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À La Une - proche-orient

Abbas dénonce à l'ONU la vision américaine d'un Etat palestinien "gruyère"

Le renoncement au vote d'une résolution en présence de ce dirigeant représente un revers sérieux pour les Palestiniens, même s'ils assurent que les négociations sur le texte entamées la semaine dernière vont se poursuivre.

Le président palestinien Mahmoud Abbas dans un discours devant le Conseil de sécurité de l'ONU, le 11 février 2020. REUTERS/Shannon Stapleton

Le président palestinien Mahmoud Abbas a rejeté solennellement mardi devant le Conseil de sécurité de l'ONU le plan de paix israélo-américain, qui ferait selon lui d'un Etat palestinien un "gruyère suisse", après avoir renoncé la veille à un vote d'une résolution faute de soutien international suffisant.

"Nous (le) rejetons" car il "met en question les droits légitimes des Palestiniens", a-t-il lancé, dénonçant notamment l'absence de Jérusalem-Est dans un futur Etat palestinien. Ce plan ferait de la Palestine "un Etat fragmenté", a-t-il insisté, en évoquant une situation "d'apartheid" et l'absence de souveraineté pour son peuple.

Le renoncement au vote d'une résolution mardi en présence de ce dirigeant représente un revers sérieux pour les Palestiniens, même s'ils assurent à l'unisson de la Tunisie, qui les représente au Conseil, que les négociations sur le texte lancées la semaine dernière vont se poursuivre. Ils expliquent aussi avoir voulu ménager leurs soutiens à l'ONU, soumis à une très forte pression des Etats-Unis. Selon un diplomate occidental, Washington a menacé de "mesures de rétorsion", notamment financières, les pays qui se positionneraient contre lui.

Un haut responsable américain, demandant l'anonymat, s'est félicité mardi de ce renoncement. "En ne présentant pas de résolution clivante, le Conseil de sécurité démontre que les vieilles manières de faire sont finies", a-t-il dit.

Dimanche, les Etats-Unis et le Royaume-Uni avaient soumis à leurs partenaires du Conseil de sécurité une série d'amendements au texte visant à lui enlever toute critique à l'égard du plan dévoilé par Donald Trump le 28 janvier. Ce projet retient une "solution à deux Etats", mais propose de créer une capitale d'un Etat palestinien à Abou Dis, un faubourg de Jérusalem, alors que les Palestiniens veulent faire de l'ensemble de Jérusalem-Est leur capitale. Il intègre aussi une annexion des colonies israéliennes, ainsi que de la vallée du Jourdain en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967, avec des frontières en rupture avec les lignes tracées à l'époque. Il prévoit un Etat démilitarisé pour la Palestine.


(Lire aussi : Le chef du Parlement koweïtien jette à la poubelle le plan Trump)



"Etat souverain"

"Ce sont nos territoires", a asséné devant le Conseil de sécurité Mahmoud Abbas. "Qu'est-ce qui vous donne le droit de les annexer?", a-t-il demandé aux Israéliens, appelant "la communauté internationale à faire pression" sur eux pour empêcher cette perspective qui pourrait intervenir au lendemain des prochaines élections israéliennes début mars.

Pour l'ambassadrice américaine à l'ONU, Kelly Craft, le plan, qui s'accompagne d'un investissement de 50 milliards de dollars, "est réaliste et peut être mis en oeuvre". "Ce n'est pas un projet figé dans le marbre, à prendre ou à laisser", a-t-elle ajouté, évoquant "une proposition de début de dialogue". Parmi ses amendements au projet de résolution, Washington a demandé de supprimer la mention d'une vision à "deux Etats souverains et démocratiques" pour ne conserver que la qualification "d'Etats démocratiques".


(Lire aussi : Où est le monde pour les Palestiniens ?)



Dans une déclaration commune avant la réunion du Conseil de sécurité, les membres de l'Union européenne siégeant dans cette instance (Belgique, France, Allemagne, Estonie, plus la Pologne, ancien membre) ont plaidé au contraire pour la création d'"un Etat d'un seul tenant, indépendant, démocratique, souverain et viable" pour les Palestiniens.

Pour ces derniers et plusieurs de leurs soutiens, le projet américain est déséquilibré et bien trop favorable à Israël.

Mahmoud Abbas a réaffirmé que "les Etats-Unis ne pouvaient plus être le seul médiateur" pour une paix au Proche-Orient. Il a appelé le "Quartette (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU) et les membres du Conseil de sécurité à organiser une conférence internationale de paix", sans autre précision.

Selon l'ambassadeur israélien à l'ONU, Danny Danon, la paix ne peut pas intervenir si les Palestiniens ne changent pas de dirigeant.

"Ce n'est qu'une fois qu'il sera parti qu'Israël et les Palestiniens pourront aller de l'avant", a-t-il dit, provoquant l'indignation du secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, assis à sa droite, qui s'est dit "stupéfait".

Après s'être affiché au côté de Mahmoud Abbas devant des médias réunis dans un hôtel, l'ex-Premier ministre israélien Ehud Olmert (2006-2009) s'est lui aussi inscrit en faux contre la déclaration de Danny Danon. Mahmoud Abbas "est un homme de paix, opposé à la terreur et c'est le seul partenaire avec lequel nous pouvons traiter", a-t-il souligné.

Si le président palestinien peut se targuer, dans son rejet du plan de Donald Trump, d'un soutien de la Ligue arabe, de l'Organisation de la Coopération islamique et de l'Union africaine, les réactions au plan américain ont montré souvent de la modération.

Les pays européens ne se sont pas montrés unis et, dans le monde arabe, plusieurs Etats ont marqué leur soutien à Washington, comme les Emirats arabes unis, Oman ou Bahreïn.


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commentaires (1)

Il est grand temps de remettre les pendules a lheure. Les Palestiniens doivent se reveiller de leur long (trop long) sommeil et realiser qua chaque NON, l''offre diminue... donc!

IMB a SPO

16 h 47, le 12 février 2020

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Commentaires (1)

  • Il est grand temps de remettre les pendules a lheure. Les Palestiniens doivent se reveiller de leur long (trop long) sommeil et realiser qua chaque NON, l''offre diminue... donc!

    IMB a SPO

    16 h 47, le 12 février 2020

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