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Lifestyle - Coolitude

Le cachemire à travers la caméra de Luc Jacquet : une aventure humaine

Avec la maison italienne Loro Piana, le réalisateur a été à « l’origine du secret » de l’approvisionnement et du traitement de cette laine d’une simplicité, d’une qualité et d’une rareté exceptionnelles.

Magnifiques images extraites du documentaire « Cashmere : the Origin of a Secret » de Luc Jacquet.

De silencieux espaces enneigés ou ensablés à perte de vue, battus par le vent et parcourus par quelques hommes courageux et d’immenses troupeaux de chèvres au pelage clair se fondant avec cet atmosphère ouatée… Cette image est née du magnifique objectif de Luc Jacquet (auteur du film La marche de l’empereur, oscarisé en 2006) qui, cette fois-ci, a suivi les traces dans les hauteurs ardues de la Mongolie, de la plus belle étoffe au monde, la belle laine cachemire, œuvre croisée de l’homme, de l’animal et de la nature. Un périple effectué à la demande d’une luxueuse griffe italienne, Loro Piana, connue pour son art d’utiliser ce tissu raffiné.

Loro Piana avait dit au cinéaste « de faire ce qu’il voulait, mais surtout de ne pas chercher à placer la marque, l’objectif étant de dévoiler la genèse du cachemire  ». Luc Jacquet, qui, avant d’être réalisateur, était un écologiste spécialisé dans la relation entre les êtres vivants et les environnements extrêmes, a donc réalisé un très beau documentaire de 20 minutes, qu’il a intitulé Cashmere : the Origin of a Secret (Le cachemire : origines d’un secret). La première de ce film s’est tenue le mois dernier à Shanghai et plusieurs projections sont prévues dans d’autres pays. On peut aussi le visionner sur le site : cashmere.theoriginofasecret.loropiana.com.

La première image, un berger serrant tendrement contre sa poitrine un petit chevreau, illustre bien le message de Jacquet : « Il n’y a pas de frontières entre l’homme, l’animal et l’environnement. » Contés par lui, ces trois éléments se fondent magnifiquement. Il a ainsi filmé, dans la Mongolie profonde, la vie des éleveurs de la chèvre Capra Hircus dont les poils donnent le très prisé cachemire. Et qui, eux, mènent à longueur d’année, et par tous les temps, leurs troupeaux vers des pâturages situés en haute altitude.





Plus de froid, plus de douceur
Ce documentaire est une invitation à s’immerger dans ce mode de vie nomade ardu mené dans des paysages retirés, pour mieux diffuser beauté et volupté. « C’est là un des paradoxes évoqués dans le film, fait remarquer Fabio d’Angelantonio, directeur exécutif de Loro Piana. Il y a un contraste frappant dans le fait que la douceur du cachemire dépend des sévères conditions de la température ; plus le thermomètre baisse, plus la fibre des chèvres devient soyeuse. »

Luc Jacquet a suivi les bergers et leurs troupeaux par les chemins escarpés empruntés sous la neige et la pluie, s’arrêtant en chemin sur des images tout en émotion et en touches poétiques, sur des moments à la fois simples et presque sacrés : des hommes caressant leurs bêtes, des enfants donnant le biberon aux chevreaux nouveau-nés, une femme émergeant d’une tente, un bol à la main, et jetant dans l’air des cuillères de lait en offrande à Mère nature. Puis, quand arrive le printemps, succèdent aux flocons de neige les flocons de laine. C’est la saison de la tonte effectuée avec une délicatesse infinie pour ne pas faire du mal aux chèvres. Les bergers peignent doucement les poils pour les extraire, puis les roulent en boules neigeuses qui deviendront des vêtements et des accessoires très prisés, car la matière est rare et précieuse : une seule chèvre ne peut en produire plus que 150 grammes bruts.



Les images plus puissantes que les mots
Au cours des dernières décennies, la demande de cachemire s’est accrue, provoquant une prolifération d’élevages de chèvres et par la même occasion une désertification de certaines régions. Pour sa part, la firme Loro Piana a introduit dans la Mongolie profonde, depuis 2009, une méthode pour améliorer la fibre, tout en maintenant un cycle économique ne nuisant pas à celui de la nature. « Car ici, dit Luc Jacquet, les gens vivent en symbiose avec la nature. Ils ont un grand rapport avec ce qui s’y passe : le chant des oiseaux, les fleurs et le reste. Et nous, nous ne sommes plus sensibles à ce genre de signaux. ».

Le cinéaste a pu établir une grande connexion et une belle amitié avec ces êtres d’un monde si peu connu. Et les bergers du Mongol le lui ont bien rendue. À la fin du tournage, ils lui ont même offert un chameau ! En retour, vêtus de leurs habits de fêtes haut en couleurs, ils étaient assis au premier rang de l’assistance lors de la première à Shanghai, témoins d’un bel hommage rendu à une collaboration qui a permis de dévoiler, comme le dit le titre du documentaire, le secret d’un si noble tissu. Un secret conté par des images à la fois fortes, subtiles et éloquentes. Luc Jacquet a sciemment oblitéré de son film toute forme de narration. « C’est un moyen d’utiliser le langage du cinéma et d’encourager les gens à user de leur propre créativité. L’impact est ainsi plus puissant et nous n’avons plus besoin de sous-titrages pour comprendre ce qui se dit sur l’écran. De nos jours, à cause des modes des télévisions, nous sommes surchargés d’informations maintes fois (re)expliquées. Mais les gens ne sont pas stupides. »

« Cashmere : the Origin of a Secret » est disponible sur le site de la Maison Loro Piana (www.loropiana.com). Il sera suivi de deux autres films sur la laine de Vigogne et la gamme de laine « Gift of Kings ».


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