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À La Une - jihadisme

Après la mort de son chef, quel avenir pour el-Qaëda dans la péninsule arabique ?

Aqpa n'était déjà "plus que l'ombre d'elle-même", après que les Etats-Unis eurent abattu plusieurs de ses dirigeants par des frappes de drones ces dernières années, estime Gregory Johnsen du Sanaa Center for Strategic Studies.

Combinaison de deux photos non-datées du chef militaire suspecté d'el-Qaëda dans la péninsule arabique, Kassem al-Rimi. Photo AFP / YEMENI MINISTRY OF INTERIOR / -

La mort du chef yéménite d'el-Qaëda dans la péninsule arabique (Aqpa), tué sur ordre du président américain Donald Trump, soulève la question de son importance au sein du groupe jihadiste dont se sont réclamés des auteurs d'attentats anti-occidentaux, et de l'avenir de celui-ci. La Maison Blanche a confirmé jeudi "l'élimination" au Yémen de Kassem al-Rimi, un des fondateurs et chef du groupe jihadiste, qui a revendiqué la fusillade perpétrée début décembre sur une base militaire américaine en Floride dans laquelle trois marins ont été tués.


Quelle importance avait Rimi ?

Premier commandant militaire d'Aqpa à sa création en 2009, Rimi avait été nommé chef de l'organisation après la mort de son prédécesseur, Nasser al-Wahishi, dans une frappe de drone américaine au Yémen en 2015. 

"Mais il n'était pas pour autant un bon leader et depuis sa nomination, l'aile terroriste internationale du groupe avait été atrophiée", estime Gregory Johnsen du Sanaa Center for Strategic Studies. Selon l'expert, deux candidats à sa succession se distinguent : "Khalid Batarfi qui, selon un récent rapport de l'ONU, dirige les opérations extérieures du groupe, et Saad ben Atef al-Awlaki, l'émir du groupe dans la province de Chabwa" (sud). Son successeur devrait être annoncé "prochainement", selon Peter Salisbury de l'International Crisis Group, mais il n'aura "pas la même renommée que Rimi, et encore moins la stature de Nasser al-Wahishi".

Selon l'exécutif américain, Rimi avait rejoint el-Qaëda dans les années 1990, travaillant en Afghanistan pour Oussama ben Laden, chef d'el-Qaëda et responsable des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. En 2018, Washington avait passé de 5 à 10 millions de dollars la récompense offerte pour sa capture.



(Lire aussi : Les Etats-Unis tuent Kassem al-Rimi, chef du groupe el-Qaëda dans la péninsule arabique)



Quel impact sur les opérations d'Aqpa au Yémen ?

Sous le commandement de Rimi, Aqpa, basé au Yémen, a profité du chaos entraîné par le conflit qui y oppose depuis plus de cinq ans les forces progouvernementales, appuyées par une coalition menée par l'Arabie saoudite, aux rebelles houthis, soutenus par l'Iran. Le groupe jihadiste a renforcé son emprise dans le sud et le sud-est du pays et a mené des opérations tant contre les houthis que contre les forces progouvernementales. Mais les experts s'accordent pour dire qu'Aqpa avait déjà perdu de sa puissance avant la mort de Rimi.

"Ses compétences de stratège militaire manqueront, mais la capacité d'Aqpa à opérer sur le terrain au Yémen avait déjà grandement diminué", affirme Elisabeth Kendall, spécialiste du Yémen à l'Université d'Oxford. "En termes opérationnels, son activité a connu un pic en 2017 avec 270 attaques sur le sol yéménite, bien que la plupart aient été d'une ampleur limitée", ajoute la chercheuse.

D'après M. Johnsen, Aqpa n'était déjà "plus que l'ombre d'elle-même", après que les Etats-Unis eurent abattu plusieurs de ses dirigeants par des frappes de drones ces dernières années.


Quelles conséquences sur la capacité d'Aqpa à frapper à l'étranger ? 

La mort de Rimi intervient quelques jours après qu'il eut revendiqué l'attaque meurtrière sur la base américaine à Pensacola, en Floride. L'auteur de l'attaque, un sous-lieutenant saoudien, avait "publié sur Twitter des messages hostiles envers les Etats-Unis" avant son attaque, dont une citation de ben Laden, tué en 2011 par les forces spéciales américaines, selon SITE Intelligence Group, un groupe américain spécialisé dans la surveillance des mouvements jihadistes.

La disparition de Rimi est un coup dur de plus pour les opérations extérieures du groupe, mais avant l'attaque en Floride, "la dernière revendication par Aqpa d'une attaque à l'étranger remontait à 2015", dit M. Johnsen, en référence à l'attaque au siège de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo à Paris qui avait fait 12 morts. D'après l'expert, "la question de savoir si Aqpa a dirigé ou inspiré la fusillade de Pensacola reste en suspens". Le groupe "inspire désormais plus qu'il n'est à l'origine d'attaques", renchérit Elisabeth Kendall.

Selon Peter Salisbury, les attaques "associées à Aqpa ont été perpétrées soit par d'anciens agents du groupe, soit par des 'loups solitaires' dont les contacts avec le groupe se sont parfois limités à des contacts sur internet". La mort de son chef "affaiblit davantage Aqpa et le mouvement mondial el-Qaëda et cela nous rapproche de l'élimination des menaces que ces groupes posent à notre sécurité nationale", a justifié la Maison Blanche.


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