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Société - Santé

Coronavirus : le Liban a les capacités médicales pour gérer une éventuelle épidémie

Les hôpitaux disposent de l’expertise nécessaire mais se plaignent du manque de fournitures, certains importateurs ayant préféré vendre leurs stocks à l’étranger.

À l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri, des médecins se protégeant le visage par des masques. Photo Nabil Ismaïl

Jusqu’à hier soir, le Liban comptait toujours un seul cas avéré du nouveau coronavirus, Covid-19, aucun passager sur les deux avions en provenance d’Iran ou le troisième en provenance de Milan, en Italie, ne présentant des symptômes d’infection, selon les équipes médicales du ministère de la Santé qui ont examiné également les membres d’équipage. Par mesure de précaution, les passagers ont cependant dû emprunter des couloirs spéciaux pour éviter tout contact avec d’autres voyageurs présents à l’AIB et leurs passeports ont été placés dans une boîte hermétique lors des contrôles de la Sûreté générale. Les passagers à bord de ces avions ont en outre été invités à s’isoler dans leur domicile pendant quatorze jours, période d’incubation du virus, et de faire part au quotidien de leur état de santé au ministère de la Santé publique.

Selon le bilan quotidien de l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri, entre dimanche et lundi, trente-quatre personnes ont été admises aux urgences du bâtiment réservé aux cas du coronavirus. « Vingt-neuf tests ont été effectués et se sont avérés négatifs », a annoncé l’établissement. L’hôpital souligne en outre que trois des quatre personnes admises au cours du week-end dernier en quarantaine sont rentrées hier chez elles, le test qu’elles ont effectué étant négatif. « Il leur a été demandé de s’isoler chez elles et les recommandations nécessaires pour ce faire leur ont été données », a ajouté la direction de l’hôpital, précisant, par ailleurs, que « trois nouveaux patients ont été mis en quarantaine hier ». « Le test auquel ils ont été soumis est négatif, mais il doit être répété dans un délai de vingt-quatre heures avant de les autoriser à sortir », soulignent des sources de l’hôpital. Au total donc, cinq personnes sont mises en quarantaine, dont T.S., la Libanaise de 45 ans admise jeudi en soirée alors qu’elle rentrait de la ville chiite sainte de Qom, en Iran, et dont « l’état de santé reste stable », d’après le bilan.


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Responsabilité civique et sanitaire

À ce jour donc, le Liban semble être à l’abri d’une épidémie. « Tant que les cas sont détectés, la situation n’est pas dangereuse », explique à L’Orient-Le Jour le directeur général du ministère de la Santé publique, Walid Ammar. « Ce qui m’inquiète, ce sont les cas qui pourraient ne pas être détectés, poursuit-il. Les personnes rentrant des régions endémiques ont une responsabilité civique et sanitaire à jouer dans ce cadre, celle de respecter les normes d’isolement chez soi. Le ministère de l’Intérieur a également un rôle à jouer. Il doit charger les municipalités de superviser les cas d’auto-isolement, d’autant que le ministère n’a pas des équipes qui puissent couvrir l’ensemble du pays. »

Le pays est-il prêt à affronter une telle épidémie, malgré la crise financière par laquelle passe le secteur hospitalier ?

« Nous avons toutes les capacités et les compétences pour traiter de tels cas, assure le Dr Ammar. Il est vrai qu’on pourrait avoir un manque dans les fournitures médicales et les dispositifs de protection, ce qui est le cas dans d’autres pays aussi, mais nous allons prendre les mesures nécessaires pour parer au problème. »

Le président du syndicat des propriétaires des hôpitaux privés, Sleiman Haroun, confie à L’OLJ dans ce cadre qu’une réunion élargie aura lieu aujourd’hui avec le ministre de la Santé publique, Hamad Hassan, et les fournisseurs pour discuter de l’affaire. « Depuis quelques mois, nous pâtissons du problème des fournitures médicales, les fournisseurs ayant des difficultés à importer de la marchandise avec la crise du dollar et la suppression des facilités bancaires aux entreprises, ajoute-t-il. Néanmoins, certains commerçants ont exporté ces dispositifs de protection vers d’autres pays, à des prix alléchants. Ce qui constitue un acte irresponsable et criminel. »

M. Haroun explique qu’à chaque fois que les hôpitaux essaient de passer des commandes pour des dispositifs de protection, soit on leur dit que « ce matériel est en rupture de stock », soit on les leur facture à « des prix trois ou quatre fois supérieurs à celui initial ». « Nous ignorons si ces dispositifs existent ou non, déplore-t-il. J’ai demandé au ministère de la Santé publique d’intervenir et d’inspecter les dépôts de ces fournisseurs. S’ils en ont dans leur stock, le ministère se chargera alors de superviser les ventes aux hôpitaux. Dans le cas contraire, il se chargera de les importer. »



(Lire aussi : Coronavirus : quand les Libanais se lâchent sur les réseaux sociaux)



Centraliser les soins

Pour M. Haroun, au cas où le Liban connaîtrait une épidémie, « il ne serait pas logique de disperser les cas dans tous les hôpitaux, parce que nous ne pourrions plus soigner nos patients ». « Nous ne nous dérobons pas à nos responsabilités, mais il faudrait centraliser les soins pour mieux contenir une éventuelle épidémie, avance-t-il. Dans ce cas, le mieux serait de les diriger vers les hôpitaux gouvernementaux pour qu’il y ait un contrôle central du ministère compétent. Le tri se fera dans les hôpitaux privés, mais les cas suspects seront envoyés dans les hôpitaux gouvernementaux. D’ailleurs, jusqu’à présent, le test (PCR) existe seulement à l’hôpital Hariri. » M. Haroun explique que tous les hôpitaux sont dotés de chambres d’isolement, mais leur nombre est limité, « pas plus que trois ou quatre chambres, selon la capacité de l’hôpital ». « Donc ils ne pourront pas gérer l’épidémie », insiste-t-il.

Le Dr Ammar précise à ce point que l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri a déjà aménagé tout un étage dédié à la gestion d’une éventuelle épidémie, avec une capacité de près de 140 lits. « Nous allons également aménager un étage dans un hôpital gouvernemental dans chaque caza », affirme-t-il. D’ailleurs des mesures ont été prises dans ce sens hier par la cellule de crise ministérielle (voir par ailleurs).

« Mesures responsables »

M. Hassan s’est voulu rassurant hier, affirmant ainsi, à l’issue d’un entretien avec le chef de l’État, Michel Aoun, « que les mesures à l’aéroport de Beyrouth sont des mesures responsables, prises en coordination directe avec l’Organisation mondiale de la santé ». « Nous appelons le peuple libanais à avoir confiance dans les mesures prises, a-t-il poursuivi. La panique hystérique est inacceptable. »

De son côté, le porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies, Andrea Tenenti, a assuré que la Finul avait pris « toutes les mesures nécessaires de prévention contre le coronavirus », en coopération avec ses unités médicales, afin d’éviter toute contamination parmi ses 11 000 Casques bleus.

Enfin, à Brital, dans le caza de Baalbeck, certains parents ont refusé d’envoyer leurs enfants à l’école hier, parce que dix des passagers de l’avion iranien arrivé jeudi soir sont du village. Ce qui a poussé certaines écoles à annoncer la fermeture des établissements pendant trois jours, en guise de prévention. Au Hermel également, les écoles ont fermé leurs portes hier, puisque certains des membres des familles de certains élèves étaient à bord de l’avion. Les cours devraient reprendre aujourd’hui.


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commentaires (3)

J’espère qu’ils sont au courant qu’un porteur du virus saint peut contaminer des centaines de personnes avant que les symptômes n’apparaissent et que les tests négatifs peuvent évolués en positifs en l’espace de quelques jours. La meilleure solution serait de confiner les passagers arrivant de pays contaminés pendant 2 semaines pour être sûrs qu’aucun ne développerait la maladie au sein de la population. L’Italie en est la meilleure preuve. Ils ont pris toutes les précautions sauf celle que la France a adopté c.a.d la mise en quarantaine par l’état de toute personne susceptible d’être contagieuse.

Sissi zayyat

11 h 42, le 25 février 2020

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Commentaires (3)

  • J’espère qu’ils sont au courant qu’un porteur du virus saint peut contaminer des centaines de personnes avant que les symptômes n’apparaissent et que les tests négatifs peuvent évolués en positifs en l’espace de quelques jours. La meilleure solution serait de confiner les passagers arrivant de pays contaminés pendant 2 semaines pour être sûrs qu’aucun ne développerait la maladie au sein de la population. L’Italie en est la meilleure preuve. Ils ont pris toutes les précautions sauf celle que la France a adopté c.a.d la mise en quarantaine par l’état de toute personne susceptible d’être contagieuse.

    Sissi zayyat

    11 h 42, le 25 février 2020

  • ARRETEZ LES VOLS A PARTIR DE LA COREE DU SUD, D,ITALIE ET D,IRAN OU CES DERNIERS ENTRENT ET SORTENT DU LIBAN A LEUR GUISE ET A CELLE DU HEZBOLLAH.

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    09 h 06, le 25 février 2020

  • Nous sommes prêts mais aucun des membres du personnel ne porte des masques FFP2, nécessaires pour les contaminations virales...

    Bachir Karim

    08 h 11, le 25 février 2020

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