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Environnement - patrimoine

Construction à Nahr el-Kalb : la société civile en appelle à Damien Kattar

Des contestataires protestant contre la construction du siège du CPL sur le promontoire de Nahr el-Kalb, le 23 février dernier. Photo Joao Sousa

Plusieurs ONG et spécialistes de l’environnement et du patrimoine ont récemment publié une lettre ouverte adressée au ministre de l’Environnement, Damien Kattar, afin de l’exhorter à exercer ses prérogatives pour stopper les travaux contestés sur la colline de Nahr el-Kalb.

Dans ce texte, les activistes rappellent au ministre de l’Environnement qu’ils se sont rassemblés devant cette administration le 6 mars, et qu’ils ont « reçu la promesse que des mesures seraient prises pour appliquer les lois et ordonner l’arrêt des travaux à Nahr el-Kalb ».

« Les travaux entrepris ont causé des dégâts irréversibles et s’y poursuivent néanmoins. Le site va être perdu à jamais, de même que l’inscription à la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. La responsabilité de l’arrêt de ces travaux incombe (au ministre de l’Environnement) », ajoutent-ils. Les militants rappellent que « le permis a été délivré pour la construction d’un “centre culturel” dans ce terrain appartenant à l’ordre des moines libanais maronites (ce qui aurait été contestable de toute façon), mais il a été illégalement détourné pour servir à la construction du siège principal d’un parti politique ».

« Les travaux d’excavation ont lieu à une distance mettant en grand danger les stèles millénaires et la falaise. Ils menacent le site archéologique et le défigurent complètement », peut-on encore lire dans cette lettre. « Or ce site doublement classé doit être respecté dans son intégralité comme zone non aedificandi, ce qui impose la conservation du paysage qui est son écrin, de l’environnement géographique qui donne un sens à sa présence historique sur ce lieu en particulier et de l’environnement géologique garant de sa pérennité. Le temps presse, nous vous demandons de prendre les mesures immédiates qui s’imposent », réclament les ONG et experts.

De nombreuses lois violées

Selon les signataires de la lettre, le chantier du CPL viole les lois et décrets suivants : le code de l’environnement (loi n° 444/2002), le décret 2012/8633 qui impose la réalisation d’une étude d’impact environnemental dans le cas de projets de cette ampleur, le décret 8803 sur l’organisation des carrières (NDLR : on soupçonne l’utilisation de la matière première dans la construction d’un port), le décret 2009/2366 portant sur le schéma directeur d’aménagement du territoire libanais, ainsi que les décrets 166/ L.R. de novembre 1933 et 225 du 28 septembre 1934 qui classent ce site sur la liste nationale des Monuments historiques, et un décret de 1939 qui le place sous la loi de protection des paysages et sites naturels. Sans oublier qu’en 1998, le lieu a été inscrit comme « site naturel » par le ministère de l’Environnement (décret numéro 97 du 2/7/1998), un classement qui requiert la protection du lit de la rivière de Nahr el-Kalb et le respect d’une zone tampon de 500 mètres et 1 500 mètres de chaque côté.

« Toutes ces législations nationales ont été violées, souligne le document envoyé à Damien Kattar. De plus, ce site figure sur le Registre de la mémoire du monde à l’Unesco depuis 2005 et sur la liste indicative du Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco depuis 1996, un classement qui a été actualisé en 2019. »

Le texte est cosigné par des groupes de la révolte populaire (Kermel lebnen, al-Thawra tounadik, Revol, Wehde, etc.), des mouvements représentant la société civile (Mouvement écologique libanais, T.E.R.R.E. Liban, Save Bisri Valley, Save Beirut Heritage, etc.), ainsi que par des archéologues et historiens tels que Issam Khalifé, Fadi Stephan et Chaker Ghadban. L’affaire fait scandale depuis février : le Courant patriotique libre (CPL) construit son quartier général sur la colline où se situe l’un des sites archéologiques majeurs du pays (lire L’OLJ du 17, du 18 et du 23 février, ainsi que du 14 mars). Le parti affirme avoir obtenu toutes les autorisations requises, notamment celle émanant du ministère de la Culture, mais les militants qui s’opposent à la construction objectent que ce projet viole de nombreuses lois et règles environnementales et culturelles. C’est ce qu’ils ont souhaité démontrer dans leur lettre ouverte datée du 18 mars.

Plusieurs ONG et spécialistes de l’environnement et du patrimoine ont récemment publié une lettre ouverte adressée au ministre de l’Environnement, Damien Kattar, afin de l’exhorter à exercer ses prérogatives pour stopper les travaux contestés sur la colline de Nahr el-Kalb. Dans ce texte, les activistes rappellent au ministre de l’Environnement qu’ils se sont...

commentaires (4)

Comment le Ministre de l'Environnement qui est certainement une des étoiles du nouveau gouvernement, une personnalité connue pour ses valeurs intellectuelles et qui plus est, l'homme de confiance de Bkerké, peut-il rester insensible au "crime" qui s'opère contre ce site patrimonial libanais par excellence...! Au delà de l'application des décisions administratives obtenues pour la dite construction, n'aurait-t-il pas été pour lui plus digne et plus citoyen, qu'il s'opposât à cette entreprise de viol culturel et national par excellence???

Salim Dahdah

11 h 56, le 30 avril 2020

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Commentaires (4)

  • Comment le Ministre de l'Environnement qui est certainement une des étoiles du nouveau gouvernement, une personnalité connue pour ses valeurs intellectuelles et qui plus est, l'homme de confiance de Bkerké, peut-il rester insensible au "crime" qui s'opère contre ce site patrimonial libanais par excellence...! Au delà de l'application des décisions administratives obtenues pour la dite construction, n'aurait-t-il pas été pour lui plus digne et plus citoyen, qu'il s'opposât à cette entreprise de viol culturel et national par excellence???

    Salim Dahdah

    11 h 56, le 30 avril 2020

  • Arrêteront-ils un jours de dynamiter le pays ces c******s?

    Christine KHALIL

    16 h 44, le 27 mars 2020

  • "... La responsabilité de l’arrêt de ces travaux incombe au ministre de l’Environnement ..." Elle incombe surtout au CPL qui a là une occasion unique de démontrer son respect des lois, du patrimoine, de l’environnement, au détriment de son narcissisme. Mais bon, faut pas rêver non-plus...

    Gros Gnon

    10 h 11, le 27 mars 2020

  • Honte au CPL et a Bassil qui ne sont pas a une forfaiture près !

    Tabet Ibrahim

    10 h 03, le 27 mars 2020

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