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Moyen-Orient - Proche-Orient

À Jérusalem pour discuter « annexion », Mike Pompeo accuse l’Iran de semer la terreur

L’administration Trump veut un succès à présenter à sa base évangélique.

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo et le candidat du parti Bleu-Blanc Benny Gantz hier à Jérusalem. Sebastian Scheiner/POOL/AFP

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a accusé l’Iran de « fomenter la terreur » au Moyen-Orient malgré la pandémie de Covid-19, lors d’une visite-éclair hier à Jérusalem pour y discuter du projet d’annexion par Israël de pans de la Cisjordanie occupée. Pour son premier déplacement à l’étranger en près de deux mois, le secrétaire d’État américain a revêtu un masque aux couleurs du drapeau américain à son arrivée à l’aéroport avant de se rendre à Jérusalem pour s’entretenir avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. « Même durant cette pandémie, les Iraniens utilisent les ressources du régime des ayatollahs pour fomenter la terreur à travers le monde, et ce alors même que le peuple iranien souffre énormément, ce qui en dit long sur l’âme de ceux qui dirigent ce pays », a déclaré M. Pompeo lors d’un point de presse avec M. Netanyahu. L’Iran, bête noire d’Israël et des États-Unis, est le pays le plus affecté par l’épidémie au Moyen-Orient, avec plus de 110 000 cas de personnes contaminées. Au cours des trois dernières semaines, au moins six frappes ont été attribuées à l’aviation israélienne contre des cibles pro-iraniennes en Syrie, ce qui a suscité un débat sur la réduction ou le maintien dans le pays des effectifs de l’Iran, allié du régime de Bachar el-Assad. Téhéran « n’a pas arrêté une seule minute ses plans et ses actions violentes contre les Américains, les Israéliens et tous les autres dans la région », a affirmé M. Netanyahu, disant vouloir « combattre » les « agressions de l’Iran en Syrie » et ailleurs.

« Menace » pour la paix

La visite de Mike Pompeo intervient près de deux ans après la reconnaissance par l’administration Trump de Jérusalem, ville contestée, comme capitale d’Israël et à la veille de l’investiture d’un gouvernement d’union entre M. Netanyahu et son ex-rival électoral Benny Gantz, devant mettre fin à la pire crise politique de l’histoire d’Israël. Leur accord de partage du pouvoir prévoit le dévoilement à partir du 1er juillet d’une stratégie pour mettre en œuvre le projet américain présenté en janvier par le président américain Donald Trump pour débloquer le conflit israélo-palestinien. Le plan, rejeté par les Palestiniens, prévoit notamment l’annexion par Israël de la vallée du Jourdain et des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée ainsi que la création d’un État palestinien sur un territoire réduit. Peu avant l’arrivée de M. Pompeo, un adolescent palestinien a été tué par un tir d’un soldat israélien lors de heurts dans le sud de la Cisjordanie, selon le ministère palestinien de la Santé. La veille, un soldat israélien a été tué par un jet de pierres palestinien. « La décision (sur l’annexion, NDLR) sera prise par Israël et je veux savoir ce que le nouveau gouvernement pense à ce sujet », a déclaré Mike Pompeo dans un entretien avec le quotidien Israel Hayom avant sa visite. « Les États-Unis sont parties prenantes de ce plan », a riposté le négociateur en chef des Palestiniens, Saëb Erakat, soutenant que Washington ne les avait pas contactés pour préparer cette visite. « Des dirigeants internationaux nous ont clairement signifié que l’annexion représentait une menace non seulement pour la paix au Moyen-Orient, mais pour l’ensemble du système international », a-t-il ajouté.

« Grand Israël » ?

Au cours de la dernière décennie, sous l’égide de Benjamin Netanyahu, la population dans les colonies israéliennes en Cisjordanie a bondi de 50 % pour dépasser les 450 000 personnes, vivant souvent de manière conflictuelle auprès de plus de 2,7 millions de Palestiniens. Les colonies sont aussi une question de politique intérieure aux États-Unis, où des mouvements évangéliques, soutiens des républicains de Donald Trump, défendent le projet d’un « grand Israël » incluant des territoires en Cisjordanie. À l’approche de la présidentielle américaine de novembre, « l’administration Trump veut vraiment que l’annexion se concrétise », explique Daniel Shapiro, ambassadeur américain en Israël sous l’ancien président américain Barack Obama.

« L’administration Trump est probablement peu préoccupée par les délimitations précises, mais cherche à obtenir un accomplissement (...) à présenter à la base évangélique de M. Trump et aux électeurs juifs de droite », dit-il.

En Israël, les sondages suggèrent un soutien élevé à l’annexion à droite, mais pas au centre et à gauche, tendances représentées dans le gouvernement d’union, notamment par Benny Gantz ayant émis des doutes sur une annexion rapide. Des analystes israéliens s’attendent donc à des mesures limitées du prochain gouvernement, comme le rattachement à Israël de colonies près de Jérusalem, à moins, selon M. Shapiro, qu’il attende le nom du prochain locataire de la Maison-Blanche.


Gabi Ashkenazi, ancien chef de l’armée, à Tel-Aviv, le 21 février 2019. AFP/Jack Guez

Gabi Ashkenazi, de chef de l’armée à patron de la diplomatie israélienne

L’ancien patron de l’armée israélienne Gabi Ashkenazi, qui doit être nommé ministre des Affaires étrangères du gouvernement d’union et d’urgence, a passé 37 ans sous l’uniforme avant de rejoindre la politique et la diplomatie. Ce fils d’un rescapé de la Shoah bulgare et d’une mère immigrante de Syrie entre dans l’armée en 1972, dans l’unité combattante Golani, pour en gravir tous les échelons et devenir en 2007 son 19e chef d’état-major. En 1973, il prend part à la guerre de Kippour, puis participe en 1976 à l’opération Entebbe organisée par Israël pour libérer les passagers d’un vol entre Tel-Aviv et Paris détourné vers l’Ouganda par des membres et sympathisants du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et au cours de laquelle est tué le frère de Benjamin Netanyahu, Jonathan. Durant son mandat de quatre ans à la tête des armées, Gabi Ashkenazi dirige l’opération « Plomb durci » contre le mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza, qui fait 1 440 morts côté palestinien et 13 côté israélien. Mis en cause dans l’affaire Harpaz qui a éclaté en 2010, dans laquelle il est soupçonné d’avoir diffusé aux médias un document confidentiel à propos de la nomination d’un successeur, il sera finalement blanchi par la justice. En quittant la direction de l’armée, en 2011, il est remplacé par son adjoint, Benny Gantz, devenu depuis le chef de leur parti centriste « Bleu Blanc ».

« Montrer l’exemple »

Après une parenthèse de quelques années dans la high-tech et à la tête d’un fonds d’aide sociale, cet homme de 66 ans au visage rond marqué par des sourcils épais et un sourire engageant se lance dans la vie politique en 2019. Il rejoint alors M. Gantz dans le quatuor dirigeant de la formation centriste « Bleu-Blanc » dont le but assumé est de chasser le Premier ministre Benjamin Netanyahu du pouvoir. Devenu député, M. Ashkenazi est nommé, après les législatives de septembre 2019, président temporaire de la puissante commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense. Ce père de deux enfants résidant à Kfar Saba, dans le centre d’Israël, a déclaré l’an dernier qu’il entrait en politique pour « panser les plaies de la société israélienne » et qu’il refusait de se joindre au Likoud, parti de droite de M. Netanyahu, à cause de « la corruption » au sein de la formation. « Le leadership, c’est montrer l’exemple (...) Comment peut-on être Premier ministre avec trois actes d’accusation? » avait-il affirmé, en référence à l’inculpation de M. Netanyahu pour corruption, malversation et abus de confiance. Mais fin mars, M. Ashkenazi soutient Benny Gantz qui, n’étant pas parvenu à rallier une majorité après les législatives quelques semaines auparavant, décide à la surprise générale de se rallier à Benjamin Netanyahu, son grand rival, pour former un « gouvernement d’union et d’urgence » devant gérer la pandémie de nouveau coronavirus et sortir Israël de la plus longue crise politique de son histoire.

Source : AFP

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a accusé l’Iran de « fomenter la terreur » au Moyen-Orient malgré la pandémie de Covid-19, lors d’une visite-éclair hier à Jérusalem pour y discuter du projet d’annexion par Israël de pans de la Cisjordanie occupée. Pour son premier déplacement à l’étranger en près de deux mois, le secrétaire d’État américain a...
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