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Société - Commémoration

Génocide arménien : une 105e commémoration adaptée aux circonstances de la crise sanitaire

Un flambeau sillonnant les rues et des bougies allumées sur les rebords des fenêtres ont remplacé les marches traditionnelles du souvenir, en conformité avec les règles de distanciation sociale.

Un homme allumant à Bourj Hammoud les bougies à la mémoire des victimes du génocide arménien. Photo Joao Sousa

Temps de coronavirus oblige, la commémoration du 105e anniversaire du génocide arménien, perpétré à partir du 24 avril 1915 par les troupes de l’Empire ottoman, a été célébrée hier au Liban d’une manière différente de celle des autres années. Pas de rassemblements ni de marches et cortèges pour rendre hommage à près d’un million et demi d’Arméniens tués durant la Première Guerre mondiale. Mais un flambeau sillonnant les rues et des bougies sur les rebords des fenêtres et balcons, allumées par plusieurs centaines de Libanais arméniens attachés à leur cause et à faire reconnaître dans le monde le génocide de leurs ascendants, toujours nié par la Turquie.

Organisé à l’initiative des partis Tachnag, Hentchag et Ramgavar, l’événement démarre à 19h30 par l’allumage d’un flambeau sur la place de Bourj Hammoud, en présence des chefs des trois formations, respectivement le député Hagop Pakradounian, l’ancien député Sebouh Kalpakian et Sevag Hagopian. Sont également présents les dignitaires religieux des communautés arméniennes, en l’occurrence l’évêque arménien-orthodoxe, Mgr Chahé Panossian, l’évêque arménien-catholique, Mgr Kevork Assadourian, et le pasteur protestant, Paul Hagdostian, président de l’Université Haigazian, ainsi que le président du conseil municipal de Bourj Hammoud, Mardig Boghossian.

La cérémonie est diffusée en direct par Cilicia TV, plate-forme audiovisuelle sur Facebook du patriarcat arménien-orthodoxe de Cilicie (Antélias).

Afin de transmettre également en direct les images des fenêtres et balcons éclairés par la lueur des bougies, des équipes mobiles de photographes sillonnent les rues de Beyrouth, du Metn, de Jbeil, Tripoli, Anjar, Baalbeck, Zahlé et Chtaura. À travers le toit ouvrant d’une voiture aux couleurs des drapeaux arménien et libanais, le flambeau allumé à Bourj Hammoud poursuit aussi son parcours, sur fond de chants arméniens et de commentaires réclamant la reconnaissance du génocide par la Turquie. La flamme est saluée à son passage par des habitants dont beaucoup descendent dans la rue pour éterniser ces moments remplis d’émotion. Vers 21h30, les équipes mobiles rejoignent enfin le catholicossat d’Antélias pour transmettre sur Facebook une cérémonie de 30 minutes organisée dans la cour et inaugurée par un allumage de cierges. Des représentants des partis et associations arméniens déposent ensuite des gerbes de fleurs au pied du mémorial aux victimes du génocide. Place alors à un programme culturel émaillé de chants inspirés du passé douloureux des Arméniens, accompagnés de piano et de guitare. En clôture, est récité un poème qui avait été écrit à la suite des massacres par un auteur arménien traditionnel. Interrogé par L’Orient-Le Jour, Hagop Havatian, responsable du département de l’information au parti Tachnag, affirme que « si le contexte sanitaire exceptionnel a imposé une organisation exceptionnelle, l’hommage rendu cette année est aussi grand et significatif que les hommages rendus dans les défilés, discours et festivals lors des années précédentes ». « Quelles que soient les circonstances, le travail de mémoire se poursuivra et nos droits ne mourront pas », assure M. Havatian. « Nous continuerons à réclamer que nos préjudices moraux et matériels soient réparés, en mettant fin au négationnisme et en nous restituant nos terres ancestrales », précise-t-il.

Ce matin à 10h, le catholicos de Cilicie Aram Ier célébrera une messe à la mémoire des victimes au siège du patriarcat arménien-orthodoxe, au cours de laquelle le prélat prononcera une homélie. Seules 40 personnes suivront la messe, dont des députés et ministres arméniens, des représentants des partis et associations arméniens et de l’ambassade d’Arménie au Liban. Chaque participant sera installé à 4 mètres de l’autre, dans le respect des règles de distanciation sociale.

Les autres génocides

Le génocide arménien a été commis dans le cadre d’une politique officieuse menée à la même époque par l’Empire ottoman contre les minorités chrétiennes de la région. C’est ce que tient à rappeler l’avocat Akram Azouri, descendant de Nagib Azouri, père du nationalisme arabe. « Tout en nous souvenant douloureusement du génocide arménien, nous nous rappelons de Seyfo, un génocide qui a exterminé plus de la moitié des assyriens, syriaques, chaldéens et araméens, dans le nord de la Syrie (Qamechli), de l’Irak et de l’Iran. Nous n’oublions pas non plus le siège contre la province autonome du Mont-Liban lancé par le gouverneur ottoman, Jamal Pacha, dans le but de décimer par la famine les populations maronite et druze », martèle Me Azouri.


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commentaires (1)

Un triste anniversaire à ne jamais oublier. Le genocide arménien est le souvenir de la 1ere barbarie du siècle dernier .

FRIK-A-FRAK

13 h 59, le 24 avril 2020

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Commentaires (1)

  • Un triste anniversaire à ne jamais oublier. Le genocide arménien est le souvenir de la 1ere barbarie du siècle dernier .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 59, le 24 avril 2020

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