Rechercher
Rechercher

Société - Ministres/Coronavirus

« Nous sommes considérés comme des kamikazes »

Comment certains membres du gouvernement concilient leurs activités avec l’appréhension des risques sanitaires.

Le ministre de l’Économie Raoul Nehmé (au centre).

En ce temps de coronavirus, tandis que la majorité des Libanais observent depuis bientôt deux mois le confinement dans le cadre des mesures obligatoires du ministère de la Santé, les ministres continuent comme en période normale de se rendre sur leurs lieux de travail, tant au Sérail et au palais présidentiel que dans leurs ministères respectifs. Pour eux, pas de mode numérique, peu de visioconférences, mais une présence sur place, voire des réunions qui s’éternisent. Comment parviennent-ils à concilier leurs appréhensions sanitaires avec la nécessité de remplir leur mission dans un contexte de crise qui exige d’eux une grande mobilisation ?

« Nous sommes considérés comme des kamikazes pour avoir accepté d’être nommés ministres dans les circonstances actuelles », lance d’emblée le ministre de l’Économie, Raoul Nehmé, interrogé par L’Orient-Le jour. « Un risque supplémentaire ne va rien changer à notre détermination à poursuivre notre mission », tranche-t-il, tout en assurant qu’il prend « les précautions nécessaires ». Il y a une quinzaine de jours, il ne s’était pourtant pas empêché de se réunir avec des manifestants parvenus à pénétrer dans l’enceinte de son ministère pour crier leur colère contre l’augmentation incontrôlée des prix de consommation. « Les protestataires ont choisi à ma demande quelques représentants que j’ai reçus dans mon bureau, dans le respect de la distanciation sociale », affirme M. Nehmé. Questionné sur les mesures qu’il prend à l’égard de sa famille, une fois rentré à domicile, le ministre indique que son épouse se trouve bloquée en France, en raison de la crise sanitaire. « Je ne souhaite pas pour l’heure qu’elle retourne au pays dans l’un des avions affrétés pour le rapatriement », confie-t-il, estimant que « le danger de contracter le coronavirus en avion n’est pas minime ».


Les ministres ne lésinent pas sur les moyens de protection. Photos Dalati et Nohra


Aux côtés du ministre de la Santé
Lamia Yammine, ministre du Travail, se félicite quant à elle que son fîls aîné âgé de 20 ans soit rentré de Londres avant la suspension des vols réguliers. Mais elle confie qu’au début de la période de confinement, elle avait ressenti quelque crainte, redoutant d’être un vecteur potentiel de contamination pour sa famille de quatre enfants. À la longue, ses appréhensions ont diminué, d’autant, souligne-t-elle, que les mesures de précaution sont scrupuleusement suivies au palais présidentiel et au Grand Sérail. Elle-même ne lésine pas sur les gestes qui la protègent. « J’ai en permanence des solutions antiseptiques à portée de main ; ma voiture est un vrai laboratoire », plaisante-t-elle. Dans ses déplacements, les règles pour éviter toute transmission du virus sont respectées. « Le chauffeur et moi-même portons un masque, et je m’installe à l’arrière. » Aujourd’hui, Mme Yammine est plus tranquillisée. « Nous avons été testés négatifs aux tests du PCR subis il y a quelques jours », révèle-t-elle, avant d’admettre : « J’avoue que je manifestais souvent des signes d’inquiétude, d’autant que ma place en Conseil des ministres est à côté du ministre de la Santé Hamad Hassan, qui est plus exposé, vu la nature de sa mission. »

Ghada Chreim, ministre des Déplacés, est l’autre voisine de M. Hassan. « Ma proximité avec le ministre de la Santé a suscité beaucoup d’anecdotes. Des amis m’ont conseillé de changer de place, sans savoir que le protocole impose aux ministres de s’asseoir lors de chaque séance sur le siège qui leur a été imparti », indique-t-elle. Pour Mme Chreim, l’appréhension s’accroît lorsqu’on entend une personne tousser dans la salle de réunion. « Entendre quelqu’un tousser, c’est percevoir l’alarme », lance-t-elle dans une boutade, en allusion à un ministre ayant présenté ce symptôme, qui s’est avéré simplement grippal puisque tous ses tests étaient négatifs. Pour ce qui est du travail dans son ministère, Mme Chreim indique qu’il se fait à l’heure actuelle en interne seulement. Exit donc les requêtes, qui devront attendre la fin du confinement. Le nombre de jours d’ouverture a par ailleurs été baissé à quatre par semaine. Quant aux fonctionnaires, ils assurent leurs horaires de travail selon un système de rotation, de sorte que 60 % au maximum soient présents en même temps.

Lire aussi

Coronavirus : la seconde vague de contamination risque d’être plus meurtrière

Interrogé sur l’inquiétude ressentie par Mmes Yammine et Chreim en raison de leurs places proches de la sienne, le ministre de la Santé Hamad Hassan affirme, en souriant, qu’à l’instar des habitants de Baalbeck dont il est originaire, il conserve toujours « une certaine distance » avec les dames, abstraction faite du risque sanitaire. « C’est surtout Mme Yammine qui a une profonde peur d’être à proximité de moi. Un jour, après une tournée au Liban-Nord, je lui ai fait remarquer que je me suis trouvé en contact avec de nombreux habitants de sa région (la ministre du Travail est originaire de Zghorta). » L’histoire ne dit pas si cette réflexion a apaisé Mme Yammine ou au contraire, l’a davantage effrayée. Sauf que ce médecin spécialisé en virologie et diagnostic moléculaire, et chef des sciences de laboratoire à la faculté de médecine de l’Université libanaise, assure que lors de ses déplacements, il prend des mesures strictes de prévention. « Si je ne veux pas être atteint du virus, c’est certes pour ma santé, mais aussi parce qu’étant le “commandant” de la bataille contre le Covid-19, ma contamination aurait un impact psychologique sur les gens. » Pour M. Hassan, « afin de dépasser la pandémie, il faut pouvoir agir avec connaissance, intelligence, et habileté ».

La ministre des Déplacés Ghada Chreim derrière sa visière.


Diplomatie du téléphone
Du côté du palais Bustros, les effectifs sont réduits durant la crise sanitaire. Mais le ministre des Affaires étrangères, Nassif Hitti, s’y rend tous les jours. « Chaque matin, je suis à mon bureau dès 8h30 », affirme-t-il, déplorant néanmoins l’absence de réunions. « Je ne reçois quasiment plus d’ambassadeurs et autres personnalités étrangères, les entretiens se font au téléphone. » Ce qu’il appelle « la diplomatie du téléphone » ne remplace pas, selon lui, « l’importance et la nécessité de se réunir physiquement ». « Si la technologie permet de limiter les dégâts, elle ne donne pas toutefois l’avantage du contact personnel que procurent les séances de dialogue face à face », explique M. Hitti, qui évoque par ailleurs le fait de ne pas pouvoir se rendre à l’étranger pour s’entretenir avec ses homologues. « Le travail continue d’une autre façon, et je m’y adapte. J’ai par exemple participé jeudi à une vidéoconférence présidée par le secrétaire général de la Ligue arabe, à laquelle ont pris part 21 ministres arabes des Affaires étrangères », relève-t-il. Au plan local, le chef de la diplomatie déclare n’avoir pas de crainte quant aux risques sanitaires potentiels lorsqu’il participe aux Conseils des ministres. « Les dispositifs de précaution et l’imposition des gestes barrières y sont drastiques », assure-t-il, avouant à cet égard : « Le masque de protection m’étouffe. »



Covid-19 : la seconde phase du déconfinement entamée aujourd’hui

La seconde phase du déconfinement progressif sera entamée aujourd’hui. Elle se déroulera dans le respect des mesures de distanciation sociale contre le coronavirus et englobera les restaurants, les salons de coiffure, ainsi que les expositions de voitures d’occasion et les concessionnaires de voitures neuves.

Selon le mémorandum publié hier par le ministère de l’Intérieur à cet effet, les restaurants seront autorisés à rouvrir leurs portes tous les jours de la semaine de 5 heures à 21 heures, mais ne pourront accueillir des clients qu’à 30 % de leur capacité totale. Ils ne sont pas en outre autorisés à proposer le narguilé, sous peine de fermeture.

Quant aux salons de coiffure, ils ouvriront également leurs portes de 8h à 17h. Les salons pour homme accueilleront leurs clients les lundis, mardis et mercredis, uniquement pour la coupe de cheveux, et les salons pour femme les jeudis, vendredis et samedis, seulement pour les coupes et la manucure.

Les expositions de voitures d’occasion et les concessionnaires de voitures neuves sont également autorisés à rouvrir tous les jours de la semaine de 8h à 17h.

Les cafés, les clubs sportifs ainsi que les terrains de sports intérieurs et extérieurs resteront fermés.

Les marches sur les corniches du front de mer sont également autorisées de 5h à 19h.

Les citoyens sont appelés à sortir de chez eux avec un masque couvrant le nez et la bouche, et à respecter la distanciation sociale pour éviter la propagation du coronavirus.

De leur côté, les Forces de sécurité intérieure ont précisé dans un communiqué que la circulation alternée est maintenue, sachant que les dimanches, tous les véhicules peuvent circuler.

En ce temps de coronavirus, tandis que la majorité des Libanais observent depuis bientôt deux mois le confinement dans le cadre des mesures obligatoires du ministère de la Santé, les ministres continuent comme en période normale de se rendre sur leurs lieux de travail, tant au Sérail et au palais présidentiel que dans leurs ministères respectifs. Pour eux, pas de mode numérique, peu de...

commentaires (5)

LA MARQUE ENREGISTREE DE CE CABINET- TRADE MARK - ? ILS NE FINISSENT PAS DE NOUS LA RAPPELER ! ILS ONT ACCEPTE CE BOULOT MALGRE LES DIFFICULTES (HERITEES BLA BLA BLA ), ILS SE SACRIFIENT POUR NOUS, ILS ONT DEJA ACCOMPLI UN TAS DE....... ( MEME EUX NE LE PRECISENT PAS ), A PART TROUVER LE BAUDET SIS A HAMRA BIEN SUR.

Gaby SIOUFI

11 h 15, le 04 mai 2020

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • LA MARQUE ENREGISTREE DE CE CABINET- TRADE MARK - ? ILS NE FINISSENT PAS DE NOUS LA RAPPELER ! ILS ONT ACCEPTE CE BOULOT MALGRE LES DIFFICULTES (HERITEES BLA BLA BLA ), ILS SE SACRIFIENT POUR NOUS, ILS ONT DEJA ACCOMPLI UN TAS DE....... ( MEME EUX NE LE PRECISENT PAS ), A PART TROUVER LE BAUDET SIS A HAMRA BIEN SUR.

    Gaby SIOUFI

    11 h 15, le 04 mai 2020

  • COMME VOS PREDECESSEURS QUI VOUS ONT NOMME VOUS ETES DES IRRESPONSABLES ET DES INCOMPETENTS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 55, le 04 mai 2020

  • Personne ne vous a obligé d'accepter vos postes......De plus, les kamikazes se donnaient volontairement la mort pour sauver l'honneur de leur pays. Alors que vous,......

    Tabet Karim

    09 h 24, le 04 mai 2020

  • C’est la blague du jour : les coiffeurs pour hommes ouverts les l’uni, mardi et mercredi. Les coiffeurs pour femme les jeudi, vendredi et samedi. Sachant que dans 95% des cas, les salons de coiffure pour hommes et femmes sont différents, c’est bien une décision d’un technocrate bac moins 7

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 38, le 04 mai 2020

  • Bravo à toute l'équipe gouvernementale et merci pour tous les efforts assidus et les bons résultats de la gestion de cette crise (et toutes les autres, bientôt, bien sûr)!!!

    NAUFAL SORAYA

    07 h 08, le 04 mai 2020

Retour en haut