Rassemblement à l'appel du CPL devant le siège de la Banque du Liban, le 20 février 2020. Photo Joao Sousa
Des centaines de partisans du Courant patriotique libre de Gebran Bassil, fondé par le président Michel Aoun, se sont rasemblés jeudi après-midi devant le siège de la Banque du Liban (BDL), dans le quartier de Hamra, à Beyrouth, notamment pour protester contre les transferts massifs de fonds vers l'étranger après le début du mouvement de contestation contre la classe dirigeante, il y a plus de quatre mois.
Placé sous le slogan : "Il nous est interdit de retirer (de l’argent), est-ce qu’il vous est permis d’en transférer (à l’étranger) ?", ce rassemblement a été émaillé de tensions avec des partisans du Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt, qui s'étaient rassemblés à l'entrée de la rue Hamra, empêchant l'arrivée sur les lieux de bus transportant des militants du CPL. Des slogans partisans et des insultes ont été échangés entre les deux camps. Des jets de pierre ont également eu lieu. L'armée et les forces de sécurité se sont rapidement déployées pour apaiser les tensions, avant que les militants joumblattistes ne se replient vers le quartier de Clemenceau.
Des policiers faisant tampon à l'entrée de la rue Hamra. Photo Joao Souda
Walid Joumblatt a alors tenté d'apaiser la colère de ses partisans. "Que tout le monde rentre chez soi", a-t-il lancé depuis son domicile de Clemenceau, près du siège de la BDL, où des dizaines de partisans, criant "Abou Taymour", se sont rassemblés, ajoutant qu'il était sous la protection des forces de sécurité. "Eux, ils sabotent. Nous, nous construisons", a-t-il ajouté. "Nous devons poursuivre notre mouvement de manière responsable afin de tenter de sauver le pays et l'économie", a souligné le leader druze, avant d'ajouter : "nous n'arriverons pas à sortir de la crise sans réformes". "L'intérêt du pays est plus important que tout", a-t-il lancé.
Dans la soirée, le leader du courant du Futur Saad Hariri a exprimé sa solidarité avec Walid Joumblatt, condamnant les "provocations" envers les partisans du PSP.
De son côté, le CPL a dénoncé dans un communiqué des "méthodes miliciennes", balayant les accusations de provocation.
Le député joumblattiste Waël Bou Faour a expliqué que les partisans du PSP s'étaient mobilisés sur la base d'un message circulant sur les réseaux sociaux selon lequel les militants du CPL comptaient converger devant le domicile du leader du PSP.
"Les Libanais ne sont pas des mendiants !"
Lors de la manifestation du CPL, l'avocat Wadih Akl, membre du bureau politique du CPL et chef de la commission de la lutte contre la corruption au sein du parti, a pris la parole. "Il est de notre droit de savoir où et par qui les fonds ont été transférés", a-t-il déclaré. "Les Libanais ne sont pas des mendiants !", a-t-il lancé, en référence aux restrictions bancaires draconiennes, indiquant que d'autres actions sont en préparation, sans plus de précisions.
"Ça fait 94 jours que je descends dans la rue. Il n'y a pas de 'eux' et de 'nous'. Nous avons tous des problèmes d'électricité et d'eau", a déclaré Elia Timani, 45 ans, qui travaille dans le tourisme, interrogé par notre journaliste sur place, Zeina Antonios. "Les revendications légitimes du mouvement de contestation sont celles de tous les Libanais, mais nous ne voulons pas que ce mouvement soit utilisé pour servir les intérêts de l'étranger (...) Tout ce qui se passe est fait pour que nous quittions la région et que nous émigrions. Le peuple ne peut plus supporter le complot fomenté contre lui", a-t-il affirmé, dénonçant les attaques contre le chef de l'Etat et le leader du CPL.
"Depuis le départ, nous sommes opposés au gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, l'une des figures mises en place par l'ancien Premier ministre Rafic Hariri", a affirmé un autre militant du CPL. "Michel Aoun voulait déloger Riad Salamé de son poste. C'est Saad Hariri qui s'y est opposé", a-t-il ajouté, dénonçant un "système mis en place depuis 1992".Dans la matinée, le chef du CPL, Gebran Bassil, a écrit sur Twitter : "Non à une mainmise sur un seul sou des gens avant de savoir qui a transféré des fonds à l'étranger après le 17 octobre, sachant que ces fonds doivent être restitués. "Chaque montant qui a été transféré à l'étranger durant l'année 2019 de manière discrétionnaire a privé les Libanais qui ont de l'argent au Liban d'accéder à leur économies. La banque centrale sait et est capable, elle doit être au service de l'Etat et des gens, et non le contraire", a-t-il ajouté.
Le CPL et son chef font partie des cibles privilégiées du mouvement inédit de contestation fustigeant la classe dirigeante, accusé d'incompétence et de corruption.
Par ailleurs, une autre manifestation a eu lieu à Tripoli, au Liban-Nord, devant la branche locale de la BDL. Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), les manifestants ont lancé des slogans contre les restrictions bancaires et le gouvernement de Hassane Diab, confronté à la plus grave crise économique que traverse le pays depuis la fin de la guerre civile.
En outre, des appels à un rassemblement vendredi devant le siège de la Banque centrale ont été lancés ces dernières heures sur les réseaux sociaux proches de la contestation.
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commentaires (8)
C'est très curieux que de voir encore des libanais qui vivent sous le même ciel que tous les autres et qui souffrent des mêmes maux, pas d'électricité, pas d'eau potable pas d'infrastructures qui fonctionnent pas de président qui tranche, pas de sécurité, pas de république, pas d'armée, pas d'hôpitaux pour les démunis et plus d'argent dans les caisses ni dans les banques. Pas de poubelles, pas de projets pour assainir l'air avec des en énergies renouvelables. Que de projets de guerres et de destructions pour sauver tel ou tel pays. Il faut qu'ils nous expliquent le phénomène de leur dévouement ça commence à être inquiétant. Nous ne pouvons pas croire qu'une partie des libanais soient à ce point bouchée et dépourvue de tout bon sens. Qu'ils nous avancent une seule cause pour laquelle ils adhèrent à ces gens là et peut être arrivent ils à nous convaincre du bien fondé de leur aveuglement. En attendant, ils sont à nos yeux encore plus coupables que leurs leaders car ce qu'ils font s'apparente à un complot qui vise à achever le peu qui reste de notre nation qui aspire à renaître et à perdurer avec des citoyens responsables et unis derrière son drapeau. Nous voulons tous la même chose. Unissons-nous en adoptant un seul slogan. LE LIBAN D'ABORD.
Sissi zayyat
11 h 04, le 21 février 2020