Rechercher
Rechercher

Campus - TÉMOIGNAGES

Les universités fermées, une tendance virale en 2019-2020...

Conformément aux mesures de prévention imposées par le ministère de la Santé pour endiguer la propagation du coronavirus, les campus sont bouclés depuis deux semaines. Trois étudiants, issus de trois différents établissements à Beyrouth, témoignent de leur nouveau quotidien.

Les universités au Liban sont fermées depuis deux semaines. Ci-dessus, le campus désert du CLN de l’USJ. Photo Dina el-Ahdab.

Entre les événements révolutionnaires du semestre précédent et l’inquiétante prolifération du Covid-19, les enseignements dans les universités libanaises n’auront pas été une sinécure pour cette année 2019-2020. Si les routes sont ouvertes depuis maintenant plusieurs mois, c’est au tour du coronavirus de provoquer la fermeture des universités : étudiants et professeurs sont tenus jusqu’à nouvel ordre de poursuivre à domicile les cours du second semestre.

Pour Nour Hélou, étudiante en quatrième année d’histoire de l’art à l’AUB, cet encloisonnement est particulièrement perturbant : « J’ai du mal à étudier en ce moment, mais je n’ai pas le choix avec toute la quantité de travail que nous donnent nos professeurs pour compenser l’absence des cours en présentiel. Il y a des cours en ligne régulièrement, mais les conditions ne sont pas idéales. C’est difficile de se concentrer à la maison alors qu’on pense à autre chose. La situation est vraiment étrange. » Un contexte peu propice à l’étude, dans lequel Camille Nammour, étudiante en master de psychologie à l’USJ, parvient tout de même à voir du positif : « Tout cela nous affecte négativement : nous ne sommes plus dans un rythme de travail sain, nous n’étudions plus régulièrement, nous ne sommes plus à jour au niveau des cours. Mais d’un autre côté, ça nous permet d’être plus productif dans d’autres choses, peut-être plus personnelles, sans la pression académique de la fac. Et puis nous poursuivons notre travail en ligne, avec tous les projets qu’on nous donne. » Si la décision de fermer les campus apparaît comme justifiée chez les étudiants, certaines zones d’incompréhension peuvent persister. « Je pense que cette décision de fermer les universités est la bonne. Mais en même temps, il y a des points qui m’échappent. Je ne comprends pas le fait que des personnes se rendent toujours au travail, et qu’on autorise certains rassemblements qu’on limite à 20 personnes à la fois, alors qu’il suffit qu’une seule personne ait le virus pour le transmettre », questionne Mayssa Khoury, étudiante de master en arts visuels à l’Alba.



(Lire aussi : Coronavirus au Liban : le bilan grimpe à 93 cas)



Un climat pesant
Mais surtout, c’est l’ambiance générale qu’on trouve dans la capitale qui semble le plus désagréable pour les étudiants, comme le souligne Mayssa Khoury : « Ce qui m’angoisse le plus, ce sont les gens qui m’entourent. L’ambiance est un peu plombante à Beyrouth, les gens sont tendus. Je suis allée passer quelques jours à la montagne avec des amis pour sortir de ce climat, d’autant plus que j’ai un projet de master à présenter, un mémoire à rédiger, et que j’ai du mal à me concentrer. Beaucoup de gens autour de moi sont très inquiets. Ils ne se séparent pas de leur gel pour les mains, ils ne cessent d’essuyer tout partout et n’osent pas sortir ni faire du sport. » Forcément, tout cela monte à la tête et accentue la psychose : « Je suis devenue un peu parano. Au tout début, le premier cas au Liban m’a vraiment effrayée, je me lavais les mains tout le temps. Et puis ça commençait à aller mieux, mais cette semaine, avec tous les nouveaux cas déclarés, je recommence à prendre peur », confie Nour Hélou. Et quand ce n’est pas de soi que vient le stress, c’est de l’extérieur : « Mes parents me mettent beaucoup de pression, moi je fais le minimum : je me lave régulièrement les mains, je n’embrasse pas les gens, je fais attention à ce que je touche et à ce que je mange. Je ne suis pas trop stressée, c’est mon entourage qui me met surtout la pression », explique Camille Nammour. Pour Mayssa Khoury, les gens se laissent trop aller à l’angoisse : « Je trouve qu’on exagère en mettant tant en lumière ce virus, il y a d’autres choses qui tuent plus. Si nous avons un bon système immunitaire, il y a peu de chances de mourir du coronavirus, c’est surtout les personnes âgées qui sont en danger. »

Quoi qu’il en soit, le résultat est le même pour tous : confinement et études à la maison, les bars et les boîtes de nuit étant aussi fermés, on s’occupe comme on peut : « Pour tuer le temps, puisque nous ne pouvons pas sortir, nous devenons créatifs. Nous nous réunissons et nous regardons des films, nous nous amusons de rien, nous écoutons de la musique… » positive Nour Hélou. Et la vie continue malgré tout…




Lire aussi

Séquestrés (in)volontaires, l'édito de Issa GORAIEB

L’amour au temps du corona, le billet de Médéa Azouri

À quoi correspondrait un « état d’urgence sanitaire » ?



Entre les événements révolutionnaires du semestre précédent et l’inquiétante prolifération du Covid-19, les enseignements dans les universités libanaises n’auront pas été une sinécure pour cette année 2019-2020. Si les routes sont ouvertes depuis maintenant plusieurs mois, c’est au tour du coronavirus de provoquer la fermeture des universités : étudiants et professeurs...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut