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Moyen-Orient - Syrie

Les raids russes à Idleb font craindre aux habitants une nouvelle offensive

Damas et Ankara seraient en train d’accentuer le déploiement de leurs troupes dans la région.

Des habitants devant un convoi turc patrouillant vers l’autoroute M4 dans la région d’Idleb, le 2 juin. Abdulaziz Ketaz/AFP

Ils ont eu trois mois d’accalmie, mais voilà que la menace guette de nouveau. Dans la province d’Idleb, les habitants des zones rebelles craignent l’imminence d’une nouvelle offensive du régime de Damas. « Tout le monde se terre à nouveau, alors que cela faisait des mois qu’on ne recevait plus de textos alarmants », raconte à L’Orient-Le Jour Mohammad, un instituteur réfugié dans un camp au nord d’Idleb. L’aviation russe a mené mercredi ses premiers raids depuis l’accord de cessez-le-feu négocié par Moscou, allié du régime, et la Turquie, parrain de groupes rebelles, le 5 mars dernier. Cette entente a permis de stopper net une offensive meurtrière du pouvoir syrien, démarrée en décembre et qui a fait près d’un million de déplacés selon l’ONU, mais aussi au moins 500 morts parmi les civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Avec l’entrée en vigueur de la trêve le 6 mars, la situation s’était vraiment calmée et les gens ont commencé à ressortir. L’activité économique a repris, la population se rendait dans les souks, malgré les craintes d’une épidémie de coronavirus », raconte Mustafa Dahnon, un journaliste de la ville d’Idleb. La trêve, mais aussi la lutte contre le coronavirus ont marqué une pause dans les velléités du régime à reconquérir le dernier grand fief aux mains de l’opposition. Ce calme précaire a même permis à 120 000 personnes de rentrer chez elles, selon l’ONU. « Mais depuis une semaine, les gens ont commencé à devenir fébriles à cause de l’arrivée de renforts du régime vers Jabal al-Zawiya, Maarrat al-Naamane et Saraqeb. Et avec les raids de ces derniers jours, beaucoup craignent qu’une offensive militaire soit relancée prochainement », poursuit le journaliste. Des centaines de familles qui avaient regagné leurs villages seraient en train de repartir vers le Nord-Ouest, en direction des camps de déplacés.

Des champs brûlés

Des raids russes ont ciblé mardi avant minuit et mercredi à l’aube une zone à la lisière des provinces de Hama, Idleb et Lattaquié, où se trouvaient des groupes jihadistes. Nawar Oliver, chercheur au centre Omran, un groupe de réflexion basé à Istanbul, estime que les frappes russes ne sont pas le prélude d’une offensive plus large. « Les Russes ne planifient pas d’attaque de grande envergure car ça leur coûterait cher. Ce n’est pas le bon moment car il ne faut pas oublier le contexte : la crise du coronavirus, les problèmes financiers du régime et les histoires de brouille entre Assad et Makhlouf », explique-t-il à L’Orient-Le Jour. Le régime syrien continue toutefois de mettre la pression sur la population puisque des villages ont été bombardés ces deux derniers jours. Des champs atteints par l’artillerie brûlaient hier dans une zone proche de Saraqeb, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux. « Le régime cherche à affamer la population de la région », déplore Kamel, un déplacé à Idleb.

Pour mémoire

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L’accord russo-turc repose sur un équilibre fragile souvent au bord de l’implosion. Il prévoit notamment des patrouilles conjointes le long de l’autoroute M4, un axe crucial pour Damas qui traverse la région d’Idleb pour relier Alep à Lattaquié. « Le régime cherche à éloigner les combattants de cette autoroute ainsi que de certaines zones vers Sahl al-Ghab », rappelle Mustafa Dahnon, ce qui pourrait expliquer les récentes frappes russes. « Ce genre d’attaques se poursuivra. Les Russes affirment être satisfaits des efforts turcs consistant à sécuriser l’autoroute M4 et à poursuivre les patrouilles, mais ils se plaignent aussi des agissements de Hay’at Tahrir al-Cham (HTC, qui domine la région d’Idleb ) et de Hourras eddine », analyse Nawar Oliver. Des tensions subsistent entre le groupe HTC (qui ne voit pas d’un bon œil les accords de trêve et le déploiement de patrouilles conjointes russo-turques) et la Turquie, ainsi que les groupes rebelles sous sa tutelle. Difficile dans ces conditions de faire respecter l’accord. Ces dernières semaines, des combats sporadiques ont entraîné la mort de dizaines de combattants tant dans le camp insurgé que loyaliste.

La Turquie est de plus en plus présente dans la région puisqu’elle continue d’envoyer des renforts militaires dans la zone de « désescalade », où un convoi militaire turc composé de 20 véhicules transportant des chars et des lance-missiles est entré mardi par Kafr Loussine. « Ça rassure les gens ici qui pensent que la Turquie va les protéger en cas d’offensive », raconte Mustafa. Selon l’OSDH, 3 825 véhicules et des milliers de soldats turcs sont entrés sur le territoire syrien depuis le début du cessez-le-feu. « La Turquie ne laissera pas le régime avancer parce qu’une vague de déplacés vers sa frontière serait terrible pour elle », estime Jamil, un réfugié syrien dans le sud de la Turquie.

Ils ont eu trois mois d’accalmie, mais voilà que la menace guette de nouveau. Dans la province d’Idleb, les habitants des zones rebelles craignent l’imminence d’une nouvelle offensive du régime de Damas. « Tout le monde se terre à nouveau, alors que cela faisait des mois qu’on ne recevait plus de textos alarmants », raconte à L’Orient-Le Jour Mohammad, un instituteur...

commentaires (2)

Ça pue le deal Russie Turquie, une partie de la Libye contre Idleb en Syrie. Je suis d'accord pour dire que cette méthode des réactions est foireuse , on nous cloisonne pour pas qu'il y ait des échanges entre les esprits des internautes . Laissez cette rubrique open svp .

FRIK-A-FRAK

12 h 37, le 05 juin 2020

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Commentaires (2)

  • Ça pue le deal Russie Turquie, une partie de la Libye contre Idleb en Syrie. Je suis d'accord pour dire que cette méthode des réactions est foireuse , on nous cloisonne pour pas qu'il y ait des échanges entre les esprits des internautes . Laissez cette rubrique open svp .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 37, le 05 juin 2020

  • J,EN AI MARRE DE COMMENTER A LA DROITE DES ARTICLES ET D,AVOIR A Y ALLER PLUSIEURS FOIS POUR LIRE LES COMMENTAIRES DES AUTRES INTERNAUTES. REVENEZ A LA PRECEDENTE PRESENTATION DU JOURNAL. L,ACTUELLE EST FICHUE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 29, le 05 juin 2020

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