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Moyen-Orient - Éclairage

Téhéran se tire à nouveau une balle dans le pied

Après le drame de l’avion ukrainien abattu accidentellement par les forces antiaériennes en janvier, la République islamique est cette fois-ci confrontée à un tir de missile involontaire contre un navire iranien par une frégate nationale.

Le navire Konarak, endommagé après avoir été touché par un missile lancé par une frégate amie lors d'exercices navals, a accosté au port de Jask, dans le sud de la province d'Hormozgan. Iranian Army website/AFP

Nouveau coup dur pour Téhéran. Pour la deuxième fois en cinq mois, la République islamique fait les gros titres de la presse mondiale pour un « accident de missile ». Dimanche après-midi, au cours d’un exercice naval dans le golfe de Oman, un navire de soutien logistique iranien, le Konarak, a été accidentellement frappé par un missile, initié par un tir ami. L’Iran organise régulièrement des activités militaires dans cette zone proche du détroit stratégique d’Ormuz, à travers lequel transite près de 20 % du pétrole mondial. Selon l’agence de presse semi-officielle Tasnim, le tir a été effectué par la frégate de classe Moudge « Jamaran », qui aurait involontairement visé le navire militaire. Le Konarak avait été acheté par l’Iran aux Pays-Bas avant la révolution de 1979. Selon les médias iraniens, le navire avait été rénové en 2018. Long de 47 mètres pour 447 tonnes, il était équipé de quatre missiles de croisière. En service depuis 1988, ce navire d’une capacité de 40 tonnes transportait d’ordinaire un équipage composé de 20 marins. Quant au « Jamaran », l’ironie veut qu’il ait longtemps été érigé en fierté nationale, au point que l’ayatollah Ali Khamenei, homme fort du pays, l’avait inauguré en 2010, en montant à bord du navire. Avec ses 1 200 tonnes pour 90 mètres de long et 10 mètres de large, il s’agirait de la première frégate de fabrication iranienne livrée à la marine nationale. Cet épisode s’inscrit dans un contexte extrêmement tendu entre la République islamique et les États-Unis, depuis que ces derniers se sont unilatéralement retirés de l’accord sur le nucléaire et ont réimposé des sanctions punitives contre l’économie iranienne. Le mois dernier, le président américain Donald Trump s’est fendu d’un tweet dans lequel il annonçait avoir ordonné à la marine américaine de ne pas hésiter à tirer sur les navires iraniens si ces derniers harcelaient leurs alter ego américains dans le golfe Persique. L’Iran a rétorqué qu’il n’hésiterait pas à riposter en cas d’attaque. Cette altercation verbale faisait suite à un incident entre des navires iraniens et américains survenu dans les eaux du Golfe le 15 avril. Les deux protagonistes s’étaient alors mutuellement renvoyés la responsabilité de leur rapprochement dans les eaux, chacun accusant l’autre de manœuvrer dangereusement. Après avoir accumulé les déclarations martiales, l’Iran avait préféré jouer la carte de l’apaisement, déclarant notamment par la voix de l’état-major des forces armées que « la République islamique d’Iran n’a jamais été et ne sera jamais à l’origine de tensions ou conflits dans la région ».

Effet d’accumulation

Selon un communiqué de presse publié hier par l’armée, le bilan humain après la frappe de dimanche s’élève à « 19 martyrs et 15 blessés ». Certes, il ne s’agit pas d’une attaque américaine et l’incident en lui-même ne risque ni d’accroître ni de désamorcer les tensions existantes entre Washington et Téhéran. Pour autant, l’épisode ternit, dans une certaine mesure, l’image de l’Iran comme acteur tout-puissant du Moyen-Orient capable de tenir tête aux États-Unis, puisqu’il s’agit de la deuxième fois qu’il se tire une balle dans le pied depuis l’assassinat de l’ancien commandant en chef de l’unité al-Qods au sein des gardiens de la révolution iranienne, Kassem Soleimani. Des erreurs qui semblent confirmer la perte de repère dans laquelle la disparition de l’ex-numéro deux a plongé le pays. L’accident du Konarak fait ainsi écho à l’abattage « par erreur » d’un Boeing ukrainien le 8 janvier dernier par la défense nationale antiaérienne. Celui-ci avait provoqué la mort d’au moins 176 personnes, des ressortissants nationaux en majorité. Au lieu de reconnaître tout de suite la faute commise, les autorités du pays s’étaient alors embourbées dans une communication brouillée et chaotique, préférant démentir trois jours durant leur responsabilité avant de se rétracter et de présenter leurs excuses aux Iraniens. Alors que l’assassinat de Kassem Soleimani avait permis de rallier de larges pans de la population autour du drapeau national, les mensonges du pouvoir ont contribué à raviver l’ire d’une partie des Iraniens qui s’est rassemblée en petits groupes à travers le pays pour crier sa colère, sans que ces manifestations n’atteignent l’ampleur du mouvement de contestation qui avait pris de court l’Iran à partir de novembre 2019.Le pouvoir semble avoir tiré quelques leçons de cette expérience. Pour l’heure, peu de tergiversations dans la reconnaissance des faits qui se sont déroulés en fin de semaine dernière ont été enregistrées. « Cet accident est très triste pour nous tous », a ainsi twitté sayyed Mohammad Razavi, conseiller média auprès des politiciens conservateurs.Ce nouvel incident suscite néanmoins un regain de critiques contre les autorités sur les réseaux sociaux. Le New York Times rapporte ainsi les propos publiés sur Twitter par un journaliste proche des réformateurs : « Tirer sur vos propres cibles, qu’elles soient militaires ou civiles, dans un laps de temps si court n’est pas une simple erreur humaine. C’est un échec catastrophique de gestion et de commandement. » Des accusations formulées alors que la confiance entre la population et le pouvoir s’est encore détériorée au cours des derniers mois, à mesure que s’est propagée la pandémie liée au coronavirus. L’Iran est le pays du Moyen-Orient le plus touché par le Covid-19. Dans le collimateur des détracteurs du pouvoir, un confinement décrété trop tardivement et la rétention d’informations quant au nombre véritable de contaminés et de morts.

Nouveau coup dur pour Téhéran. Pour la deuxième fois en cinq mois, la République islamique fait les gros titres de la presse mondiale pour un « accident de missile ». Dimanche après-midi, au cours d’un exercice naval dans le golfe de Oman, un navire de soutien logistique iranien, le Konarak, a été accidentellement frappé par un missile, initié par un tir ami. L’Iran...

commentaires (2)

Les armées du tiers-monde ne doivent que former des commandos et des élites militaires, parce qu'en cas de guerre contre les USA, tout ce matériel maritime naviguant à découvert sera détruit en 10 minutes maximum, et les avions de chasse également. Said Akl pensait par exemple que 100'000.- soldats bien entraînés avec des armes légères suffiraient à protéger le Liban. Il n'avait pas tort !

Shou fi

15 h 06, le 12 mai 2020

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Commentaires (2)

  • Les armées du tiers-monde ne doivent que former des commandos et des élites militaires, parce qu'en cas de guerre contre les USA, tout ce matériel maritime naviguant à découvert sera détruit en 10 minutes maximum, et les avions de chasse également. Said Akl pensait par exemple que 100'000.- soldats bien entraînés avec des armes légères suffiraient à protéger le Liban. Il n'avait pas tort !

    Shou fi

    15 h 06, le 12 mai 2020

  • Vous oubliez aussi l'incident en Syrie. Et Hassouna qui faisait l’éloge de la précision des missiles iraniens. Avec une telle précision ni Israël ni les occidentaux n'ont pas vraiment beaucoup de soucis a se faire car eux ils sont plus que précis.

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 42, le 12 mai 2020

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