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Lifestyle - Initiative

« Femmes de mon pays » : une chanson douce et solidaire

Derrière ce titre, les mots de Nadia Tuéni, la voix de Jeanne Ghanem, la musique de Wassim Soubra, un vidéoclip de Françoise Greenacre et une campagne de levée de fonds pour Abaad et Kafaa. Un projet fédérateur en hommage aux filles d’Ève...

« Femmes de mon pays ». Photo DR

Comment ne pas être sensible à la joie de vivre que renvoient les yeux qui sourient de Jeanne Ghanem ? Passionnée, exigeante et indépendante, libre et inspirée, à seulement 21 ans, elle réalise enfin son rêve : chanter.

Et sa voix résonne sur les paroles du poème de Nadia Tuéni, Femmes de mon pays, devenue chanson mise en musique par Wassim Soubra, à écouter et télécharger sur le site www.femmesdemonpays.com.

À l’heure où le désespoir et le découragement gagnent une jeunesse fatiguée de se battre depuis le 17 octobre, Jeanne Ghanem se considère très chanceuse d’avoir pris la décision de rentrer au Liban à ce moment-là, précisément, après 20 années passées à l’étranger. Septembre 2019, elle foule la terre de ses ancêtres pour trois raisons, dit-elle : « L’envie de renouer avec mes origines, l’apprentissage de la langue et le désir de vivre une expérience professionnelle au Liban. » Le 14 octobre, elle fête son anniversaire, le 17 octobre, elle se laisse emporter par la mouvance de la « thaoura » qu’elle vivra pleinement. « Je sais que la situation était grave, mais pour rien au monde, je n’aurais voulu rater ce moment historique que traverse le Liban. À chacune de mes vacances au Liban, j’avais un seul souhait, pénétrer dans le bâtiment de l’Œuf. Et voilà que c’est chose faite. C’était un moment où à l’absurde se mêlait une très forte émotion. »

Deux semaines plus tard, la jeune fille se voit proposer un poste aux Nations unies et la voilà bien installée dans une routine libanaise. Elle vit chez sa grand-mère au rythme des bons plats concoctés et des parties de cartes tous les soirs. « Nous avons une relation très particulière et cette nouvelle vie est du pur bonheur pour nous deux. »


Du côté de chez Jeanne
Née à Miami, d’un père libanais et d’une mère française, Jeanne Ghanem ainsi que ses frère et sœurs sont scolarisés en fonction des déplacements de leurs parents. De Miami à Singapour en passant par Barcelone et le Liban, changer d’école n’était jamais un problème pour elle. Lorsqu’elle évoque sa famille ses yeux s’illuminent. « Nous sommes très unis et l’on se soutient énormément. » Jeanne chante depuis toute petite et tout le monde l’encourage, mais c’est au Lycée français de Singapour qu’elle prend son talent au sérieux. Un professeur de chant qui croit en elle la place au-devant de la scène et lui offre tous les solos de la chorale. Elle était « la chanteuse du lycée » et le soutien de tous les choristes. Un passage au Lycée franco-libanais de Beyrouth dans les classes secondaires la laissera désenchantée. « Des années très difficiles, dit-elle, où je n’ai pas réussi à me faire une place. C’était un esprit de clan très fermé, et moi, qui étais une enfant du monde, qui prônais l’ouverture, je n’arrivais pas à adhérer à cette mentalité étriquée. » Son choix universitaire se portera sur une licence d’art en développement international à l’Université de McGill, à Montréal. La musique est à ce moment mise en pause. C’est de retour à Beyrouth, en ce fameux septembre 2019, que tout s’enclenchera à nouveau.

Un soir où ses parents, établis à Barcelone, dînent avec un couple d’amis, la maman de Jeanne décide de faire écouter la voix de sa fille à leur ami Wassim Soubra, auteur-compositeur. Il est séduit et veut absolument la rencontrer. Début janvier, elle revient à Barcelone. Il lui propose de chanter sur les paroles d’un poème de Nadia Tuéni. « Dès que j’ai lu le poème, j’ai revu les femmes de la “thaoura” que je côtoyais depuis des semaines avec leur détermination et leur hargne. Après une journée entière en studio, la chanson Femmes de mon pays est enregistrée et le vidéoclip réalisé par Françoise Greenacre voit le jour.



Du côté de chez Wassim
Présenté à l’Unesco (Paris) en juin 2014, Les jardins d’Adonis, un opéra d’Orient du compositeur libanais Wassim Soubra, fera partie du programme du Festival international de Baalbeck, avec la collaboration du Centre du patrimoine musical libanais. Le concert se termine par le poème de Nadia Tuéni Femmes de mon pays, mis en musique par le compositeur et interprété par trois voix féminines. C’était des versions lyriques chantées par de grandes voix internationales et Wassim Soubra était à la recherche d’une voix plus moderne et plus jeune afin de toucher un public plus large. C’est cette chanson que, cinq ans plus tard, il va proposer à la jeune artiste Jeanne Ghanem. Quand elle revient à Barcelone pour un premier essai, Wassim Soubra comprend très vite que c’était la voix qu’il attendait depuis longtemps. Il avoue : « Je compose depuis 15 ans et enseigne depuis des années, je sais reconnaître un vrai talent. Jeanne a une voix extraordinaire et une oreille exceptionnelle. »

Une fois la version finale prête, l’équipe à laquelle se joignent les parents de Jeanne et l’épouse de Wassim se pose la question : comment contribuer, en utilisant la chanson, à soutenir les mouvements des femmes et lui donner ainsi une valeur ajoutée ? C’est ainsi que germe l’idée de créer un site Femmes de mon pays.com. Un partenariat avec L’OLJ se met alors en place, ainsi qu’un projet d’association avec les ONG Abaad et Kafaa. « Cette année, les femmes libanaises sont plus que jamais en première ligne, fortes, courageuses, déterminées, exigeantes. Voilà ce qui nous a mis en mouvement : la volonté de célébrer les femmes et leurs engagements », lit-on sur la page principale. Le projet vise aussi et surtout de faire un geste de solidarité envers les femmes qui n’ont pas les moyens matériels de prendre ou reprendre leur destin en main. D’où une campagne de levée de fonds à partir de ce site web. Rappelons que Kafaa est une organisation de la société civile, non gouvernementale, féministe, laïque, libanaise, à but non lucratif, qui vise à abolir toutes les formes de violence et d’exploitation fondées sur le genre. Abaad Resource Center for Gender Equality est une association non gouvernementale à but non lucratif, reconnue par le Conseil économique et social des Nations unies (Ecosoc), qui vise à construire l’égalité des sexes comme condition essentielle au développement durable dans la région MENA.

À la question pourquoi Nadia Tuéni? Wassim Soubra répond : « Pour moi, cette femme est le Liban. L’honorer, c’est honorer toutes les Libanaises. »



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