Khalil : Les banques appelées à racheter leurs eurobonds cédés aux fonds étrangers

Les autorités libanaises envisagent de demander aux banques locales de racheter les eurobonds qu’elles ont récemment vendus à des fonds étrangers, a déclaré hier l’ancien ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, à l’agence Bloomberg. Selon lui, cette demande intervient après que ces récentes transactions aient donné aux créanciers extérieurs plus de poids dans une éventuelle discussion sur la restructuration, dans le cas où le gouvernement décidait de faire défaut. Le Liban est censé rembourser le 9 mars près de 1,2 milliard de dollars à ses créanciers pour une série d’eurobonds arrivant à échéance.

Une telle initiative du gouvernement ne saurait être contraignante. Mais en réalité, lorsque les banques libanaises ont décidé de céder une partie de leurs eurobonds arrivant à maturité en 2020 à des fonds étrangers, elles l’ont fait en établissant des accords spécifiques avec ces fonds, dont Ashmore, une société de gestion londonienne active sur les marchés émergents. Ashmore possède désormais un milliard de dollars d’obligations du Liban, dont près de 300 millions en obligations de mars 2020.

Selon nos informations, ces accords étaient fondés sur deux scénarios : le premier était qu’Ashmore réussisse de par son statut de créancier étranger à faire pression sur le gouvernement libanais afin d’obtenir un remboursement des échéances de 2020 ; et le second était qu’il échoue : dans ce cas-là, les banques se sont engagées à racheter à Ashmore ces eurobonds.

Le fait que le second scénario soit actuellement le plus plausible explique pourquoi le président de l’Association des banques, Salim Sfeir, s’est exprimé la semaine dernière en faveur d’un swap avec la BDL. Ce même swap volontaire, qui avait été proposé en décembre par le gouverneur de la BDL Riad Salamé aux banques, mais qu’elles avaient refusé. Il devait être une sorte de troc dans le cadre duquel les banques locales donnent à la BDL les eurobonds de 2020 qu’elles détiennent en contrepartie d’autres eurobonds, détenus par la BDL mais arrivant à échéance beaucoup plus tard. Ce qui aurait pu permettre à la BDL de récupérer une grande partie des réserves destinées au remboursement de ces eurobonds.