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Moyen-Orient - Focus

Pékin favori malgré lui de la reconstruction syrienne

La République populaire dispose d’un certain nombre de cartes qui la distinguent de ses concurrents, mais qui ne garantissent pas sa participation au processus.

Les ministres syrien et chinois des Affaires étrangères, Walid al-Moallem et Wang Yi, à Pékin, le 24 décembre 2015. Wang Zhao/AFP/Getty Images

La Chine paiera-t-elle la facture de la reconstruction syrienne ? À mesure que la question économique devient prioritaire pour la survie du régime syrien, la possibilité de voir Pékin s’impliquer davantage en Syrie est évoquée. Et pour cause : le coût de la reconstruction est estimé entre 250 et 400 milliards de dollars et la Chine paraît être le seul acteur susceptible d’investir de telles sommes dans l’économie syrienne.

Le régime syrien fait actuellement face à une grave crise économique, notamment en raison des sanctions américaines qui peuvent désormais toucher tout individu ou État qui commerce en Syrie. Les deux parrains du régime syrien, la Russie et l’Iran, sont également touchés par les sanctions américaines et n’ont de toute façon pas les moyens de financer à eux seuls la reconstruction.


(Lire aussi : La Chine, un géant sur la pointe des pieds au Moyen-Orient)


Les pays du Golfe – Arabie saoudite en tête – malgré leur renouement politique et diplomatique progressifs avec Damas, ont fait comprendre qu’ils seraient prêts à aider la Syrie si leur ennemi iranien était poussé dehors. Les Occidentaux refusent quant à eux toute possibilité d’investissement tant qu’une solution politique n’a pas été adoptée dans le pays, une solution qui exclurait probablement Bachar el-Assad de la présidence de la Syrie d’après-guerre.

« La Syrie a besoin d’au moins 400 milliards de dollars pour lancer sa reconstruction et à moins que le processus politique ne progresse, aucun pays autre que la Chine ne peut se tailler la part du lion », explique Adham Sahloul, analyste économique et politique, spécialiste du Moyen-Orient.

Pékin, qui a affirmé vouloir participer à la reconstruction du pays, possède plusieurs cartes qui le placent au rang des potentiels principaux acteurs sur ce sujet. La Chine a beaucoup investi économiquement dans la région ces dernières années, notamment dans le cadre de son projet de « nouvelles routes de la soie », dont les axes maritimes et terrestres traversent de nombreux pays de la région, y compris la Syrie. Pékin noue par ailleurs de bonnes relations avec Damas et l’a soutenu à plusieurs reprises – tant économiquement que diplomatiquement – depuis le début du conflit syrien. Elle a par exemple opposé à plusieurs reprises son veto contre des résolutions du Conseil de sécurité condamnant des actions du régime ou voulant le sanctionner ; ou encore fourni 2 milliards de dollars au régime. Proche du camp de Bachar el-Assad, des Russes et des Iraniens, la République populaire ne partage pas la position des Occidentaux et des pays arabes sur le sujet de la solution politique d’après-guerre.

En septembre 2018, la ministre syrienne des Investissements, Wafika Hosni, avait par ailleurs invité la Chine à participer au processus de reconstruction, au nom des relations « historiques et excellentes » entre les deux pays. Bachar el-Assad « considère utile de travailler avec la Chine sur les projets de reconstruction », note Jonathan Fulton, chercheur au sein de l’Atlantic Council et professeur adjoint de sciences politiques à l’Université Zayed, à Abou Dhabi. « Pour les dirigeants chinois, l’instabilité de la Syrie a des répercussions dangereuses sur leurs intérêts dans la région (…). Les entreprises chinoises sont particulièrement réputées pour la construction d’infrastructures, alors attendez-vous à les voir s’engager avec la Syrie à cet égard », ajoute-t-il.

Il ne faut pas néanmoins aller trop vite en besogne. Pékin n’a pas pour l’instant fait d’offres, malgré sa volonté de participer à la reconstruction. Par ailleurs, si la Chine s’invite dans le processus malgré le feu rouge des Occidentaux et des pays arabes, elle risque de se les mettre à dos. Est-elle prête à cela ?

« Bien que les sanctions américaines contre la Syrie augmentent le risque d’être à son tour affectée si elle fait des affaires avec le gouvernement syrien, la Chine est de plus en plus en mesure de gérer ces risques sur les plans économique et politique », estime Adham Sahloul. La Chine peut-elle en plus s’investir sur un terrain où sont déjà présents les Russes, les Iraniens, les Turcs et les Américains ? « Je ne suis pas sûr que les Chinois ont envie d’aller là-bas. Ils n’ont pas tendance à se mettre dans les guêpiers », note un diplomate occidental.

E.S.


La Chine paiera-t-elle la facture de la reconstruction syrienne ? À mesure que la question économique devient prioritaire pour la survie du régime syrien, la possibilité de voir Pékin s’impliquer davantage en Syrie est évoquée. Et pour cause : le coût de la reconstruction est estimé entre 250 et 400 milliards de dollars et la Chine paraît être le seul acteur susceptible...

commentaires (2)

LA CHINE ET LA RUSSIE NE SONT PAS CAPABLES DE LA RECONSTRUCTION EN SYRIE. TOUS LES DEUX SONT DES ECONOMIES AUX PIEDS D,ARGILE.

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 39, le 19 février 2020

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Commentaires (2)

  • LA CHINE ET LA RUSSIE NE SONT PAS CAPABLES DE LA RECONSTRUCTION EN SYRIE. TOUS LES DEUX SONT DES ECONOMIES AUX PIEDS D,ARGILE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 39, le 19 février 2020

  • La route de la soie passe par le Liban. N'hésitons pas , je le dis et redis , à nous dallier corps et âme à la Chine et à la Russie , qui sont les seuls garants d'un véritable épanouissement qui serait le nôtre , et notre sauvegarde vis-à.vis des dangers israeliens .

    Chucri Abboud

    13 h 01, le 19 février 2020

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