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Nos Lecteurs ont la Parole

Quelle soirée !

Mes amies, mes amis... mais quelle soirée mémorable hier ! Ce genre de soirées où tout est possible et où tous les éléments sont là pour que la mayonnaise monte divinement bien, tout en étant onctueuse, bref délicieuse !

Ça a commencé dans un lounge parisien aux allures un peu sixties. On pouvait distinguer la ville parsemée de lumières lointaines. Un délice de musique et d’atmosphère qui me rappelle ces belles soirées des années 80, qui ressemblent beaucoup à un American Hustle. Nous sommes assis dans des egg chairs, ou bien dans de grands canapés collés les uns aux autres, enlacés et embrassés par la vie. Une sorte de partouze un peu bourgeoise. Les filles fument des cigarettes à filtres et ressemblent à des prostituées très chics des années 60. Déguisées ou pas, elles ont l’air bien plus élégantes que toutes ces ringardes qu’on pourrait croiser ailleurs. Elles sentent bon et pas fort, poudrées mais pas trop. Elles sourient sans poser, sont belles et avenantes. Elles sont subtiles tout en étant coquines, très coquines, coquines mais pas putes. Nous sommes tous bien évidemment en veste, rasés et coiffés (oui j’ai des cheveux). Les tee-shirts et les casquettes n’existent pas, les ploucs non plus.

Le champagne et le whisky coulent à flots. Et du vrai champagne, c’est-à-dire servi très froid dans de beaux sceaux sans feux d’artifice ni autres artifices. Le Red est Label et n’a pas de Bull. Pour les plus costauds, y a aussi le Black, et le White pour les autres. Nous n’avons pas bougé jusqu’au lever du soleil. Il était inutile d’aller ici et là pour voir et être vus, car nous sommes au bon endroit avec les bonnes personnes.

Les premiers rayons de soleil commencent à transpercer les rideaux un peu dentelés, moment où nous avons libéré les lieux pour aller en bord de mer.

Nous avons marché sur la corniche pieds nus, escarpins et mocassins aux mains jusqu’à trouver une jolie jetée où nous nous sommes installés. Tout le bord de mer de Beyrouth est accessible. Les plages sont magnifiques, une mer propre et bleu azur nous tendait les bras.

Le réveil sonne et les notifications pleuvent sur mon téléphone, sans les lire je les balaye d’un geste brusque et le met en silence comme chaque jour depuis un mois de confinement. Je ne me plains pas, je suis content avec ma femme et mes enfants. J’ai la chance d’être très bien installé. Mais le sentiment le plus troublant c’est que je ne veux plus revenir comme avant, ni rester comme maintenant.

Je me rends compte que ce qui me manque vraiment n’était pas juste avant le confinement, mais bien plus lointain. Et on me l’a prit et on ne pourra jamais plus me le rendre. Mon Liban que je ne retrouverai jamais plus. Il m’a été dérobé, pillé, sali, détruit par des voyous mafieux. Je me demande si je ne suis pas mieux confiné à l’abri de tous ces animaux qui trôneront dans les rues bientôt. Au moins maintenant, je ne les vois pas quand je sors. Ça me rappelle les dimanches des années où le Liban avait encore un sens, où le Liban était un pays, mon pays.

Parfois j’oublie que la situation avant le confinement était pire, car les batailles étaient partout. Maintenant toute l’attention est sur le virus qui camoufle pour un moment le désastre que vont subir notre peuple et notre pays.

Pour tous ceux qui se battent encore pour le Liban, je vous admire et vous envie.

Ray-b

Raymond BÉCHARA

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Mes amies, mes amis... mais quelle soirée mémorable hier ! Ce genre de soirées où tout est possible et où tous les éléments sont là pour que la mayonnaise monte divinement bien, tout en étant onctueuse, bref délicieuse ! Ça a commencé dans un lounge parisien aux allures un peu sixties. On pouvait distinguer la ville parsemée de lumières lointaines. Un délice de musique...

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