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Culture - Sélection coronavirus

La pandémie du coronavirus, en huit illustrations réussies

Par Maya GHANDOUR HERT, Colette KHALAF, Emmanuel KHOURY, Gilles KHOURY, Danny MALLAT et Zéna ZALZAL


Comment les artistes ont-ils croqué le quotidien en temps de pandémie ? Quels sont les personnages-types qui se manifestent dans ces dessins ? Ou comment représenter le confinement, la distanciation sociale, la solidarité, les théories de complot ou cette drama queen qui sommeille en chacun de nous ?




The Corona Diaries/Mazen Kerbaj

« Aujourd’hui, je lance un nouveau blog pour partager au quotidien ce qui va m’occuper au cours du (ou des) prochain(s) mois », annonçait, sur son fil Instagram, Mazen Kerbaj, le vendredi 13 mars 2020.

Le lendemain, et après « trois litres de vin ingurgités », il entamait ses Corona Diaries, journal de bord de sa vie de confiné à Berlin, où cet artiste, illustrateur, bédéiste et musicien expérimental libanais est installé avec sa famille depuis quelques années déjà. On y retrouve, pêle-mêle, un mélange de dessins, de bédés, de réflexions, de fragments d’humeur et de semblants d’activités, toujours évidement sur le mode caustique qu’on lui connaît.

Les fans de ses dessins adoreront ses sketches sur Les joies de la paternité dessinés « en collaboration » avec ses talentueuses jumelles de 10 ans, Nour et Alia, qui s’y sont autoreprésentées. Ceux qui apprécient sa musique pourront également découvrir son tout premier morceau non improvisé. Une composition sur le thème amoureux intitulée Your hand is the only hand i can still touch. Summum du romantisme en temps de coronavirus !




Le confinement/Zarifi Haidar

On avait découvert ses illustrations le premier jour du soulèvement d’octobre, lorsqu’elle avait brillamment croqué l’image de ces figures religieuses libanaises, marchant main dans la main au centre-ville de Beyrouth. Aujourd’hui, alors que la pandémie du Covid-19 sévit dans le monde, l’artiste libanaise Zarifi Haidar aborde le confinement, à travers l’illustration d’un immeuble traditionnel de Beyrouth. Cela dit, Haidar s’est contentée de représenter la vie sur les deux premiers étages de cette belle bâtisse : une épicerie de quartier au rez-de-chaussée où la vie est transformée par les mesures de sécurité, masques, gants et distanciation réglementaire. Au premier étage, une famille libanaise qui vit au gré de ce lockdown quasi-mondial. Si les deux étages du haut sont laissés vides, c’est simplement » pour inviter les gens enfermés chez eux à s’amuser à les remplir, et quelque part, créer une conversation à distances entre eux et moi », dit-elle.




Distanciation sociale/Gautam Wadher

Directeur de création de profession dans une agence de publicité multinationale, Gautam Wadher vient de la ville la plus animée et la plus colorée du monde, Mumbai, et réside actuellement à Dubaï.

« Depuis le jour où cette pandémie a frappé le monde, nous vivons tous dans une nouvelle réalité : distanciation sociale, travail à domicile, lockdowns et angoisses. » Il a pourtant utilisé son temps pour réfléchir et faire des choses qui le rendent heureux. « Dans mon cas c’est la peinture car l’art est à la fois une distraction et une évasion. Il aide à prendre du recul, tout en étant observateur. Sa peinture pourrait refléter ainsi la réalité d’aujourd’hui ou tout autre jour. Car ne sommes-nous pas déjà distanciés, à cause de la technologie moderne, de notre frère humain ? Dans cette peinture, il y a l’espoir qu’une fois, cela derrière nous, nous apprécierons, encore plus, tout le monde autour de nous. »




Mahjoura/Ahmed Amer

Elle, c’est la Mahjoura. La confinée. De sexe féminin ou masculin, peu importe. Elle représente toute personne qui ne se la coule pas douce en mode confinement. La tragédienne, qui noie sa déprime à grands coups de boissons alcolisées, a un caractère bien trempé. Elle aime surtout se mettre en scène devant son entourage. Et là, en ces temps de quarantaine tous azimuts, elle souffre doublement. Que dis-je, elle souffre quintuplement : c’est une drama queen, une reine de la tragédie. Avec son coup de crayon reconnaissable entre mille, l’illustrateur et créateur de mode Ahmed Amer a superbement capté le mood de la Mahjoura en temps de pandémie du coronavirus. Avec une sobriété de traits qui en dit très long sur cet état d’isolement physique et souvent psychologique que nous vivons tous aujourd’hui.

Parce que nous avons tous une Mahjoura en nous…




Théories de complot/Rafik el-Hariri

L’illustrateur tripolitain Rafik el-Hariri a publié dans Vice arabia, la version arabe du magazine Vice, ce dessin sur un thème bien précis : les thèses complotistes qui entourent l’apparition du coronavirus. On reconnaît plusieurs symboles ésotériques évoquant la secte des illuminati comme la pyramide tronquée dont le sommet est éclairé par l’Œil de la Providence, ou encore le « A » débordant de son cercle, symbole anarchiste. La suggestion du mal est rendue d’autant plus saillante par l’échappée massive d’objets évoquant la pandémie actuelle (des chauves-souris, des masques chirurgicaux, des chaînes d’ADN ou encore des représentations de virus à tête couronnée…), dans un mouvement qui n’est pas sans rappeler l’épisode mythologique de la boîte de Pandore. Cette boîte, piégée par Zeus et d’où s’échappèrent tous les maux de l’humanité. Maladie comprise...




La femme confinée/Iman Bermaki

La créature féminine en quarantaine a les cheveux en bataille, le poil qui pousse d’une manière anarchique, l’habit débraillé sans aucune symbiose de couleurs. Bref, contre toutes les normes d’esthétique. Ce dessin numérique réalisé par Iman Bermaki, posté sur son compte Instagram est en fait inspiré du dessin de mizmiz.psd (son nom sur Instagram) qui en a fait une version masculine. « J’ai par la suite dessiné la version féminine basée sur moi-même et qui résonne actuellement avec les autres femmes car c’est ce à quoi nous ressemblons de nos jours. » L’étudiante marocaine ajoute : « Si je réalise aujourd’hui que mes dessins portent sur les femmes c’est parce que ce sujet me passionne. Il est donc naturel que cela se reflète dans mes dessins lesquels, j’espère, atteindront une large audience. ».




Solidarité et voisinage/Maya Fidawi

Illustratrice talentueuse, Maya Fidawi a créé des caricatures uniques, représentatives des personnages libanais. Auteure de plusieurs livres, elle illustre parfaitement une solidarité qui, Dieu merci, est contagieuse et fort heureusement sans danger. Dans les grandes villes habituées à l’anonymat, il arrivait souvent que l’on croise son voisin sans même lui dire bonjour. Les foules se pressent et le portable reste le seul contact possible avec l’autre. Et voilà qu’un petit virus vient changer la donne. Après avoir cédé à la panique, exigé du concierge de mettre des gants et un masque, fermé sa porte à double tour, le confinement a fini par briser la glace. On s’échange des repas chauds, des mots réconfortants, on prend un café dans la cage d’escalier, on fait des courses pour les plus âgés. On se donne des conseils, on s’enquiert les uns des autres, on chante sur les balcons, on applaudit tous ensemble, on se voit et on se reconnaît enfin. Les uns avec les autres, tous logés à la même enseigne. Celle de l’humanité vulnérable.




Hommage aux héros/Tony Maalouf

Dans son illustration qui a récolté beaucoup d’applaudissements sur les réseaux sociaux, Tony Maalouf illustre l’hommage rendu par le Liban au personnel médical. En effet, des milliers de Libanais confinés s’étaient donné rendez-vous à leurs balcons et fenêtres le dimanche 29 mars à 20h, pour applaudir les médecins, infirmiers et secouristes, les héros en première ligne face au Covid19. « Applaudissez, applaudissez jeunes gens », peut-on lire sur ce dessin où l’architecte d’intérieur reprend le refrain d’une chanson populaire de l’immortelle Sabah.



Comment les artistes ont-ils croqué le quotidien en temps de pandémie ? Quels sont les personnages-types qui se manifestent dans ces dessins ? Ou comment représenter le confinement, la distanciation sociale, la solidarité, les théories de complot ou cette drama queen qui sommeille en chacun de nous ? The Corona Diaries/Mazen Kerbaj « Aujourd’hui, je lance un nouveau blog pour...

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