Le Premier ministre libanais, Hassane Diab, a marqué jeudi les 100 jours depuis que son cabinet a obtenu la confiance du Parlement, dans un contexte de crise économique et sociale sans précédent en 30 ans. Il a profité de cette occasion pour dresser un bilan de l'action de son cabinet. "Il y a 100 jours, nous n'avions pas d'autres choix que de prendre le commandement du navire", a affirmé M. Diab, lors d'un discours retransmis en direct à 11h30, avant le début du Conseil des ministres qui se tient au Grand Sérail, soulignant que ce gouvernement "sortait des sentiers battus".
Succédant au cabinet de Saad Hariri qui avait démissionné sous la pression de la révolte populaire née le 17 octobre 2019, le gouvernement de Hassane Diab se veut indépendant, même si parrainé par le président de la République, Michel Aoun, le Hezbollah, et leurs alliés. Désigné le 19 décembre par le président Aoun, Hassane Diab avait réussi à former son gouvernement le 21 janvier, après de longues semaines de tractations politiques. Promettant de répondre aux revendications des contestataires qui continuent de manifester dans les rues jusqu'à ce jour, le gouvernement Diab n'a toujours pas réussi à gagner leur confiance ou à satisfaire leurs demandes. Il est également sous le feu de diverses formations politiques qui se revendiquent de l'opposition.
"Lorsque les Libanais sont descendus dans la rue le 17 octobre, c'était l'occasion d'amorcer un tournant historique au Liban. Ce soulèvement révolutionnaire était sur le point d'atteindre l'objectif escompté du peuple libanais de construire un véritable État qui se débarrasserait du système corrompu et établirait un État de droit", a déclaré M. Diab, ajoutant que "la révolution a ouvert une brèche dans les intérêts communautaires, confessionnels et politiques". Dans ce cadre, le Premier ministre a notamment critiqué "ceux qui ont provoqué la catastrophe et qui ont quitté le navire alors qu'il commençait à couler".
"Nous avons remis le Liban sur la bonne voie"Le Premier ministre est revenu sur les principales crises auxquels il a dû faire face depuis sa prise de fonction. "Nous avons rapidement découvert que les caisses du Trésor public étaient vides et que l'arrogance empêchait le pouvoir en place de dire la vérité au peuple. Nous avons traité avec la vérité de manière réaliste et nous n'avons pas hésité à déclarer un défaut de paiement" en mars dernier, a-t-il déclaré.
Après cela, "le cyclone du coronavirus a frappé notre navire", a-t-il poursuivi, estimant que le gouvernement avait "réussi à assurer le maximum de protection aux Libanais contre la pandémie". "Nous espérons que nous passerons cette période avec le moins de dégâts possibles, même si ce que nous voyons dans les rues n'est guère encourageant", a-t-il néanmoins noté, en référence au relâchement constaté dans le respect des mesures barrières de protection.
"C'est au peuple libanais de juger de notre action. Mais, aujourd'hui, nous sommes sur la bonne voie pour rendre opérationnelles les décisions de la conférence CEDRE, afin que le Liban puisse rapidement bénéficier du plan de sauvetage du gouvernement, parallèlement aux négociations qui ont été entamées avec le Fonds monétaire international (FMI) pour aider le Liban, sur la base de ce plan", a-t-il déclaré.
Le naufrage économique du Liban, endetté à hauteur de 92 milliards de dollars (170% du PIB), a été l'un des déclencheurs du soulèvement populaire d'octobre contre l'ensemble de la classe politique, quasi inchangée depuis des décennies, accusée de corruption, d'incompétence et d'avoir poussé le pays au bord du gouffre. La colère s'est amplifiée après des restrictions draconiennes et illégales sur les retraits bancaires en dollars et une hausse vertigineuse des prix, une situation exacerbée par le confinement à cause de la pandémie de Covid-19. Pour tenter de redresser le pays, le gouvernement a adopté le 30 avril un plan de réformes qui ne fait l'unanimité ni au sein de la classe politique ou financière, ni au sein de la population.
Dans ce contexte, et alors que la livre libanaise chute face au dollar, M. Diab a indiqué que le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, avait promis que la Banque centrale "interviendrait sur le marché pour protéger la livre libanaise et freiner la hausse du taux de change du dollar". Le Premier ministre a également annoncé un soutien (de la part de la BDL) et des subventions à l'importation des denrées essentielles. Selon la LBC, M. Diab a fait ces annonces dans son discours après une réunion la veille avec le gouverneur de la BDL.
97% des engagements tenus
"Je peux annoncer en toute confiance que 97% de ses engagements inscrits dans la déclaration ministérielle pour ces 100 jours ont été tenus, ainsi que 20% des engagements au-delà de cette période", a déclaré Hassane Diab. Pour la première fois, nous avons lancé les chantiers d'audit des comptes de la Banque du Liban, et les chantiers législatifs pour la restitution des fonds dilapidés, la lutte contre la corruption et la levée du secret bancaire", a détaillé le Premier ministre. "Nous avons fait beaucoup en 100 jours. Nous ne sommes pas là pour dire, mais pour faire", a-t-il lancé, dénonçant "les guerres virtuelles de clans animés par des intérêts personnels et politiques".
Le Premier ministre a ensuite fait l'éloge de l'Etat protecteur. "La première priorité de ce gouvernement est de rétablir la relation entre l'État et le citoyen. L'État n'est pas une autorité, mais le gardien de son peuple. Il le protège, le met à l'abri du danger, lui accorde ses droits et revendique ses droits, et lui fournit les services dont il a besoin", a-t-il déclaré, avant de conclure : "Nous comptons sur vous pour poursuivre le processus de réformes que nous avons lancé et pour faire avancer la construction de l'État qui protège le présent et l'avenir de son peuple".
commentaires (18)
Pour l'opinion publique locale, "Mais, aujourd'hui, nous sommes sur la bonne voie, blabla blabla" Pour l'opinion publique internationale, on se dirige tout droit vers une crise alimentaire... Faut savoir monsieur le premier munistre... A force de faire le grand ecart pour caresser tout le monde dans le sens du poil, voys risquez de perdre le peu de soutien oh combien nécessaire.
Desperados
21 h 16, le 21 mai 2020