Notre consœur Dima Sadek, ancienne journaliste vedette de la LBCI, ainsi que Gino Raïdy, un des activistes du mouvement de contestation, devront comparaître jeudi en principe devant la police criminelle au Palais de la justice, dans le cadre d’une plainte présentée par le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil contre eux, pour « diffusion de fausses informations » et « incitation à la haine et au confessionnalisme » sur les réseaux sociaux.Les deux avaient été convoqués pour ce matin, mais ils ont été notifiés hier soir du report de l’audience.
Interrogé par L’Orient-Le Jour, Gino Raïdy explique qu’il est poursuivi à cause d’un incident ayant opposé des Tripolitains à des militants aounistes à Jounieh il y a quelques semaines. « Au lendemain de l’accrochage entre les gardes du corps de Ziad Assouad (député CPL de Jezzine) et un activiste de Tripoli, nous avons organisé une rencontre avec les manifestants de la capitale du Liban-Nord à Jounieh. Sur le chemin du retour à Tripoli, des jeunes se sont acharnés sur un des participants à la rencontre et se sont adressés à lui en ces termes, selon l’activiste : « (Le président de la République Michel) Aoun est ton maître. » J’ai raconté ces faits sur les réseaux sociaux. Mais le CPL y a vu de fausses informations. » « Certains internautes gravitant dans l’orbite aouniste se sont par la suite employés à diffuser de fausses vidéos et des photos anciennes pour prouver que je suis fautif », ajoute l’activiste.
À la question de savoir pourquoi la police criminelle est saisie de l’affaire, Gino Raïdy répond en estimant que c’est la seule instance qui aurait accepté d’examiner le dossier. « Dima Sadek est poursuivie dans le cadre de la même affaire », souligne-t-il, estimant que « c’est le chef du CPL qui a porté personnellement plainte dans une tentative de forcer le pouvoir judiciaire à accepter d’examiner le dossier ». « Mais ils ne pourront pas faire taire le mouvement de révolte, dont plusieurs groupements et activistes se rassembleront demain (aujourd’hui) devant le Palais de justice à Beyrouth », insiste Gino Raïdy.
Quant à Charbel Khoury, il devrait comparaître devant le bureau de lutte contre la cybercriminalité des Forces de sécurité intérieure, dans le cadre d’une plainte pour diffamation présentée contre lui par Charbel Cordahi, conseiller de Gebran Bassil.
Réunie hier au Caire, la Fédération des journalistes arabes a dénoncé les « atteintes à la liberté d’expression et la liberté de la presse dans certains pays arabes ». Appelant à la remise en liberté de tous les journalistes détenus, elle a exhorté les pays arabes à protéger la liberté de la presse par des lois, « pour que les médias puissent jouer leur rôle en matière de reddition des comptes et de diffusion de l’information ». La Fédération des journalistes arabes a décidé de tenir son prochain congrès, en avril, à Beyrouth.
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OLJ à 14h00 : "Un activiste visé par une plainte d'un conseiller de Bassil..." Charbel Khoury, Dima Sadek, Gino Reaidy même combat contre la dictature pasdaranienne de Gebran Bassil contre ses opposants. Un nain de jardin à Batroun ne serait jamais un géant de Jardin d'Eden à Baabda. De 1920 et 1943, la France a fait du Liban une oasis de liberté, de droit et de modernité. Après 77 ans, par la grâce des obscurantistes des co-signataires des Accords de Chiyah-Munich, le nihilisme des nuls revient au galop.
15 h 29, le 24 février 2020