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Politique - Meurtre

Affaire Alaa Abou Fakhr : des « pressions politiques » auraient été exercées pour libérer l’instigateur

Peter Germanos pourrait interjeter appel contre la décision du juge Fadi Sawan.

Un portrait de Alaa Abou Fakhr devant le tunnel de Nahr el-Kalb. Photo d’archives/ANI

Moins de cinq mois après le meurtre de Alaa Abou Fakhr, un cadre du Parti socialiste progressiste, assassiné le 12 novembre dernier à Khaldé et baptisé « Martyr de la révolution » du 17 octobre, le premier juge d’instruction militaire par intérim, Fadi Sawan, a accepté la demande de remise en liberté sous caution du colonel de l’armée N.D., instigateur au crime.

Le colonel de l’armée a dû payer une caution de 500 000 livres libanaises pour regagner sa liberté, à l’heure où son garde du corps, C.O., qui a exécuté le crime, est toujours en détention.

Cette décision de la justice militaire intervient près de deux mois après l’arrestation de l’accusé, comme le souligne à L’Orient-Le Jour Ihab Abou Fakhr, frère de Alaa Abou Fakhr. « Il est honteux que ceux qui incitent aux crimes paient une telle caution, alors que des protestataires qui ne font qu’exprimer leurs opinions dans la rue et sur les réseaux sociaux paient des millions de livres libanaises en guise de caution, et que des collaborateurs d’Israël sont tout simplement remis en liberté », déplore M. Abou Fakhr. Il faisait ainsi allusion à Amer Fakhoury, ancien cadre de la milice pro-israélienne de l’Armée du Liban-Sud et commandant de la prison de Khiam, accusé de collaboration avec Israël et de crimes de torture à l’encontre des détenus de Khiam. Arrêté au Liban en septembre dernier, il a été remis en liberté par le tribunal militaire, il y a plus de trois semaines, puis rapatrié aux États-Unis.


(Pour mémoire : Affaire Ala’ Abou Fakhr : le tribunal militaire décide d’arrêter le supérieur hiérarchique du tireur)



Coronavirus
Ihab Abou Fakhr semble en outre conscient du contexte difficile dans lequel la décision du juge Sawan a été émise. Elle est intervenue à l’heure où les autorités libanaises déploient des efforts pour réduire le nombre de détenus dans les prisons, afin d’y empêcher la propagation du coronavirus. Un prétexte peu convaincant pour la famille du « Martyr de la révolution ». « Ils (le pouvoir judiciaire) veulent le remettre en liberté sous prétexte de réduire l’effectif des prisonniers dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, sachant que la prison consacrée aux officiers n’est aucunement surchargée », souligne M. Abou Fakhr, faisant valoir que « des pressions politiques auraient été exercées sur la justice militaire pour rendre un tel jugement ». « Mais nous n’avons pas de preuves à l’appui », reconnaît-il.

À une question portant sur la prochaine étape, Ihab Abou Fakhr indique qu’en matière de justice militaire, la famille de la victime ne peut pas interjeter appel avant l’audience du jugement définitif.

Une source informée confie toutefois à L’OLJ que le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Peter Germanos, pourrait bien interjeter appel, comme le veut la famille d’Abou Fakhr, mais aussi les avocats chargés de suivre le dossier.

En attendant, le PSP a publié un communiqué dans lequel il s’est dit « surpris » face à la décision du juge Sawan, appelant à ce que les auteurs de crimes et leurs instigateurs « soient sanctionnés comme cela se doit ». Et le parti de réitérer son soutien à la famille du défunt et sa détermination à suivre le dossier en détail.



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commentaires (5)

Une bien triste affaire somme toute en rien comparable avec la libération d'un boucher collabo. Et puis c'est une affaire IN HOUSE.

FRIK-A-FRAK

14 h 04, le 08 avril 2020

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Commentaires (5)

  • Une bien triste affaire somme toute en rien comparable avec la libération d'un boucher collabo. Et puis c'est une affaire IN HOUSE.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 04, le 08 avril 2020

  • Bonjour l'indépendance du pouvoir judiciaire :-(

    Nadine Naccache

    10 h 12, le 08 avril 2020

  • Nous le, le petit peuple, ne sommes qu'une marchandise aux mains des politiques, qui s'en servent sans aucune gêne pour leurs magouilles, combines et corruption. Même la justice est manipulée par eux sous le regard de nos dirigeants complices ! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 58, le 08 avril 2020

  • LA JUSTICE TOUJOURS SUJETTE AUX INTERVENTIONS POLITIQUES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 13, le 08 avril 2020

  • Révoltant! Remettre en liberté, avec une caution ridicule, en plus, le commanditaire d'un assassinat!Qui osera prétendre que la justice n'est pas politisée?

    Yves Prevost

    06 h 32, le 08 avril 2020

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