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Lifestyle - Coolitude

Ignace Semmelweis, le (presque) sauveur de la pandémie

Des grands pontes aux médecins de famille, toute la profession ne jure actuellement que par le lavage des mains pour combattre le coronavirus. Retour sur l’origine de ce geste simple qui a révolutionné l’histoire de la médecine du XIXe siècle.

Le geste qui sauve, préconisé par le Dr Semmelweis au XIXe siècle. Photo Bigstock

Il y a quelques jours, le vendredi 20 mars, le souvenir du Dr Ignace Philippe Semmelweis a été honoré par Google qui lui a dédié un Doodle, cette bannière animée qui orne la page d’accueil du moteur de recherche, célébrant régulièrement des personnalités, des dates et des événements importants. La raison qui a valu à cet obstétricien hongrois (1818-1865) cet honneur, en ces temps difficiles de coronavirus, c’est d’avoir découvert, bien avant les autres, l’importance du lavage des mains pour combattre les infections. Il fut même surnommé le « sauveur des mères », car il leur avait permis d’échapper, par ce simple geste, à la fièvre puerpérale, mortelle, qu’elles contractaient souvent après l’accouchement, sans que personne n’en connaisse alors les raisons. Avant cette découverte, de nombreux médecins accoucheurs avaient essayé, en vain, de déterminer l’origine de cette fièvre, notamment après avoir effectué des autopsies. Selon des rapports de l’époque, bien des femmes préféraient accoucher dans la rue plutôt qu’à l’hôpital. Semmelweis s’est ainsi attelé à étudier les causes de la fièvre puerpérale, et cela en dépit de la résistance de ses supérieurs qui estimaient impossible de la prévenir, l’attribuant au confinement, à la promiscuité, à une mauvaise aération ou au début de la lactation. C’est en disséquant un cadavre avant d’effectuer un accouchement que le Dr Ignace Philippe Semmelweis a réalisé l’importance de se laver les mains, entre chaque acte. Il impose alors à tout le personnel soignant d’exécuter ce geste indispensable entre les examens, les interventions et entre chaque visite à des patients. Cette nouvelle règle d’hygiène fera chuter le taux d’infection de 18 % à moins de 1 % dans son service de maternité.


Le pionnier de l’hygiène médicale

Après de longues réflexions, le médecin éclairé conclut que les médecins et les étudiants sortant de la salle d’autopsie conservaient sur leurs mains des particules de cadavres, contaminant ainsi les patientes qu’ils soignaient dans la même clinique. Il décide d’avoir recours à une solution d’hypochlorite de calcium et prescrit en mai 1847 son emploi pour le lavage des mains entre le travail d’autopsie et l’examen des patientes. Ce qui fit chuter le taux de mortalité de 12 % dans la clinique viennoise où il opérait. Par la suite, il a exigé que ce geste soit étendu à l’ensemble des examens mettant les médecins en contact avec de la matière organique en décomposition ainsi qu’aux instruments chirurgicaux. En dépit des bons résultats obtenus, sa proposition a été raillée et rejetée par des confrères qui n’hésitaient pas à le calomnier et le dénoncer, et son contrat à l’hôpital ne fut pas renouvelé. Il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour que sa découverte soit validée, appliquée et généralisée par le monde médical et même saluée par l’écrivain Céline qui en fit le sujet de sa thèse de médecine intitulée La vie et l’œuvre de Ignace Philippe Semmelweis. Quant à l’obstétricien, il termina sa vie interné dans un asile où il mourut à 47 ans dans d’étranges circonstances.


« Happy Birthday » deux fois

Aujourd’hui, Ignace Philippe Semmelweis revient à la une, considéré comme le presque sauveur de la pandémie du Covid-19, en attendant de trouver le vaccin et les remèdes. « Lavez-vous les mains pendant 20 secondes (pour échapper au coronavirus)  », ses directives médicales figurent haut et fort dans toutes les langues, les pays, les médias et les réseaux sociaux. Google lui a rendu hommage aussi, en accompagnant son Doodle d’une vidéo illustrant la manière la plus efficace de le faire.

Au pays de l’Oncle Sam, où l’on ne sait plus comment pousser la population à bien se laver les mains, on a eu recours à une chanson d’une durée de 20 secondes au lieu du comptage. Ainsi, le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) ou Centre de contrôle et de prévention des maladies a recommandé d’entonner à deux reprises le refrain du fameux Happy Birthday pour mesurer le temps de savonnage des mains. Dans ce même esprit, la célèbre chanteuse américaine Gloria Gaynor a lancé un #IWillSurviveChallenge devenu viral. Sa vidéo invite ses fans à se laver les mains en chantant avec elle son succès iconique.

Pour également mieux se laver les mains en chantant, un jeune développeur et designer anglais de 17 ans, William Gibson, las d’entonner Happy Birthday plusieurs fois par jour, a créé en 24 heures un site baptisé washyourlyrics.com. Lancé le 8 mars, le site est rapidement devenu viral sur les réseaux sociaux, comptant plus de 420 000 utilisateurs et près de 240 000 posters créés, à peine trois jours après son lancement. Le mode d’emploi est simple et le concept divertissant : il suffit de donner le titre d’une chanson, le nom de son interprète et le site sélectionne un extrait d’une durée de 20 à 30 secondes, soit le temps requis pour se laver les mains. Il produit ensuite une affiche qui associe chaque étape du lavage de mains à une phrase de l’extrait. Le secrétaire américain à la Santé, Matt Hancock, a loué cette « belle initiative », qui est largement partagée sur les réseaux sociaux. William Gibson n’en revient toujours pas. Des célébrités, à leur tête Miley Cyrus, qu’il suivait lui-même sur Instagram, se réfèrent désormais à son site...



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