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Économie - Interview

Rodolphe Saadé : l’alliance de CMA CGM et MSC pour la concession du port de Beyrouth est bénéfique pour le Liban

De passage à Beyrouth la semaine dernière, le PDG de l’un des leaders mondiaux du transport maritime et de la logistique, Rodolphe Saadé, est revenu pour « L’Orient-Le Jour » sur l’actualité du groupe en général et plus particulièrement au Liban, réitérant son engagement pour le développement économique du pays, qui traverse une grave crise économique et financière.

Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM. Photo DR

CMA CGM, l’un des leaders mondiaux du transport et de la logistique, a indiqué en 2019 souhaiter participer à l’appel d’offres remettant en jeu la gestion du terminal conteneur de Beyrouth, assurée depuis 2005 par BCTC (Beirut Container Terminal Consortium). Où en est le processus aujourd’hui ?

L’appel d’offres a été lancé le 17 janvier 2020 et la date limite de dépôt des candidatures est fixée au 17 mars prochain. L’ouverture des plis se fera en principe entre cette période et la dernière semaine d’avril. En tant que société franco-libanaise, nous souhaitons contribuer au développement économique du Liban et en faire la porte d’entrée de toute la région.

Nous avons déjà implanté le centre régional de CMA CGM, celui de CEVA Logistics (acquis par le groupe français en 2019, NDLR) ou encore récemment The Hub, notre plateforme dédiée au développement numérique des activités du groupe.

Le port est essentiel pour le développement du Liban. C’est pourquoi nous avons décidé de présenter avec MSC, un autre leader mondial, une offre commune pour la concession du port. Ensemble, nous totalisons déjà 60 % des volumes qui transitent par la capitale libanaise. Cette alliance avec MSC sera bénéfique pour le port et le Liban.

Avoir deux des plus grands armateurs mondiaux prêts à investir est un message fort d’espoir envers tous les Libanais.


(Pour mémoire : CMA CGM inaugure « The Hub », son centre dédié au développement numérique)


Les effets de la crise économique et financière que traverse le Liban se sont accentués en 2019 avec la mise en place des restrictions bancaires et ont contribué à provoquer un vaste mouvement de contestation sociale. Quel a été l’impact sur l’activité de conteneurs et quelles mesures avez-vous mises en place pour faire face à ses différentes conséquences ?

La crise a logiquement impacté l’activité du port de Beyrouth sur les derniers mois avec une baisse globale de 50 % des volumes enregistrés. En revanche, si les importations ont reculé, les exportations ont quant à elles nettement progressé. C’est particulièrement visible en janvier.

Durant cette période difficile, nos équipes n’ont pas cessé de travailler et nos bureaux sont restés ouverts. Je tiens à saluer leur engagement et leur professionnalisme. Nous avons aussi pris de nombreuses mesures pour aider les entreprises libanaises qui rencontraient de grandes difficultés. Nous avons par exemple accordé des délais supplémentaires de paiement et continuons d’accepter les chèques en livres libanaises et en dollars alors que nos concurrents demandent à être réglés en espèces et en dollars. Nous avons également accordé des réductions importantes sur les coûts de stockage pour les clients dont les marchandises ont été bloquées au port. Quand la situation est difficile, le Liban peut compter sur nous.


Entrevoyez-vous une issue positive ?

Nous sommes conscients que la crise libanaise est sans précédent. Nous souhaitons qu’une solution rapide soit apportée. Notre pays a un potentiel énorme et peut s’en sortir si tout le monde y met de la bonne volonté. Nous faisons de notre côté confiance au Liban. Nous prévoyons de continuer à renforcer notre présence ici et à investir.

Je viens régulièrement à Beyrouth. Je suis particulièrement impressionné par la qualité des jeunes sur le marché du travail. Nous allons continuer à recruter de jeunes Libanais talentueux pour nos activités ici, mais aussi à travers le monde.

Le secteur du transport maritime semble avoir retrouvé des couleurs au second semestre 2019 après une première partie d’exercice plus compliquée. Confirmez-vous cette tendance et quelles sont les perspectives pour 2020 ?

Pour CMA CGM, et sans évoquer les chiffres qui seront communiqués dans quelques semaines, je peux simplement vous dire que nous avons retrouvé la croissance dans le transport maritime au second semestre 2019. La baisse des cours du carburant, la maîtrise de nos coûts et notre rigueur opérationnelle ont eu un impact positif. En ce qui concerne la logistique, nous déployons le plan de redressement comme prévu.

Les perspectives pour 2020 sont positives. Mais l’épidémie de coronavirus impacte l’économie mondiale et paralyse plus particulièrement l’économie chinoise et tous les secteurs d’activité qui en dépendent. Pour CMA CGM, la Chine représente une part importante de son chiffre d’affaires et les volumes transportés par voie maritime sont en baisse. En revanche, grâce à notre acquisition dans la logistique avec CEVA, nous avons désormais une grande expérience dans le domaine aérien et pouvons proposer à nos clients des solutions alternatives pour répondre à leurs besoins les plus urgents.

D’après les informations qui nous parviennent, nous espérons un retour à la normale d’ici à mars. Les usines commencent en effet à rouvrir en Chine, notamment dans le nord du pays.


(Pour mémoire : CMA CGM lance le plus gros porte-conteneurs propulsé par GNL au monde)

Qu’en est-il de vos engagements en faveur de l’environnement sur lesquels vous avez beaucoup communiqué en 2019 ?

Le monde fait face à des défis environnementaux majeurs. Conscient de ces enjeux, le groupe a complètement intégré la dimension environnementale dans sa stratégie et a pris des décisions fortes en matière de transition énergétique. Le 10 février, nous avons annoncé un partenariat avec Energy Observer, un navire-laboratoire à hydrogène, autonome en eau et en énergie, qui cherche à développer des énergies alternatives viables pour le transport maritime.

Nous recevrons également cette année les premiers navires au monde d’une capacité de 23 000 conteneurs propulsés au gaz naturel liquéfié. Le premier sera livré en juin 2020.

Enfin, nous avons initié une coalition internationale avec de grandes compagnies mondiales afin de réfléchir aux énergies de demain. Le président français Emmanuel Macron a d’ailleurs récemment accepté de présider une première assemblée de la coalition mi-juin au cours de laquelle nous lui présenterons la feuille de route ambitieuse que nous aurons fixée. Ce n’est qu’en joignant nos efforts que nous trouverons les solutions de demain pour la planète.



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