Après plusieurs nuits de contestation violente à Beyrouth et en province, le Premier ministre libanais Hassane Diab a déclaré samedi qu'une "tentative de coup d’État", à travers l'effondrement de la livre libanaise face au dollar et les tensions confessionnelles de la semaine dernière avait échoué, réaffirmant que les avoirs bancaires des Libanais seront protégés alors que le pays traverse sa plus grave crise économique et financière en 30 ans.
"Une fois de plus, la tentative de coup d’État a échoué (...) Ces derniers jours, nous avons déjoué un complot sur le cours du dollar en prenant des décisions pour mettre fin à une série de chantages contre les citoyens et l’État", a déclaré M. Diab lors d'une allocution télévisée à l'adresse des Libanais. "Le coup d'État ne visait pas le gouvernement. Ce dernier laissera la place un jour. Nous ne voulons pas rester au pouvoir sans efficacité et sans réaliser notre plan pour sortir le pays de l'impasse provoquée par les corrompus", a-t-il ajouté, et de lancer : "Nous ne sommes pas et ne serons jamais comme eux", en allusion aux "responsables corrompus".
Le dollar s'échangeait ces derniers jours à 5.000, voire 6.000 livres libanaises sur le marché noir, ce qui a déclenché un vaste mouvement de colère qui a dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre et des actes de vandalisme. Hier, le gouvernement, la Banque du Liban et les professionnels des bureaux de change se sont accordés pour injecter des billets verts sur le marché dans une tentative d'enrayer l'envolée du taux de change.
Le Premier ministre a fait porter la responsabilité de ce "complot" au "système de corruption" qui persiste dans le pays. "On essaye d'empêcher le gouvernement de dévoiler le système de corruption. Certains veulent en reprendre les clés pour se protéger. Nous avons commencé à identifier les chambres d'où s'opèrent les marchandages et les vols", a déclaré le chef du gouvernement, assurant que "ce système s'effondrera sur les têtes de ceux qui se cachent derrière".
"Nous ne permettrons pas que l'argent des gens soit dilapidé. Nous ne permettrons pas que vos avoirs restent à l'état de chiffres (...) Vos droits seront préservés", a-t-il assuré aux Libanais, confrontés depuis plusieurs mois à des restrictions d'accès à leur argent placé dans les banques. "N'est-il pas suffisant que nous cherchions encore les dépôts des Libanais qu'ils ont gaspillés de manière irresponsable, pour ne pas en dire plus?", s'est-il interrogé, dénonçant également ceux "qui ont "noyé le pays dans des dettes énormes" et qui "ont tout détruit avant de partir à la hâte".
Pari sur l'échec
"Lorsque nous avions pris nos fonctions, certains ont parié sur notre échec en raison des crises qui se sont accumulées au cours des 30 dernières années (...) Moins d'un mois après, les Libanais ont commencé à voir le sérieux, la méthode, la détermination, la volonté et le courage du gouvernement. Ce qui semble avoir consterné beaucoup de ceux qui ont parié sur son échec", a estimé M. Diab.
"Les mensonges, les campagnes orchestrées par des personnes connues de tous et les attaques personnelles n'ont pas cessé. Nous les avons affrontés en silence (...) Ce gouvernement a fait beaucoup, mais ils veulent brouiller les pistes. Ils ont trahi la confiance du peuple (...) Nous n'accepterons plus de porter la responsabilité de leur politique qui a conduit le pays à la catastrophe que nous vivons aujourd'hui", a-t-il lancé.
"Nous sommes ici aujourd'hui, au milieu des décombres et de la fumée qui était sur le point d’anéantir la paix civile, après avoir semé le désespoir dans le cœur des Libanais qui assistaient à la destruction systématique des propriétés publiques et privées, et qui regardaient avec douleur et chagrin les pneus enflammés bloquant les routes", a ajouté le Premier ministre, en référence aux actes de vandalisme de ces derniers jours et à la nuit du 6 juin dernier où des tensions sunnito-chiites avaient éclaté, semant un vent de discorde confessionnelle.
"L’État n'est pas en faillite. il est en détresse mais il est riche de ses citoyens", a poursuivi Hassane Diab, et de conclure : "Nous allons construire avec vous le changement auquel vous aspirez, mais des obstacles politiques se dressent sur notre chemin. Je vous l'assure, le changement viendra malgré leurs tentatives de le faire échouer".
Vieille technique que celle de crier au complot pour masquer son incompétence et impuissance à faire quoique ce soit pour améliorer le quotidien des Libanais. ILS sont les Parrains de ce gouvernement , ceux là même qui ont pillé les deniers publics et qui ont forcé la main à Mr Diab pour signer les nominations qu'il affirmait ne pas vouloir signer. C'est vraiment pathétique. Mr Diab devrait démissionner s'il lui reste un brin de dignité et surtout du courage.
22 h 01, le 14 juin 2020