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Politique - Crise

Rencontre de Baabda : pas de caution nationale au plan de redressement

La réunion des chefs des blocs parlementaires, marquée par la participation surprise de Samir Geagea, met en exergue les divergences au sein de l’opposition.


Le chef de l'État Michel Aoun présidant mercredi la réunion des chefs de blocs parlementaires au palais de Baabda. Photo Dalati et Nohra

La rencontre élargie tenue mercredi au palais de Baabda n’a peut-être pas permis au pouvoir d’obtenir l’appui national qu’il espérait à son plan de redressement économique, puisqu’elle ne lui a apporté que la caution des parties politiques qui lui sont alliées. Mais cette réunion consacrée à exposer aux chefs des groupes parlementaires le plan de réformes économiques adopté jeudi dernier par le gouvernement de Hassane Diab s’est tenue dans un climat politique apaisé et a surtout mis en exergue les divergences de l’opposition qui semble avoir abandonné l’idée d’un front uni.

La réunion était censée rassembler le plus large nombre de figures politiques autour du chef de l’État, Michel Aoun, dans une volonté de donner davantage de légitimité au plan Diab qui ne fait pas l'unanimité. Si la plupart des chefs des groupes parlementaires représentés au gouvernement ou le soutenant ont répondu présents, à l’exception notable du chef des Marada Sleiman Frangié, c'est le chef des Forces libanaises Samir Geaegea qui a créé la surprise en arrivant au palais présidentiel après avoir maintenu jusqu’au bout le suspense sur sa participation. Le leader des FL a cependant été accueilli froidement par le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, qui ne l’a pas salué et a gardé le dos tourné pour converser avec l’ancien ministre Talal Arslane. Quant au chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, qui a fait un geste en direction du chef de l’État en effectuant une visite impromptue à Baabda lundi, il s’est excusé en raison d’un rendez-vous médical, mais a pris soin d’adresser ses remarques écrites sur le plan du gouvernement au président, selon notre correspondante Hoda Chedid.

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Par conséquent, le leader du courant du Futur, Saad Hariri, s’est démarqué par son absence qui pourrait signifier sa détermination à poursuivre, seul, sa campagne tous azimuts contre Baabda et le CPL, tout en ménageant le Hezbollah. Des sources politiques rapportent toutefois qu'une médiation serait également en cours entre la Maison du Centre et Baabda, après celle qui a rapproché Walid Joumbatt et le chef de l’État. L’absence du chef des Kataëb, Samy Gemayel, était conforme à leur ligne politique de parti d’opposition. Pour sa part, l’ancien Premier ministre Nagib Mikati avait l'intention de déléguer le député Nicolas Nahas, mais s'est vu indiquer que seuls les chefs de blocs parlementaires étaient invités. Quant au gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé et aux représentants du secteur bancaire et des organismes économiques, ils n’ont pas été conviés à la réunion.

« Pas gravé dans le marbre »
A l'ouverture de la réunion, le président Michel Aoun a souligné que celle-ci intervient alors que le pays est confronté à d’importants défis qui « nécessitent une approche unifiée ». « Le plan de sauvetage du pays (...) ne peut relever de la responsabilité d’un seul parti politique ni (...) d’un pouvoir unique. Sortir du sombre tunnel que nous traversons relève de la responsabilité de tout un chacun », a prévenu le président, appelant à « mettre de côté les règlements de compte politiques ». Il a souligné que la demande d'aide au Fonds monétaire international, sur la base du plan de sauvetage, « est la voie inévitable pour nous permettre de redresser la situation, à condition de réussir une négociation qui ne nous mette pas sous tutelle ou sous une quelconque mainmise », reprenant ainsi la position du Hezbollah. Le Premier ministre Diab a également estimé que « le dialogue » était nécessaire, assurant que le plan de son gouvernement n’était « pas gravé dans le marbre » et pouvait être amélioré, avant de céder la parole au ministre des Finances, Ghazi Wazni, qui a exposé les grandes lignes du plan. M. Wazni a notamment indiqué que les négociations pour la restructuration de la dette « ont commencé il y a deux semaines ». « Les pertes de la Banque du Liban sont estimées à environ 63 milliards de dollars, et l'économie de rente ne peut plus continuer. Il faut soutenir les secteurs productifs », a encore plaidé le ministre.

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La réunion s’est ensuite tenue à huis clos, mais le chef du CPL a pris soin de communiquer à la presse son intervention, relevant les points « positifs et négatifs » du plan de redressement. Parmi les points positifs, Gebran Bassil a cité « le fait d'avoir tranché la question du recours au FMI » et « la fin de la politique monétaire, qui était coûteuse, et consistait à stabiliser le taux de la livre par rapport au dollar ». En ce qui concerne les points négatifs, Gebran Bassil a exprimé ses craintes que « notre modèle économique libre ne soit pas protégé et que les secteurs bancaires et privés ne soient pas défendus ». Il a également reproché au plan de ne pas accorder la priorité à la lutte contre la corruption et à la restitution des fonds pillés.

Les participants ont affirmé dans un communiqué final soutenir le plan du gouvernement, mais M. Geagea a souligné son opposition au texte.

« Au cœur de l'opposition »
Le chef des FL a profité de la tribune du palais présidentiel pour exprimer sa position, somme toute assez modérée. « Nous voulons que ce gouvernement réussisse, mais jusqu'à présent, nous n'avons vu aucune mesure qui prouve qu’il diffère des précédents », a-t-il dit. « Pour que nous acceptions ce plan, nous avons des pré-conditions car le gouvernement n'a pris aucune mesure pour fermer les passages frontaliers illégaux, réformer les douanes et le secteur de l'électricité et mettre un terme à la dilapidation des fonds et à la corruption », a déploré M. Geagea. Des mesures dont la plupart devraient être adoptées logiquement dans le cadre du plan de redressement. Le chef des FL a tenu à souligner que sa formation est « au cœur de l’opposition », mais a reconnu qu’il n’y a avait pas eu de progrès vers la constitution d’un front uni avec Saad Hariri et Walid Joumblatt. « Chacun s'oppose à sa manière, et nous ne sommes pas parvenus à former un front d'opposition uni », a-t-il dit.

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Hercule, es-tu là ?

Une source FL explique à L’Orient-Le Jour que la participation de leur leader à la réunion de Baabda est cohérente avec la position de principe du parti de respecter les institutions. « Nous respectons les institutions de l’État, nous participons aux séances législatives et aux commissions parlementaires, pourquoi devrions-nous boycotter la présidence ? » se demande cette source. « La présidence a déjà appelé à de telles réunions par le passé, et nous avons répondu présents ».

Le courant du Futur ne voit pas les choses du même œil. « Un tel plan doit être soumis par le Conseil des ministres au Parlement pour qu’il y soit discuté », souligne à L’OLJ une source de cette formation, qui s’insurge également contre le fait que « les concertations devaient intervenir avant l’adoption du plan, et non après ». Mais ce qui inquiète surtout la formation de Saad Hariri – appuyé par les anciens Premiers ministres – est la dérive vers un régime présidentiel. « Nous sommes un régime parlementaire et non présidentiel, dénonce cette source. Le président de la République ne peut pas décider de convoquer qui il veut, quand il veut ».


La rencontre élargie tenue mercredi au palais de Baabda n’a peut-être pas permis au pouvoir d’obtenir l’appui national qu’il espérait à son plan de redressement économique, puisqu’elle ne lui a apporté que la caution des parties politiques qui lui sont alliées. Mais cette réunion consacrée à exposer aux chefs des groupes parlementaires le plan de réformes économiques...

commentaires (7)

PLAN DE VOL DES ECONOMIES DES DEPOSANTS AGES POUR LA MAJORITE ECRASANTE ET QUI VIVENT DE CES ECONOMIES POUR LE RESTE DE LEUR VIE. LES EN PRIVER C,EST LES CONDAMNER A LA FAIM OU AU SUICIDE ! ET ON EN A VU DEJA....

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 15, le 07 mai 2020

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Commentaires (7)

  • PLAN DE VOL DES ECONOMIES DES DEPOSANTS AGES POUR LA MAJORITE ECRASANTE ET QUI VIVENT DE CES ECONOMIES POUR LE RESTE DE LEUR VIE. LES EN PRIVER C,EST LES CONDAMNER A LA FAIM OU AU SUICIDE ! ET ON EN A VU DEJA....

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 15, le 07 mai 2020

  • Le puzzle des drapeaux: 1 drapeau signifierai l'unité du peuple derrière l'unicité de la patrie. 18 drapeaux signifierai les 18 communites religieuses toutes unies par la même confession libanaise... Mais 10 ça symbolise quoi exactement?? Où c'est juste pour des raisons décoratives! Pauvre drapeau!

    Wlek Sanferlou

    13 h 41, le 07 mai 2020

  • ...un rendez-vous médical comme excuse...ne pas saluer un collègue...ne pas participer uniquement pour des raisons d'opposition-vengeance... communiquer à la presse son intervention...à une séance tenue à huis clos !!!...que des comportements dignes et qui nous prouvent une fois de plus le degré d'éducation de certains de nos...comment les nomme-t-on..."responsables"...??? Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 59, le 07 mai 2020

  • RESULTAT ? QU,EN EST-IL DU PROJET QUI DEVALISE LES ECONOMIES D,UNE VIE DES GENS AGES ET N,AYANT D,AUTRES REVENUS ? L,ETAT SERAIT-IL LE VOLEUR PAR EXCELLENCE DES ECONOMIES DES GENS ET LES CONDAMNE A LA PAUVRETE OU BIEN AU SUICIDE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 53, le 07 mai 2020

  • PREMIER PARAGRAPHE FIN PREMIERE LIGNE ET DEBUT SECONDE LIGNE, N,A PEUT-ETRE PAS ETC...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 39, le 07 mai 2020

    • Merci, l'erreur a été corrigée.

      L'Orient-Le Jour

      08 h 29, le 07 mai 2020

  • De toute facon ne chercher pas encore une réunion pour rien heureux qu il n y a pas eu une commission nommée . Un libanais ne parle que d argent , mais faire des vrais reformes il nomme des commissions ou il demande aux chefs réligieux c est qui ont le pouvoir.

    youssef barada

    01 h 14, le 07 mai 2020

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