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Début du procès de François Fillon

Les enquêteurs lancés sur la piste des emplois de l'épouse de l'ex-Premier ministre français n'ont guère trouvé de témoignages ou d'archives démontrant la réalité de ses activités d'assistante parlementaire.

L'ancien Premier ministre français François Fillon et sa femme Penelope au Palais de justice de Paris, le 26 février 2020. AFP / Martin BUREAU

Suspendu dans la foulée de son ouverture lundi, le procès de l'ancien Premier ministre français François Fillon et de son épouse Penelope dans l'affaire des soupçons d'emplois fictifs de cette dernière a démarré mercredi à Paris.

Penelope Fillon, 64 ans, a pris place entre ses deux anciens employeurs, soupçonnés de l'avoir rémunérée pour des prestations fictives d'assistante parlementaire : François Fillon, 65 ans, et son ancien suppléant à l'Assemblée nationale, Marc Joulaud, 52 ans, maire de Sablé-sur-Sarthe (ouest). Les époux Fillon et Marc Joulaud encourent dix ans de prison et de lourdes amendes.

L'audience a débuté par l'examen de questions soulevées par la défense, relatives aux délais de prescription et à la qualification du délit de détournement de fonds publics. L'accusation considère que les soupçons d'emplois fictifs sont des infractions "dissimulées" et que les délits ne sont connus que depuis leur révélation dans la presse, le 25 janvier 2017. Ils ne seraient par conséquent pas prescrits. L'avocat de Penelope Fillon, Pierre Cornut-Gentille, estime au contraire que les faits sont prescrits, insistant sur le fait que les poursuites concernant l'emploi de sa cliente s'étalent entre 1998, "il y a plus de vingt ans", et 2013. Quant aux contours du délit de détournement de fonds publics par un parlementaire, l'avocat de François Fillon, Antonin Lévy, entend contester leur interprétation par la jurisprudence de la Cour de cassation.



(Lire aussi : Ouverture manquée du procès des époux Fillon à Paris)



Premières explications jeudi

Le tribunal devra répondre à ces questions avant d'examiner le fond du dossier. Si les magistrats décidaient de renvoyer l'une d'elles à la Cour de cassation, le procès serait renvoyé. Dans le cas contraire, les prévenus commenceront à s'expliquer jeudi dans le premier volet de l'affaire qui avait pulvérisé la campagne présidentielle de François Fillon en 2017 : l'emploi de Penelope Fillon par son époux.

Reconverti dans la finance depuis son échec humiliant au premier tour de la présidentielle, François Fillon assurait fin janvier que "les preuves" de la réalité du travail de son épouse, qui fut sa "première et plus importante collaboratrice" dans la Sarthe, "seront apportées". La justice s'était saisie le jour même, en pleine campagne présidentielle, des premières révélations d'une longue série, le 25 janvier 2017 dans l'hebdomadaire Le Canard enchaîné. Les prévenus sont aussi jugés pour l'emploi de Penelope Fillon auprès de Marc Joulaud entre 2002 et 2007 et les Fillon pour ceux de leurs enfants auprès de leur père sénateur entre 2005 et 2007.

Les juges d'instruction, après plus de deux ans d'enquête, ont acquis la conviction que Penelope Fillon a bénéficié d'emplois "fictifs" d'assistante parlementaire de son mari député et de Marc Joulaud. Une partie des accusations de détournement de fonds publics, complicité ou recel, qui remontent à 1981, sont prescrites. Sur la seule période 1998-2013, plus d'un million d'euros d'argent public ont été "détournés", estiment les enquêteurs. La pratique des emplois familiaux, interdite dans le sillage du "Penelopegate", était alors légale et répandue. Mais les enquêteurs lancés sur la piste des emplois de Mme Fillon n'ont guère trouvé de témoignages ou d'archives démontrant la réalité de ses activités d'assistante parlementaire. Ils n'ont pas davantage été convaincus par les nombreuses pièces versées par la défense afin d'attester du travail accompli ni par les arguments invoquant la "discrétion" de Penelope Fillon ou son travail essentiellement oral.

La défense, qui plaidera la relaxe, a cité comme témoins trois collaborateurs de longue date de François Fillon, dont la secrétaire qui le suit depuis ses débuts en politique en 1981. Les Fillon sont également poursuivis pour recel et complicité d'abus de biens sociaux, pour l'emploi de "conseiller littéraire" obtenu par Mme Fillon à la Revue des deux mondes, propriété de Marc Ladreit de Lacharrière, ami de François Fillon, payé 135.000 euros entre 2012 et 2013. Seule partie civile au procès, l'Assemblée nationale demande plus d'un million d'euros de dommages et intérêts si le tribunal considérait que les emplois sont fictifs. Le procès est prévu jusqu'au 11 mars.


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