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La leçon de 1982

Un ancien député sunnite soulignait il y a quelque temps, en essayant d’expliquer l’adhésion du courant du Futur au slogan « Liban d’abord » dans le sillage de la révolution du Cèdre, que le siège et les bombardements israéliens de Beyrouth-Ouest en 1982 avaient à son avis provoqué un déclic, initié un point d’inflexion, dans le comportement politique des Libanais musulmans. Ces derniers, nous avait-il précisé, avaient alors réalisé, sous le choc de l’étau imposé par l’État hébreu, que les pays arabes n’avaient rien fait pour voler à leur secours. Il s’était de ce fait forgé dans leur inconscient collectif la conviction que leur intérêt et leurs garanties ne se trouvaient plus dans le nationalisme arabe, mais à l’intérieur du Liban, dans des rapports bien réfléchis avec leurs partenaires libanais.

L’analyse de l’ancien parlementaire pourrait être davantage affinée en remontant plus loin dans le temps. Le nationalisme arabe a atteint son apogée sous le règne de Nasser, dans les années 60. La disparition du raïs égyptien en 1970 aura marqué le début du déclin du nationalisme arabe. Un déclin qui ira en s’accentuant et qui sera en quelque sorte consacré avec le siège de Beyrouth-Ouest et la déchéance de la cause palestinienne sous l’effet de la défaite de l’Organisation de libération de la Palestine à Beyrouth. Ce processus de déclin expliquerait l’alignement de l’islam politique en général, plus particulièrement des sunnites et par la suite du courant du Futur, sur le projet libaniste et souverainiste, exprimé par le slogan « Liban d’abord ».

Cette évolution, aussi lente soit-elle, pourrait-elle un jour atteindre le Hezbollah ? Nous serions tentés d’apporter d’emblée une réponse négative à cette question (du moins dans l’immédiat) du fait de la doctrine du parti chiite – élaborée au milieu des années 80 et fondée sur une allégeance inconditionnelle au guide suprême iranien pour tout ce qui touche aux problèmes d’ordre stratégique. Le Hezbollah est ainsi devenu au fil des ans le principal élément moteur de la politique expansionniste des pasdaran dans la région. Dans de telles conditions, une « libanisation » du parti chiite paraît par conséquent problématique. Sauf que l’édifice de la République islamique présente depuis quelques mois des fissures qui s’aggravent à plus d’un niveau.

Cet édifice a déjà été fortement fragilisé par les sanctions américaines, les retombées économiques de l’exportation de la révolution, mais aussi par une fronde qui va crescendo dans plusieurs pans de la société iranienne, notamment parmi les femmes et les jeunes qui se rebellent de plus en plus contre le mode de vie et les valeurs sociétales rétrogrades que leur impose le régime

théocratique en place.

Au niveau moyen-oriental, l’élimination de Kassem Soleimani – architecte et véritable cerveau de la politique expansionniste des gardiens de la révolution dans la région – et de Abu Mahdi al-Muhandis (fédérateur des milices irakiennes alliées à Téhéran) a été sans conteste un coup particulièrement dur pour les mollahs iraniens et pour leur projet hégémonique. Ce revers est d’autant plus grave qu’il s’accompagne parallèlement de deux mouvements de soulèvement au Liban et en Irak, qui ont sérieusement brisé les tabous de la sacralisation de l’influence des deux têtes de pont des pasdaran dans ces deux pays, le Hezbollah et la « mobilisation populaire » (coalition des organisations inféodées à l’Iran).

Certes, le régime iranien sait faire preuve de résilience, et il le fait sans aucun état d’âme, comme le démontrent les tirs à balles réelles contre les jeunes manifestants en Irak (et auparavant en Iran), les assassinats de militants, les enlèvements de jeunes et d’activistes, les actes de répression sauvage contre les frondeurs rassemblés sur les places publiques… Nul doute que le régime des mollahs détient encore nombre de cartes en main. Il peut notamment – et il ne s’empêche pas de le faire – resserrer l’étau et renforcer son emprise sur les pouvoirs exécutifs à Bagdad et à Beyrouth.

En dépit de cette capacité de nuisance qui n’est pas totalement neutralisée, force est de relever que, malgré tout, l’édifice de la République islamique est bel et bien fissuré et les paramètres qui pourraient rendre sa déstabilisation irréversible ne manquent pas, tant sur le plan interne qu’au niveau régional. Les facteurs de risque sont grands et cela, le Hezbollah ne saurait le négliger. De là à conclure qu’il est de son intérêt à long terme de se replier politiquement sur le terrain de jeu libanais et de miser sur des rapports équilibrés avec ses partenaires locaux plutôt que sur un éphémère soutien externe, il n’y a qu’un pas que les dirigeants du parti chiite auraient tort de ne pas franchir, comme d’autres l’ont fait avant lui après le siège de 1982.

Un ancien député sunnite soulignait il y a quelque temps, en essayant d’expliquer l’adhésion du courant du Futur au slogan « Liban d’abord » dans le sillage de la révolution du Cèdre, que le siège et les bombardements israéliens de Beyrouth-Ouest en 1982 avaient à son avis provoqué un déclic, initié un point d’inflexion, dans le comportement politique des Libanais...

commentaires (3)

Le nationalisme arabe a atteint son apogée sous le règne de Nasser, dans les années 60. La disparition du raïs égyptien en 1970 aura marqué le début du déclin du nationalisme arabe. Un déclin qui ira en s’accentuant et qui sera en quelque sorte consacré avec le siège de Beyrouth-Ouest et la déchéance de la cause palestinienne sous l’effet de la défaite de l’Organisation de libération de la Palestine à Beyrouth. Nasser a ete le fossoyeur du Liban en imposant au parlement Libanais cette loi autorisant les palestiniens a attaquer Israel a partir du Liban sud appele Fath Land Envahissant le Liban en septembre 1970 apres avoir ete chasse de Jordanie L'OLP a pris lentement au sol le pouvoir au Liban jusqu'a ce fameux Avril 1975 L'invasion Israelienne est venu chasse l'OLP armee du Liban et en fait sauver les Chretiens et le Musulmans de cette prise de pouvoir par les palestiniens Les musulmans ont compris que les pays Arabes ne pouvaient donc rien faire pour le Liban en cas de guerre et ont rejoint les chretiens pour faire un nouveau Liban l'arrivee des Iraniens dans ce nouveau Liban a favorise la mainmise de l'Etat par Hezballah officieusement au debut puis ouvertement apres les accords funestes avec Aoun VOILA POURQUOI LE LIBAN EST AUJOURDH'UI SANS AUCUN APPUI ARABE CAR HB EST CONSIDERE UN PARTI TERRORISTE PAR PLUSIEURS PAYS ET LE LIBAN NE PEUT PLUS S'EN DEFAIRE A CAUSE D'UNE MILICE A LA SOLDE DE L'IRAN

LA VERITE

15 h 38, le 04 février 2020

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Commentaires (3)

  • Le nationalisme arabe a atteint son apogée sous le règne de Nasser, dans les années 60. La disparition du raïs égyptien en 1970 aura marqué le début du déclin du nationalisme arabe. Un déclin qui ira en s’accentuant et qui sera en quelque sorte consacré avec le siège de Beyrouth-Ouest et la déchéance de la cause palestinienne sous l’effet de la défaite de l’Organisation de libération de la Palestine à Beyrouth. Nasser a ete le fossoyeur du Liban en imposant au parlement Libanais cette loi autorisant les palestiniens a attaquer Israel a partir du Liban sud appele Fath Land Envahissant le Liban en septembre 1970 apres avoir ete chasse de Jordanie L'OLP a pris lentement au sol le pouvoir au Liban jusqu'a ce fameux Avril 1975 L'invasion Israelienne est venu chasse l'OLP armee du Liban et en fait sauver les Chretiens et le Musulmans de cette prise de pouvoir par les palestiniens Les musulmans ont compris que les pays Arabes ne pouvaient donc rien faire pour le Liban en cas de guerre et ont rejoint les chretiens pour faire un nouveau Liban l'arrivee des Iraniens dans ce nouveau Liban a favorise la mainmise de l'Etat par Hezballah officieusement au debut puis ouvertement apres les accords funestes avec Aoun VOILA POURQUOI LE LIBAN EST AUJOURDH'UI SANS AUCUN APPUI ARABE CAR HB EST CONSIDERE UN PARTI TERRORISTE PAR PLUSIEURS PAYS ET LE LIBAN NE PEUT PLUS S'EN DEFAIRE A CAUSE D'UNE MILICE A LA SOLDE DE L'IRAN

    LA VERITE

    15 h 38, le 04 février 2020

  • La tutelle du Hezbollah et l'aura de Hassan Nasrallah ont commencé a baisser mais on est encore très loin du bout du tunnel

    Tabet Ibrahim

    14 h 09, le 04 février 2020

  • Belle analyse, cependant son erreur est de faire l’amalgame entre les Chiites (communauté intégrante du tissu Libanais comme l’avais voulu l’imam Sadr) et le Hezbollah qui n’est qu’une division régionale du commandement Khomeyniste. Pour les seconds il n’y a aucun espoir, cette milice a été créé est payée par les Pasdarans qui en choisissent le commandement et même le recrutement. Pour les seconds je réponds oui, ils ne sont certes toujours pas majoritaire mais on a vu un début de révolte à Nabatiyeh , Tyr, Baalbek et il semble que le barrage de la peur se soit effrite. L’effondrement économique dus aux politiques 8 maristes aidant il tient aux autres communautés de faire en sorte que les Chiites réintègrent la nation. Il faut donc bien abreuver la graine de l’espoir pour que celle-ci devienne fleur

    Liban Libre

    09 h 11, le 04 février 2020

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