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Culture - Littérature

En France, le monde de l'édition attend la fin du confinement avec espoir et crainte

Sur l'ensemble de l'année, le chiffre d'affaires des éditeurs, en France, pourrait enregistrer une baisse de 20 à 30%.


Un passant devant une librairie fermée, à Paris, le 17 avril 2020, pour cause de confinement. AFP / ERIC PIERMONT

Les Français "déconfinés" devraient pouvoir retrouver le chemin de leurs librairies, fermées depuis la mi-mars en raison de l'épidémie de Covid-19, à partir du 11 mai mais cette perspective enchante autant qu'elle suscite des craintes.

"Une des priorités, c'est de rouvrir le plus rapidement possible les librairies après le 11 mai", a affirmé le ministre de la Culture Franck Riester jeudi sur France Inter. "Cela doit se faire avec les représentants des libraires, en respectant les règles sanitaires, mais c'est essentiel que nos compatriotes puissent aller à nouveau dans leur librairie de proximité pour acheter des livres", a ajouté le ministre.

Pour Antoine Gallimard, patron du groupe Madrigall (Gallimard, Flammarion, Folio, J'ai Lu, Denoël...), les librairies doivent impérativement rouvrir le 11 mai pour sauver un secteur de l'édition au bord de l'asphyxie. "L'ensemble des librairies, sauf quelques points de vente, a dû fermer. Or, la librairie est le coeur de notre métier. On a perdu presque 90% de notre chiffre d'affaires" depuis le début du confinement, a indiqué Antoine Gallimard jeudi sur France Info.

Sur l'ensemble de l'année, le chiffre d'affaires des éditeurs pourrait enregistrer une baisse de 20 à 30%.

Le nombre d'ouvrages vendus s'est effondré depuis le début du confinement. Sur la période du 16 mars au 12 avril, les ventes de livres ont chuté de 66% en valeur et de 58,5% en nombre d'exemplaires, d'après les données établies vendredi par l'institut GfK pour le magazine professionnel Livres Hebdo.

Depuis le 16 mars, seule une partie des réseaux de vente (maisons de presse, hypermarchés, sites de vente en ligne) ont pu poursuivre plus ou moins normalement leur activité. Certes, une hausse sensible des ventes a été enregistrée dans le secteur du livre numérique et du livre audio, mais ce secteur demeure extrêmement marginal.

Le Syndicat de la librairie française (SLF) qui rassemble les enseignes indépendantes n'est pas opposé au principe d'une réouverture des librairies mais seulement si "un cadre clair et maîtrisé" est mis en place.


Appel à étaler les parutions

Le SLF a demandé qu'un "protocole sanitaire fixant les règles à l'égard des salariés et des clients soit défini par le gouvernement". "Si l'obligation de porter un masque semble certaine, faudra-t-il également porter des gants? Faudra-t-il en fournir aux clients? Faudra-t-il disposer du gel hydro-alcoolique à l'entrée de chaque magasin, équiper les caisses de vitres? Si oui, comment se les procurer alors que la pénurie de ces produits est encore forte?", s'interroge le syndicat.

Chacun s'accorde pour reconnaître que le redémarrage du secteur sera "lent et difficile". L'activité "normale" des librairies ne reprendra certainement pas avant septembre ou octobre, estiment des libraires contactés par l'AFP. "Cela doit nous inciter à la plus grande prudence sur le plan commercial", souligne Xavier Moni, président du SLF.

Alors que les éditeurs ont reporté les sorties prévues en mars et avril, les libraires craignent un afflux de livraisons par les éditeurs dès la fin du confinement. "Nous demandons aux fournisseurs de limiter très fortement leurs prochains offices (les sorties de livres, NDLR) de nouveautés et de ne les lancer qu'à partir de juin", plaide le SLF.

Antoine Gallimard semble avoir reçu le message et a promis "une réduction des parutions de livres de l'ordre de 40% jusqu'à la fin de l'année". "Il faut considérer que notre métier va être en convalescence. On va donc être très raisonnable sur le nombre de parutions", a assuré l'éditeur.

Le patron des éditions Grasset, Olivier Nora, semble sur la même longueur d'ondes. "Il va nous falloir reprendre à zéro toute la programmation de nos titres sur les trente mois qui suivront la reprise des activités", a-t-il dit à Paris Match. "Si nous cédions collectivement à la tentation panique de reporter sur les trois mois ouvrables de l'automne les titres du printemps, cumulés à ceux initialement prévus, nous irions tout droit à l'asphyxie et au krach", a-t-il mis en garde.

Albin Michel a décidé de repousser à l'automne toutes les parutions de BD prévues ce printemps "pour aider les librairies à reprendre le plus sereinement possible leur activité".

Plus de 5.000 titres (nouveautés et nouvelles éditions) auraient dû être publiés entre mars et juin. Si ces titres devaient reparaître dès la fin du confinement ce serait "un cataclysme", craignent les libraires.


Les Français "déconfinés" devraient pouvoir retrouver le chemin de leurs librairies, fermées depuis la mi-mars en raison de l'épidémie de Covid-19, à partir du 11 mai mais cette perspective enchante autant qu'elle suscite des craintes."Une des priorités, c'est de rouvrir le plus rapidement possible les librairies après le 11 mai", a affirmé le ministre de la Culture Franck Riester jeudi...

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