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Société - Réfugiés palestiniens

En situation financière critique, l’Unrwa appelle aux dons

L’agence onusienne doit surtout composer avec la situation de crise au Liban, qui se répercute sur ses programmes dans le pays.


De gauche à droite, Claudio Cordone, directeur des affaires de l’Unrwa au Liban, et Michael-Ebye Amanya, directeur des affaires de l’agence en Syrie. Photo Blandine Lavignon

« Si nous avons moins de fonds, nous nous adapterons. » C’est en ces termes que Claudio Cordone, directeur des affaires de l’Unrwa au Liban, a défini la posture de l’agence onusienne face à la crise budgétaire qui affecte son rôle régional vis-à-vis des réfugiés palestiniens. Sauf que cette adaptation devra immanquablement affecter ses activités. Hier, Claudio Cordone et Michael-Ebye Amanya, directeur des affaires de l’Unrwa en Syrie, ont présenté la stratégie de l’agence pour 2020 et fait le bilan contrasté de 2019, lors d’une conférence de presse organisée au Lancaster Plaza Hotel.

Restrictions budgétaires, annulation de certains projets, réduction du nombre de bénéficiaires de certains programmes : l’année 2020 s’annonce drastique pour l’Unrwa. « Notre budget ressemble de plus en plus à un budget d’austérité », a d’ailleurs souligné Claudio Cordone. Et pour cause, en 2018, les États-Unis ont suspendu leurs subventions. Ils étaient initialement les plus gros donateurs de l’agence avec 300 millions de dollars par an. « L’arrêt du financement des États-Unis a porté un coup à l’agence, mais grâce aux réactions d’autres donateurs, nous sommes de retour », a expliqué le représentant de l’Unrwa au Liban.

Il n’en demeure pas moins que les fonds dont l’agence onusienne dispose restent largement en-deçà de ce dont elle a besoin pour financer ses activités, surtout que la crise financière et économique qui frappe le Liban a également affecté gravement les réfugiés palestiniens dans les camps.

D’après le plan présenté hier, le budget 2020 doit être de 1,4 milliard de dollars, dont 806 millions seront alloués aux programmes déjà en place, 207 millions à la crise syrienne, 155 millions aux opérations d’urgence, et 170 millions au développement de projets. La dernière conférence des donateurs de juin 2019 avait réuni seulement 110 millions de dollars. L’ambitieux budget prévu pour cette année risque donc d’être déficitaire, ce qui fait craindre des coupes budgétaires dans les programmes envisagés.



(Lire aussi : « Les Arabes, tous des traîtres ! » crient les Palestiniens de Aïn el-Héloué)



Claudio Cordone a souligné que le nombre de réfugiés palestiniens au Liban est stable, voire en diminution. Cependant, la proportion d’étudiants grandit chaque année, nécessitant selon lui un développement des programmes. « Nous n’avons pas fermé d’écoles, mais nous devons prendre des mesures budgétaires », a déclaré Claudio Cordone, sans préciser lesquelles.

L’Unrwa doit surtout composer avec la situation de crise au Liban qui se répercute sur ses programmes dans le pays. « Nous devons répondre à cette crise additionnelle », a-t-il d’ailleurs insisté. À ce titre, l’agence onusienne mène des consultations conjointement avec le gouvernement libanais, des ONG et l’ambassade de Palestine pour pouvoir y répondre de la meilleure manière. L’assistance monétaire s’avère être le meilleur système, selon ses explications. L’agence souhaite débloquer 7 millions de dollars pour ce programme. Au vu de la précarité grandissante, elle projette d’augmenter le nombre des bénéficiaires du système d’assistance monétaire au Liban. Actuellement, il concerne uniquement les réfugiés palestiniens vivant avec moins de 130 dollars par personne et par an. En complément de cette extension, l’Unrwa souhaite mettre en place un suivi de ces paiements.

Parallèlement, Claudio Cordone a souligné que l’enjeu pour 2020 sera également l’investissement dans des centres de formation professionnelle qui soient adaptés aux besoins du marché du travail libanais. L’année dernière, il avait rencontré l’ancien ministre du Travail, Camille Abousleiman, qui avait assuré que l’obtention de permis de travail – imposé par le ministère et qui avait suscité un tollé dans les camps – n’impacterait pas le statut de réfugié palestinien.

Le plus gros projet pour 2020 sera la poursuite de la reconstruction du camp de Nahr el-Bared (l’un des plus importants parmi les 12 que compte le Liban). Jusqu’à aujourd’hui, 68 % du camp a déjà été reconstruit. L’Unrwa a achevé de réunir les fonds nécessaires à cette entreprise et a prévu la fin de la reconstruction d’ici à deux ans.



(Lire aussi : Entre peur et espoir, le soulèvement libanais vu par les Palestiniens)



L’action en Syrie et au Liban
Michael-Ebye Amanya a détaillé pour sa part la stratégie de l’agence vis-à-vis des Palestiniens de Syrie. Il a fait état d’un calme relatif, tout en soulignant le risque permanent d’attaques. L’Unrwa n’a jamais cessé ses missions dans ce pays durant le conflit. Récemment, les fluctuations de l’économie et les sanctions occidentales qui lui ont été imposées ont affecté le niveau de vie des réfugiés palestiniens. Les interventions en Syrie pour 2020 nécessitent un budget de 270 millions de dollars, dont 50 % sera consacré à l’assistance monétaire, ce qui a fait dire à Michael-Ebye Amanya que la plupart des fonds récoltés vont directement aux réfugiés. En 2019, les fonds récoltés avaient été de 30 % inférieurs au montant du budget escompté. L’écart pourrait davantage se creuser en 2020. Ce manque de fonds a conduit à des réorientations budgétaires : l’assistance monétaire a été réduite de 14 à 9 dollars par personne et par mois. La mesure phare en 2020 sera a contrario de faire passer l’aide monétaire de 14 dollars à 28 dollars pour les plus précaires si les fonds sont suffisants. La Syrie compte 131 000 des réfugiés palestiniens considérés comme les plus vulnérables.


Pas de plan B
Le rôle de l’agence onusienne a récemment été remis en cause avec le dévoilement du « deal du siècle » des États-Unis. Répondant à d’éventuelles inquiétudes quant à l’avenir de l’agence, Claudio Cordone a répondu : « Ce n’est pas notre rôle de commenter. La solution doit être négociée sur des bases internationales. Nous opérons en nous basant sur le droit international. En novembre 2019, 170 pays ont voté pour donner un nouveau mandat à l’Unrwa jusqu’en 2023. » Mais sans l’apport financier des États-Unis, c’est amputé d’un tiers de son budget que l’agence devra assurer ce mandat.

L’Unrwa avait traversé une crise profonde en 2019. Accusé d’abus et de mauvaise gestion, l’ancien commissaire général, Peter Krähenbühl, avait fini par démissionner. Suite à l’ouverture d’une enquête de l’ONU, certains pays européens comme la Suisse ou les Pays-Bas avaient alors suspendu leurs versements. En situation de crise budgétaire, l’agence avait alors dû faire face à un déficit évalué à 211 millions de dollars. Claudio Cordone et Michael-Ebye Amanya ont tenu à citer l’évaluation indépendante réalisée par MOPAN (un réseau d’évaluation des performances des organisations multilatérales), publiée en juin dernier et qui plébiscite le bilan de l’agence onusienne. « Le problème n’était pas celui de l’Unrwa mais de la communauté internationale. Nous ferons face à ce challenge ensemble », a finalement conclu Claudio Cordone.

Fondée en 1949, l’Unrwa vient en aide aux réfugiés palestiniens au Liban, en Syrie, en Jordanie et dans les territoires palestiniens. Elle fournit une aide médicale, alimentaire et des services d’éducation et d’assistance à 5,6 millions de réfugiés palestiniens. Au Liban, ses activités concernent environ 280 000 personnes. La situation budgétaire de l’agence de l’ONU est plus que critique, elle doit faire face à des difficultés de financement sans précédent en 70 années d’existence.



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« Si nous avons moins de fonds, nous nous adapterons. » C’est en ces termes que Claudio Cordone, directeur des affaires de l’Unrwa au Liban, a défini la posture de l’agence onusienne face à la crise budgétaire qui affecte son rôle régional vis-à-vis des réfugiés palestiniens. Sauf que cette adaptation devra immanquablement affecter ses activités. Hier, Claudio Cordone...

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LA LIBRE EXPRESSION

12 h 50, le 05 février 2020

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Commentaires (2)

  • ADRESSEZ-VOUS AILLEURS. ICI ON MENDIE DEJA.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 50, le 05 février 2020

  • On cherche l'argent là où il est. Il n'est pas au Liban. Sans commentaure.

    Un Libanais

    10 h 55, le 05 février 2020

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