Dans un sentiment « d’urgence et de nécessité » à la face de la communauté internationale et arabe, une trentaine de personnalités maronites de la société politique, économique, judiciaire, académique et civile, du monde des affaires, des lettres et du journalisme, ont décidé d’unir leurs voix en publiant un communiqué réclamant rien de moins que la démission du chef de l’État, Michel Aoun. Les signataires de la pétition jugent « qu’il ne sied plus à des maronites du Liban, et à commencer par (eux), de se taire sur ce que la présidence de la République est devenue sous le mandat du général Michel Aoun ».
De source proche des signataires, on précise que les maronites ont décidé « de commencer par eux-mêmes », mais que cette prise de position s’étendra dans quelques jours à des signataires venus d’autres communautés.
S’affirmant inséparablement maronites, Libanais, Arabes et êtres universels, les pétitionnaires affirment agir au nom d’un Liban pluraliste « compte tenu de ce que la maronité a incarné dans l’histoire (…) et de ce qu’elle est devenue sous le mandat actuel (…), violence politique, accaparement du pouvoir et mainmise despotique sur le pays et sa population ».
À l’image de la « révolution blanche » de 1952 qui a poussé le président Béchara el-Khoury à démissionner « en raison de son accaparement du pouvoir », et à l’image de la révolution du Cèdre de 2005 « qui s’est inscrite contre la violence en politique et l’hégémonie syrienne accusée, avec ses alliés, d’avoir assassiné le président du Conseil Rafic Hariri, la révolution qui, depuis octobre dernier, a soulevé tout le pays, n’est donc pas la première par son caractère pacifiste », affirme le manifeste qui fonde ainsi le caractère non violent de sa demande.
Une révolution pacifique
Au demeurant, les signataires se prévalent de la force d’une « révolution pacifique » marquée par le rôle de premier plan qu’y jouent les femmes et les jeunes, qui a quand même réussi à déboulonner « le gouvernement du gendre ».
« Le président de la République n’est pas digne de représenter les Libanais, car il est l’un des principaux responsables de l’effondrement du Liban, et auquel il sera impossible de remédier, sinon par son départ du pouvoir », insiste le manifeste. « Certes, convient-il, le général Aoun n’est pas le seul responsable de l’effondrement du pays. » Et de citer à ce sujet « les conflits du Moyen-Orient, le racisme israélien, le manque de sagesse, de clarté et de principes de l’Occident, les ambitions des religieux iraniens, le despotisme des dirigeants arabes, la corruption de l’establishment, les politiques monétaires douteuses et nos propres compromissions ». « Mais, ajoute le texte, le président de la République est le chef de l’État, le symbole de l’unité du pays, il veille au respect de la Constitution, à la préservation de l’indépendance du Liban, à son unité et à l’intégrité de son territoire. Or il a failli de façon répétée à ces obligations. Ainsi, l’unité du pays est plus que jamais ébranlée, son indépendance est tronquée, du fait de l’autorité d’un parti armé illégal dont l’allégeance va ouvertement au guide de la République islamique d’Iran (…) et l’intégrité de son territoire est plus que jamais menacée. Le chef de l’État est le premier responsable de l’État, et il convient donc de lui demander des comptes avant les autres. Il doit démissionner du fait de ses manquements, même s’il est tenu pour non corrompu. Du reste, dans un passé tout récent, il a ordonné d’agresser des personnes qui n’avaient pour toute arme que leur parole libre, des journalistes et des insurgés hommes et femmes. C’est là une responsabilité aggravée qui fait que toute réforme commence par sa démission, seule voie possible pour le retour de l’espoir. »
Et le communiqué de rappeler « le passé amer » du général Aoun, la façon dont il s’est emparé du pouvoir par les voies de la paralysie politique, son ascension politique qui a commencé par la formation d’un gouvernement de militaires, ses guerres perdantes qui couvraient son refus de lâcher le pouvoir, et son refus d’assurer la sécurité d’une session parlementaire consacrée à l’élection d’un nouveau président, etc.
Alliances contre nature
Les signataires de la pétition lui ont également reproché « des alliances contraires à la nature historique et culturelle d’un Liban ouvert sur les Arabes et le monde libre », et l’isolement diplomatique actuel du Liban sur les deux plans arabe et international, « son alliance mortifère avec le Hezbollah inexplicable sinon par sa soif de pouvoir et sa volonté d’écarter tout ce qui n’est pas lui et lui seul ».
« La République libanaise est condamnée à l’inaction, tant que lui et son gendre ne sont pas écartés », reprend le texte qui souligne que « toute aide internationale est tributaire de la fin de ce mandat ». « Nous refusons toute violation des résolutions internationales qui protègent notre souveraineté », ajoute le texte, en allusion au rôle joué par le Hezbollah au Liban-Sud.
Les signataires du manifeste sont : Chucri Sader, ancien président du Conseil d’État, Farès Souhaid, médecin et homme politique, Nada Saleh Anid, auteure et activiste, Chibli Mallat, avocat et professeur de droit, Khalil Hitti, professeur à la retraite, Tannous Mouawad, officier à le retraite, Rita Chidiac, médecin, Sergio Jalil, homme d’affaires, Sacha Abou Khalil, peintre, Boulos Doueyhi, architecte, Marina Ariagi, relations publiques, Abir Daïf, femme d’affaires, Chawki Azouri, psychiatre, Malek Abi Nader, homme d’affaires, Joëlle Abirached, médecin et chercheuse, Assaad Rouphaël, homme d’affaires, Richard Chamoun, avocat, Nayla Assaf, journaliste, Philippe Jabre, homme d’affaires, Abdo Ghossoub, avocat et professeur, Simon Nassar, journaliste, Jean-Pierre Frangié, activiste, Georges Nassar, architecte, Élie Hage, écrivain, Nada Ghosn, traductrice, et Samira Hélou, nutritionniste.
commentaires (36)
Bonjour Avec tout le respect que j ai pour les idées de tous,les uns et les autres. je dis Non à ceux qui sont dans l'erreur. Merci
Makdessi Maurice
12 h 25, le 11 juin 2020