa », visant à enregistrer toutes les transactions réalisées sur le marché.

C’est peu ou prou au même moment que le taux du marché noir, resté plutôt stable par rapport à celui fixé par le syndicat, a commencé à s’envoler pour dépasser la barre des 5 000 livres la semaine dernière, sur fond de panique et de multiplication d’informations contradictoires et de rumeurs – un phénomène constaté par plusieurs sources concordantes alors contactées par L’Orient-Le Jour. Cette nouvelle dégringolade, une des plus rapides depuis le début de la crise fin août dernier, a finalement relancé la contestation populaire contre la classe politique, forçant les autorités à former une réunion de crise consacrée à plusieurs dossiers, dont celui du taux de change.

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C’est à l’issue de ce rendez-vous que le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, s’est engagé à injecter des liquidités en dollars sur le marché, tandis que le président du syndicat des agents de change agréés a, lui, promis de respecter l’accord passé avec la Banque centrale menant à une baisse du taux de change. Les participants à la réunion ont également prévu de se réunir deux fois par semaine et de mettre l’accent sur la poursuite des agents économiques qui « manipulent le marché ».

Ce dernier volet a d’ailleurs été au centre de l’intervention du Premier ministre au cours de la réunion d’hier. Le chef de l’exécutif a déclaré que les dollars avaient « soudainement disparu » au troisième jour suivant la réouverture des agents de change, ce qui s’est ressenti sur le volume déclaré des ventes. Il a évoqué le montant de 10 millions de dollars « vendus » par des agents économiques lors des deux premiers jours, avant que le volume de transactions ne s’effondre pour atteindre 100 000 dollars au troisième jour. Hassane Diab a répété qu’une enquête devait être menée sur ce qu’il a qualifié de tentative « délibérée (…) de manipulation du prix du dollar ».

« Les salaires des fonctionnaires et des militaires ne valent plus rien et les prix augmentent de manière folle. Il est de notre responsabilité de protéger les salaires des Libanais. C’est pourquoi ce qui s’est produit ne peut pas passer comme si de rien n’était. Nous voulons une enquête exhaustive sur les plans judiciaire et sécuritaire », a encore martelé le chef de l’exécutif.

Spéculation et Syrie

Le volontarisme affiché par les dirigeants ne s’est en tout cas pas encore vraiment ressenti sur le marché. De nombreux agents de change ont rapidement fermé leurs portes peu de temps après l’ouverture, faute de dollars à vendre, d’après plusieurs sources concordantes. Le taux fixé pour la journée par le syndicat des agents de change agréés a, lui, été fixé à 3 860 livres le dollar à l’achat et 3 910 livres à la vente, un niveau en baisse de 30 livres par rapport à celui en vigueur au courant de la semaine dernière. La surprise est venue du côté du marché noir, qui a affiché un taux de 4 200 livres le dollar à l’achat et de 4 600 livres à la vente, en nette baisse par rapport à celui de samedi (4 700/5 100) selon les données fournies par le site lebaneselira.org. « Le gouvernement veut avancer pas à pas pour être sûr que les dollars qui seront injectés ne serviront pas à alimenter la spéculation sur le taux, ni qu’ils se retrouveront en Syrie une fois en circulation », avance la source précitée.

Pour rappel, la BDL a relevé hier le taux de change imposé aux sociétés de transfert d’argent à 3 840 livres pour un dollar contre 3 200 livres depuis plusieurs semaines. C’est ce taux que ces entreprises doivent désormais appliquer lorsqu’elles décaissent en livres les montants en devises transférés à leurs clients, conformément à la circulaire n° 551 du 16 avril de la BDL.

La dépréciation de la livre sur le marché des changes – la parité officielle de 1 507,5 livres pour un dollar étant encore appliquée pour certaines transactions bancaires – est un des principaux effets de la crise économique et financière que traverse le pays. Certains experts attribuent la volatilité du taux à des comportements spéculatifs encouragés par la raréfaction du dollar sur le marché, combinée à une demande presque incompressible dans un pays qui dépend des importations et dont beaucoup de familles envoient leurs enfants vivre à l’étranger. L’existence d’une demande de la part de ressortissants syriens, dont le pays est lourdement sanctionné par les États-Unis, pèse également dans la balance. Une situation qui devrait empirer avec l’entrée en vigueur de la loi César demain qui vise à sanctionner toute entité ou personne qui aide le régime syrien.

L’exécutif était attendu au tournant hier, soit trois jours après avoir multiplié les engagements à stopper l’envolée du taux de change entre la livre libanaise et le dollar, en plein contexte de crise économique et de dépréciation de la monnaie nationale par rapport au billet vert.Programmée dans la matinée, la réunion financière et sécuritaire présidée par le Premier...

commentaires (6)

« Les salaires des fonctionnaires et des militaires ne valent plus rien et les prix augmentent de manière folle. Il est de notre responsabilité de protéger les salaires des Libanais . C’est pourquoi ce qui s’est produit ne peut pas passer comme si de rien n’était. Nous voulons une enquête exhaustive sur les plans judiciaire et sécuritaire », a encore martelé le chef de l’exécutif. les enquetes ne servent à rien , c est reculer pour mieux sauter une vraie reforme de l état qu il faut, un fonctionnaire mal payé c est un fonctionnaire corrompu par definition dans un pays ou la vie est la plus cher du monde pauvre liban

youssef barada

12 h 48, le 16 juin 2020

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Commentaires (6)

  • « Les salaires des fonctionnaires et des militaires ne valent plus rien et les prix augmentent de manière folle. Il est de notre responsabilité de protéger les salaires des Libanais . C’est pourquoi ce qui s’est produit ne peut pas passer comme si de rien n’était. Nous voulons une enquête exhaustive sur les plans judiciaire et sécuritaire », a encore martelé le chef de l’exécutif. les enquetes ne servent à rien , c est reculer pour mieux sauter une vraie reforme de l état qu il faut, un fonctionnaire mal payé c est un fonctionnaire corrompu par definition dans un pays ou la vie est la plus cher du monde pauvre liban

    youssef barada

    12 h 48, le 16 juin 2020

  • Tant que les frontières libanaises servent de passoires à tous les malfrats sous la protection et avec la bénédiction du HB le Liban ne retrouvera pas sa stabilité ni son indépendance que ce soit financière ou sécuritaire. Les vendus continuent leur complot pour nous obligés à accepter d’être sous leur protectorat iranien. Si les libanais n’ont pas encore compris où ils veulent nous mener c’est qu’ils sont sourds et aveugles et le réveil promet d’être comme après Long un coma, avec les séquelles qui vont avec.

    Sissi zayyat

    11 h 12, le 16 juin 2020

  • C,EST L,OFFRE ET LA DEMANDE QUI EN DECIDERA. ELOIGNEZ LES SYRIENS QUI VIENNENT SE NANTIR EN DOLLARS SUR LES MARCHES LIBANAIS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 26, le 16 juin 2020

  • Si le gouvernement et l’Etat avec tous ses appareils sécuritaires et son Prestige, n’arrivent pas à arrêter la spéculation et la contrebande des $ vers la Syrie, alors qu’ils s’en aillent! Ils ont suffisamment prouvé leur incompétence et nullité

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 11, le 16 juin 2020

  • Il faut demander à la FINUL d’intervenir, au moins ça justifiera leurs salaires, désœuvrés qu’ils sont à observer les Herbes pousser dans les champs...

    LeRougeEtLeNoir

    08 h 46, le 16 juin 2020

  • Injecter des $... comment être sûr que les bureaux de change vont les vendre?? Peut-être vont ils attendre encore et encore... et ça va grimper... Encore une fois pourquoi nous les détenteurs de comptes en $ en sommes nous privés?? Pourquoi sommes-nous condamnés à aller dans les bureaux de change qui font ce qu'ils veulent??

    Sybille S. Hneine

    08 h 20, le 16 juin 2020

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