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Politique - Partis

Après les tensions de samedi, des contacts politiques pour calmer le jeu

La préservation de la stabilité, notamment en raison de l’éclatement de la rue sunnite, était le principal sujet au menu des réunions politiques qui ont eu lieu dimanche.

Après les tensions de samedi, des contacts politiques pour calmer le jeu

Les militaires déployés sur le Ring, samedi, alors que les tensions allaient crescendo entre contre-manifestants chiites et manifestants. Photo João Sousa

La triple scène de discorde qui a marqué la journée de samedi, durant et après la manifestation à laquelle des groupes de la contestation avaient appelé au centre-ville de Beyrouth, a laissé un goût amer tant sur la scène politique qu’auprès de la population. La confrontation entre les jeunes de Khandak el-Ghamik et les manifestants de la place des Martyrs sur fond de slogans pour le désarmement du Hezbollah et l’application de la résolution 1559 des Nations unies (slogans pourtant peu entendus lors de la manifestation), le clash provoqué par des groupes venus de Chiyah vers Aïn el-Remmané en fin d’après-midi, et les troubles sunnito-chiites entre Barbour et Corniche el-Mazraa en soirée (sur fond d’insulte visant Aïcha, la femme du Prophète, vénérée par les sunnites) ont failli mettre le pays à feu et à sang. Dimanche, l’action du leader druze Walid Joumblatt a particulièrement retenu l’attention des médias : l’ancien député et chef du Parti socialiste progressiste a été reçu par le président du Parlement Nabih Berry à Aïn el-Tiné, avant de s’entretenir plus tard avec l’ancien Premier ministre Saad Hariri à son domicile de Clemenceau.

D’après notre informateur politique Mounir Rabih, ces entrevues se sont concentrées en premier lieu sur la nécessité et les moyens de freiner la montée des tensions communautaires constatées ces derniers jours. Le deuxième sujet abordé a concerné l’éclatement constaté de la rue sunnite, avec l’entrée en scène de groupes liés notamment à Baha’ Hariri, le frère aîné de Saad, porteurs d’un message radicalement différent de celui du courant du Futur présidé par l’ancien Premier ministre. Toujours selon notre informateur, les divisions et les troubles au sein de la rue sunnite effraient les leaders politiques, d’où cette volonté de coordination accrue avec Saad Hariri en vue de consolider la stabilité.

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La question d’un éventuel changement de gouvernement n’aurait pas été abordée au cours de ces réunions, selon notre informateur. Pour ces forces politiques, notamment le Futur et le PSP, aujourd’hui dans l’opposition, il n’est nul besoin de mener bataille en faveur de la chute d’un cabinet qui, selon eux, a d’ores et déjà des chances de survie limitées en raison de l’ampleur des défis auxquels il fait face, que ce soit par rapport à ses propres parrains ou à la déception de l’opinion publique. Le renforcement de la coordination avec Saad Hariri a pour objectif d’assurer une alternative en cas de besoin.

« Beaucoup de pressions » pour contrôler la rue

« La visite de Saad Hariri chez Walid Joumblatt, avec qui la coopération ne s’est jamais interrompue, visait à souligner la détermination des deux parties à préserver la paix civile à tout prix » à la suite des graves tensions confessionnelles de samedi, souligne à L’OLJ une source du courant du Futur. « Quelles que soient les divergences entre les partis politiques, il est capital d’empêcher la sédition confessionnelle (fitna) », poursuit-elle.

Selon cette source du Futur, Walid Joumblatt a répété le même message chez Nabih Berry, et le président du Parlement lui a assuré qu’il avait fait tout son possible pour contrôler la situation et éviter que les tensions ne dégénèrent davantage. Elle souligne par ailleurs qu’il y a eu « beaucoup de pression » sur le terrain pour contrôler la rue de part et d’autre, et relève que les instances politiques et religieuses– Dar el-Fatwa, le Conseil supérieur chiite, Saad Hariri, le Hezbollah et le mouvement Amal – ont très rapidement publié des communiqués samedi soir pour calmer la situation, ce qui signifie que tout le monde est déterminé à empêcher que de pareils incidents se reproduisent. « Ces communiqués ont ôté toute couverture politique aux éléments qui causaient des troubles, ce qui a pu rapidement calmer la situation », affirme-t-elle.

Pas de changement ministériel en vue

Quelle analyse font les autres formations politiques des tensions du week-end et des contacts politiques visant à un retour au calme ? « Ces tensions ont été artificiellement provoquées pour porter un coup au mouvement de contestation populaire », estime une source des Forces libanaises. « En trois endroits, le Hezbollah a suscité des clashs, une première fois avec les contestataires, une deuxième fois avec des groupes chrétiens et, enfin, une troisième fois avec des groupes sunnites, pour agiter le spectre de la discorde confessionnelle, poursuit cette source. Si telle n’était pas son intention, le Hezbollah, largement averti de la manifestation prévue samedi place des Martyrs, aurait pu prendre les mesures nécessaires en vue de garder ses partisans en retrait. » Cette source pense néanmoins que le danger est passé et que ces attaques programmées n’ont eu qu’un « succès temporaire et relatif », étant donné le risque de conflit sunnito-chiite qui a émergé du fait de ces incidents.

Du côté du Courant patriotique libre (CPL), le son de cloche est très différent. Une source du mouvement estime que « suivant l’analyse du parti, corroborée par des informations sécuritaires, il existe des groupes qui ont tout intérêt à fomenter des troubles, notamment entre sunnites et chiites, afin de se tailler une place sur la scène interne, aux dépens des partis traditionnels », sans vouloir les nommer. Pour elle, le Hezbollah n’est pas mêlé aux incidents du samedi et n’a aucun intérêt à l’être. « Bien au contraire, ce parti avait fait circuler des messages la veille pour demander à ses partisans de ne pas se mêler aux mouvements de rue, dit-elle. Si le Hezbollah avait voulu la discorde, la scène aurait été radicalement différente samedi soir. »

Pour ce qui est d’éventuelles répercussions sur le gouvernement, la source du CPL assure que « cette possibilité n’est évoquée que dans les médias, et en tout cas pas avec nous ». Elle fait valoir qu’en l’absence d’alternative, aucun changement n’est possible.

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Pour la source FL, il est inutile d’opérer un changement de gouvernement si la mainmise du Hezbollah et du CPL sur le Conseil des ministres reste d’actualité. « Ce gouvernement est déjà malmené par la crise économique et financière, par la pression de la rue et par son incapacité à opérer des réformes, affirme cette source. À quoi cela servirait-il de nommer une équipe différente si les contraintes restent les mêmes ? Il n’y a qu’une issue possible : que le camp du 8 Mars jette du lest et accepte la formation d’un gouvernement de spécialistes vraiment indépendants, qui opère une transition véritable. »

Du côté du Futur, pense-t-on qu’un retour de Saad Hariri à la tête du gouvernement, au regard de son poids politique et populaire, reste possible dans ces circonstances ? Selon la source du Futur interrogée, la question ne se pose pas pour le moment. « Mais, dit-elle, Saad Hariri, qui a démissionné à la demande de la rue en octobre, ne reviendra à la tête du gouvernement qu’à ses propres conditions, c’est-à-dire seulement s’il a les mains libres pour effectuer de véritables réformes. »

Hier en soirée, les anciens Premiers ministres Nagib Mikati, Fouad Siniora et Tammam Salam ont été reçus par Saad Hariri à la Maison du Centre pour une réunion « autour des derniers développements sur la scène politique ».

La triple scène de discorde qui a marqué la journée de samedi, durant et après la manifestation à laquelle des groupes de la contestation avaient appelé au centre-ville de Beyrouth, a laissé un goût amer tant sur la scène politique qu’auprès de la population. La confrontation entre les jeunes de Khandak el-Ghamik et les manifestants de la place des Martyrs sur fond de slogans pour le...

commentaires (3)

Ni Hariri, ni Abou Hariri, pas même Einstein, Gates, Trump, Poutine ou Merkel ne pourrions faire avancer le pays tant que le Hezbollah se promène avec des armes et hors de le légalité. Il faut arrêter de lui faire croire que la menace d'une guerre civile fait peur au peuple. Il en a plus peur que n'importe quel autre parti car il sait que si la rue lâche, il s'en sera fait de son existence car même les Chiites le lâcherons. Il faut continuer la pression pour qu'il remette ses armes a l’armée. Il nous faut une nouveau rassemblement du style révolution des Cèdres 2, pacifique, bloquant jours et nuits trous les accès menant a la banlieue Sud et Beyrouth jusqu’à ce que Hassan Nasrallah annonce la remise de ses armes a l’état. Voyons alors qu'est ce qu'il osera faire! Nous tirer dessus? Sur plus d'un million de personne homme femme et enfants? Je doute!

Pierre Hadjigeorgiou

10 h 50, le 09 juin 2020

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Commentaires (3)

  • Ni Hariri, ni Abou Hariri, pas même Einstein, Gates, Trump, Poutine ou Merkel ne pourrions faire avancer le pays tant que le Hezbollah se promène avec des armes et hors de le légalité. Il faut arrêter de lui faire croire que la menace d'une guerre civile fait peur au peuple. Il en a plus peur que n'importe quel autre parti car il sait que si la rue lâche, il s'en sera fait de son existence car même les Chiites le lâcherons. Il faut continuer la pression pour qu'il remette ses armes a l’armée. Il nous faut une nouveau rassemblement du style révolution des Cèdres 2, pacifique, bloquant jours et nuits trous les accès menant a la banlieue Sud et Beyrouth jusqu’à ce que Hassan Nasrallah annonce la remise de ses armes a l’état. Voyons alors qu'est ce qu'il osera faire! Nous tirer dessus? Sur plus d'un million de personne homme femme et enfants? Je doute!

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 50, le 09 juin 2020

  • DES CONTACTS POLITIQUES POUR CALMER LE JEU PAR LES MEMES CLIQUES QUI ONT MENE LE PAYS A LA FAILLITE ET L,ONT DETRUIT. IL FAUT COUTE QUE COUTE S,EN DEBARRASSER !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    10 h 08, le 09 juin 2020

  • C'est un beau paysage. Certains politiciens veulent nous faire croire qu'ils sont écœurés par les événements du samedi. Ils les organisent, ils poussent le bouton du démarrage, ils poussent le bouton du retrait, ils condamnent, ils s'entretiennent, ils font des appels pour calmer leurs rues respectives, la Révolte rate son objectif, et tout le monde rentre à la maison. Face à ces manœuvres dangereuses qui se répètent depuis des mois (bien avant COVID-19), un jour viendra où une mauvaise étincelle serait le début de leur fin.

    Zovighian Michel

    06 h 20, le 09 juin 2020

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