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L’AUF : établir le lien entre l’université et le monde du travail

L’Agence universitaire de la francophonie (AUF) mise sur les programmes DEEL et Safir et sur l’obtention de doubles diplômes internationaux pour favoriser au niveau des étudiants l’entrepreneuriat et l’employabilité.

L’AUF : établir le lien entre l’université et le monde du travail

L’AUF a tissé depuis 50 ans des partenariats avec un millier d’établissements universitaires dans 118 pays. Photo DR

La pandémie de Covid-19 qui frappe l’ensemble de la planète depuis le début du printemps dernier a porté un coup dur, à l’évidence, aux déplacements d’un pays à l’autre et aux échanges transnationaux entre établissements et institutions diverses. C’est le cas plus particulièrement des universités et des agences de coopération multinationales spécialisées dans l’enseignement supérieur. L’Agence universitaire de la francophonie a incontestablement été affectée dans son action par la pandémie. Cela ne devrait pas remettre en cause, pour autant, l’esprit et les grandes orientations de la mission qu’elle s’est fixée et qui seront, à n’en point douter, remis sur le tapis dès que les déplacements et les échanges entre pays retourneront à la normale, ou presque.

Née dans les années 1970 à Montréal, l’Agence universitaire de la francophonie est une association d’universités qui a pour mission de promouvoir la francophonie dans l’enseignement supérieur et la recherche. Aujourd’hui dirigée entre Paris et Québec, l’AUF a tissé depuis cinquante ans des partenariats avec près de 1 000 établissements universitaires dans 118 pays sur les cinq continents. Ces chiffres font aujourd’hui de l’AUF la plus grande association d’universités au monde.

Organisée en 10 grandes antennes, Beyrouth accueille depuis 1993 le siège de l’AUF pour le Moyen-Orient. Non moins de 87 universités de 16 pays en sont membres : du Pakistan à l’Éthiopie, en passant par Chypre et le Yémen. En tête de liste, le Liban compte 23 universités membres, devant l’Égypte (18) et l’Iran (11).

Consciente du fossé qui sépare l’université du monde du travail, l’AUF s’est fixé pour objectif de recréer un lien entre eux. Son approche consiste à développer des partenariats avec les universités dans un double objectif : développer la culture entrepreneuriale parmi les étudiants et favoriser les échanges internationaux au niveau universitaire, dans une perspective de l’obtention de doubles diplômes.

Entreprendre grâce aux programmes DEEL et Safir

En rapprochant les études du domaine professionnel, l’association a pour ambition de développer qualitativement les compétences estudiantines et de permettre à terme la création de start-up. Pour atteindre cet objectif, l’AUF a mis en place deux programmes de soutien et d’accompagnement.

Lancé il y a trois ans, le programme DEEL (Développement de l’entrepreneuriat étudiant au Liban) est proposé dans 17 universités libanaises. Pour un étudiant, s’inscrire au programme permet d’être accompagné par des professeurs et des professionnels, et d’amener ainsi son projet de formation à maturation.

La force du programme DEEL est de permettre l’acquisition du statut d’« étudiant entrepreneur ». Inspiré du projet français « pépite », il permet le transfert d’une partie de ses crédits universitaires (ECTS) dans son activité professionnelle. « Au lieu de suivre ses études pendant un an, l’étudiant peut passer une partie de l’année dans un incubateur », déclare Hervé Sabourin, directeur régional de l’AUF. Pour

certains, bénéficier de ce statut peut également amener à l’obtention d’un certificat en compétences entrepreneuriales délivré par DEEL. C’est un certificat reconnu officiellement par le ministère libanais de l’Enseignement supérieur.

Un accompagnement individualisé

Le programme DEEL organise également chaque année une compétition entrepreneuriale par équipe, qui permet aux dix-huit lauréats de participer à un échange international d’un mois maximum au sein d’une université ou d’un incubateur partenaire. Ce voyage – offert aux étudiants – est, selon Hervé Sabourin, « l’occasion d’enrichir encore plus leur projet » et de le confronter à l’université d’accueil. Ces échanges n’ont eu lieu pour l’instant qu’en France, mais l’AUF étudie actuellement les possibilités de les étendre à la Suisse et au Canada.

Pour permettre aux étudiants de travailler dans un environnement idéal, l’association prévoit également l’ouverture prochaine d’un espace de co-working au cœur de Beyrouth. Réservé aux membres de DEEL, il sera le lieu d’accueil d’ateliers, de conférences et de formations. Une ou deux personnes seront employées à plein temps pour prendre en charge les étudiants. Ces derniers pourront bénéficier d’un coaching et d’un accompagnement individualisé. L’espace de co-working devrait normalement ouvrir d’ici l’été, cependant la situation économique du pays risque de retarder cette échéance.

Depuis trois ans, DEEL a bénéficié d’un budget de 150 000 dollars, couvert par l’AUF, et 150 étudiants libanais ont été accueillis par cette structure. Pour adhérer au programme, chaque étudiant doit directement se renseigner auprès de son université, à la condition qu’elle soit elle-même membre du programme.

Le programme Safir

L’AUF a également mis en place un second projet de collaboration avec l’Institut français de Paris et la Commission européenne. Il s’agit du programme Safir. Comme pour DEEL, il a pour objectif de permettre l’innovation estudiantine. Cependant, Safir se distingue par son ampleur et son ambition sociale. En effet, l’AUF et l’ensemble des institutions qui développent ce programme bénéficient d’un budget de 6,25 millions de dollars sur quatre ans. Ce projet sera mis en place au Liban et dans 6 autres pays de la rive sud de la Méditerranée.

Cette enveloppe sera allouée aux universités partenaires et vise à créer des « cellules d’innovation sociale », souligne Hervé Sabourin. Les universités utiliseront cette somme pour encourager les initiatives étudiantes, l’entrepreneuriat et les échanges au sein des pays francophones. « C’est un projet qui promeut l’innovation sociale et les objectifs de développement durable », relève-t-il.

Favoriser les doubles diplômes

« Quand un établissement est membre de l’AUF, il peut bénéficier de tous les dispositifs dont nous disposons en termes de mobilité pour les professeurs, les étudiants et les chercheurs, sans compter les manifestations scientifiques », indique M. Sabourin. L’AUF permet ainsi aux étudiants des universités partenaires de profiter de l’ensemble de son réseau international. Cela représente près de 850 universités.

L’atout de l’AUF est de proposer des doubles diplômes (licence ou master) dans le cadre d’échanges internationaux. Un étudiant en mobilité avec l’AUF obtient deux diplômes, celui de la faculté d’origine et celui de la faculté d’accueil. « Ce sont des accords passés entre les deux universités, une au Liban et l’autre en France par exemple. Au bout du compte, l’étudiant obtient les deux diplômes », affirme Hervé Sabourin.

Pour permettre ces échanges et motiver les étudiants à voyager, l’association accorde un soutien financier aux universités à hauteur de 10 000 à 15 000 dollars. Cette enveloppe peut faire l’objet de bourses pour les étudiants, mais elle n’est pas automatique. Les universités s’organisent individuellement dans cette perspective.

La pandémie de Covid-19 qui frappe l’ensemble de la planète depuis le début du printemps dernier a porté un coup dur, à l’évidence, aux déplacements d’un pays à l’autre et aux échanges transnationaux entre établissements et institutions diverses. C’est le cas plus particulièrement des universités et des agences de coopération multinationales spécialisées dans...

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