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Économie - Coronavirus

"La France devrait connaître en 2020 une chute du PIB d'au moins 8%"

Pour le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, l'Etat "joue un rôle d'amortisseur majeur", face à la crise.

La crise actuelle "est totalement inédite dans sa nature, et plus violente que les crises précédentes", observe le gouverneur de la Banque de France dans une interview au Journal du dimanche. Joel Saget/AFP

La crise due au coronavirus devrait faire chuter le PIB français d'"au moins 8%" cette année en fonction de la durée de "l'acte II" du déconfinement jusqu'à la reprise complète, indique le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau.

La crise actuelle "est totalement inédite dans sa nature, et plus violente que les crises précédentes", observe le gouverneur dans une interview au Journal du dimanche. "La France devrait connaître en 2020 une chute du PIB d'au moins 8%", estime-t-il. Le gouvernement table actuellement sur -8%. "Chaque quinzaine de confinement entraîne une baisse de la croissance annuelle d'environ 1,5 point et presque autant en matière de déficit budgétaire supplémentaire", rappelle-t-il.


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Pour autant, "nous ne passerons (...) pas d'un coup à une reprise normale" avec le déconfinement à partir du 11 mai, anticipe-t-il: "Ce sera un acte II, où il faudra faire grandir en même temps la confiance sanitaire et la confiance économique, pour les entrepreneurs comme pour les salariés." "Nous ne connaissons pas encore la durée de l'acte II jusqu'à la reprise complète", souligne M. Villeroy de Galhau.

Pour lui, l'Etat "joue un rôle d'amortisseur majeur", face à la crise: "L'intervention publique massive a absorbé au moins les deux tiers du choc, et réduit d'autant son impact pour les ménages et les entreprises". "Son rôle protecteur devrait diminuer au fur et à mesure de la reprise dans les différents secteurs", prévoit-il, "d'autant que, bien sûr, cet amortisseur collectif devra être payé dans le futur".

"La France va sortir de ce choc avec une dette publique accrue d'au moins 15 points de PIB, à 115%. Dans la durée, il faudra rembourser cet argent", insiste le gouverneur. "Il faudra viser une gestion plus efficace, d'autant que les Français ne souhaitent pas payer plus d'impôts", prévient-il. En attendant, "il est trop tôt pour (...) dire" si les 110 milliards mobilisés par l'Etat pour soutenir l'économie suffiront.


"Etre pragmatique et sélectif"

M. Villeroy de Galhau se réjouit du "succès" des prêts garantis par l'Etat (PGE) permettant aux entreprises d'obtenir un prêt auprès de leur banque habituelle pour surmonter les difficultés qu'elles rencontrent à cause du confinement. "Les banques ont enregistré 290.000 demandes de prêts pour un montant de 55 milliards d'euros", indique-t-il. "On est à 20.000 demandes supplémentaires par jour".


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"Autre élément favorable: les bénéficiaires des PGE sont surtout des TPE (très petites entreprises, NDLR) de moins de 10 salariés, qui représentent près de 90% des décisions et plus de la moitié des montants. Sans surprise, les premiers secteurs concernés sont le commerce et l'hébergement-restauration".

"A l'avenir, il faudra voir si toutes les entreprises retrouvent la capacité financière pour rembourser leur prêt", prévoit-il. "On pourrait envisager, au cas par cas, notamment pour les secteurs les plus durablement touchés, que les reports de charges fiscales et sociales deviennent des abandons, voire imaginer des apports en quasi-fonds propres", évoque-t-il: "Mais il faudra être pragmatique et sélectif car il s'agit d'argent public".


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Une relance de la consommation est envisageable, étant donné que de nombreux Français dépensent moins que ce qu'ils gagnent avec le confinement. Cette différence "devrait être demain un réservoir d'achats, et donc de croissance" pour peu qu'ils soient "rassurés sur le plan sanitaire", selon lui.

"Il faut être prudent, mais le FMI prévoit que la France pourrait retrouver l'an prochain (en 2021) une croissance forte à + 4,5%", note-t-il. "Les billets de banque ne sont pas plus porteurs de virus que d'autres objets et les distributeurs sont normalement approvisionnés et le resteront durablement", rassure par ailleurs M. Villeroy de Galhau.


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