Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, sous le feu des critiques de la rue et de plusieurs responsables politiques, notamment le chef du gouvernement, Hassane Diab, a affirmé à l'hebdomadaire français Paris Match que le Liban n'est "pas en faillite", alors que le pays, qui fait face à sa pire crise économique en trente ans, a récemment fait défaut sur le remboursement de sa dette, une première dans son histoire.
Jouissant durant de longues années d'une forte popularité et d'une solide réputation au Liban et à l'étranger, Riad Salamé, désigné gouverneur de la Banque centrale en 1993, est critiqué de toutes parts ces derniers mois, de nombreux responsables politiques et une grande partie de la contestation populaire lui faisant assumer la responsabilité de la crise dans laquelle se débat le pays.
"Manqué de transparence"
"Seule une partie de la rue, excitée par des factions politiques, diabolise de manière caricaturale la Banque centrale et son gouverneur. C’est injuste : nous ne sommes pas la cause des problèmes auxquels le Liban doit faire face. Au contraire, la politique monétaire menée a permis pendant longtemps de maintenir des taux d’intérêts bas alors que la dette du pays augmentait d’année en année. Le système était viable à condition que des réformes politiques de fond soient opérées en parallèle, s'est défendu M. Salamé dans cet entretien publié jeudi. Aujourd’hui, malgré le défaut de paiement, et malgré la récession engendrée par l’épidémie de coronavirus, le pays n’est pas en faillite. Les produits arrivent sur les marchés, les prix de l’essence, des médicaments, de la farine n’ont pas variés. Le fait d’avoir des réserves suffisantes pour financer les importations essentielles au pays prouve que nous avons fait notre métier de façon professionnelle. Sinon il n’y aurait plus de banque, plus de monnaie".
Pour le gouverneur de la BDL, "au niveau de sa gestion, l’Etat a manqué de transparence. Certains déficits n’ont pas été justifiés, notamment au moment de l’augmentation des salaires du secteur public (...)". "Comme d’autres créanciers, j’ai sonné maintes fois l’alerte. Et nous avons tous cru aux promesses d’efforts et de réformes sans cesse déclarées mais hélas jamais suivies d’effet", regrette Riad Salamé qui a été reçu jeudi par le président Michel Aoun à Baabdab avec qui il a discuté de la situation monétaire et des circulaires émises récemment par la BDL.
"Tant que l'on voudra de moi"
Donné un moment sur le départ, notamment après le mécontentement exprimé publiquement par Hassane Diab, Riad Salamé semble pour le moment assuré de rester à son poste. "Tant que l’on voudra de moi, je continuerai de servir les intérêts du Liban. Un nouveau Titanic a récemment repris la mer, cela me fait dire qu’il ne faut jamais perdre espoir", affirme le gouverneur de la BDL à Paris Match.
Le Liban vit sa pire crise économique depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), amplifiée par les mesures de confinement liées au nouveau coronavirus. Cette situation explosive a déclenché la colère de la rue qui s'est révoltée le 17 octobre 2019 contre la classe dirigeante accusée de corruption et d'incompétence, poussant le gouvernement de Saad Hariri à démissionner. La monnaie nationale, indexée sur le billet vert depuis 1997 au taux fixe de 1.507 livres pour un dollar, a dégringolé ces derniers mois sur le marché parallèle jusqu'à franchir en avril le seuil historique des 4.000 livres pour un dollar. Face à cet effondrement, la Banque centrale a fixé un plafond de 3.200 livres pour un dollar dans les bureaux de change, mais celui-ci n'a pas été respecté, entraînant une vague d'arrestations de changeurs.
Le Premier ministre Diab s'est engagé à freiner la dégringolade de la monnaie nationale et à subventionner les produits de base, au 100ème jour de l'entrée en fonction de son gouvernement. La dégringolade de la livre libanaise dans les bureaux de change a propulsé les projections d'inflation à plus de 50% sur l'année 2020, alors que 45% de la population vit sous le seuil de la pauvreté, selon les estimations officielles. Riad Salamé avait pour sa part promis au Premier ministre d'intervenir sur le marché pour protéger la livre libanaise et freiner la hausse du taux de change. M. Salamé avait déclaré ensuite que "les mesures nécessaires pour protéger la livre" entreraient en vigueur le 27 mai (hier).
Retrouvez l'intégralité de l'interview de Riad Salamé dans Paris Match ici
commentaires (16)
EN VERITE EN VERITE JE N'AI DE CESSE DE ME LE REPETER, JE NE PUIS ME LE PARDONNER : D'AVOIR TOUS ETE AVEUGLES ET SOURDS AUX CRIS D'ALARMES REPETITIFS QUANT AUX DANGERS DEJA GRIGNOTANT NOTRE ECONOMIE , PAR PLUSIEURS- DEPUIS DEJA PLUSIEURES ANNEES, ET AVONS VOULU CONSCIEMMENT CONTINUER A CROIRE SINON EN CE-CES-POUVOIRS MAFIEU(X),A L'EVIDENCE CROIRE EN CES MANNES ARTIFICIELLES AVEREES CRIMINELLEMENT ACCORDEES .
Gaby SIOUFI
11 h 02, le 29 mai 2020