Le gouvernement du Kurdistan irakien a violemment réagi lundi aux propos du secrétaire général du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, qui avait estimé dans un discours la veille que le général iranien Kassem Soleimani, tué dans une frappe américaine, avait "sauvé" la région autonome kurde du nord de l'Irak des jihadistes de l’État islamique.
Dans son discours en mémoire du général Soleimani, tué il y a dix jours dans une frappe de drone américaine en Irak, Hassan Nasrallah avait affirmé que le chef de la force al-Qods des gardiens de la révolution avait "délivré Erbil et le Kurdistan irakien de l'EI". "Lorsque l'EI attaquait, Massoud Barzani (le chef du Parti démocratique kurde et ancien président, ndlr) tremblait de peur", avait ajouté le leader chiite.
Lors d'un point presse lundi, le porte-parole du gouvernement kurde, Jotyar Adil, a critiqué les déclarations "puériles" du chef du Hezbollah "qui n'ose même pas sortir la tête de son tunnel souterrain", selon l'agence de presse kurde irakienne Rudaw.
"Pourquoi attaquez-vous une nation qui n'a rien à voir avec vous ? Ce sont les peshmerga (combattants kurdes, ndlr) qui ont protégé Erbil et le Kurdistan, et personne d'autre", a déclaré le responsable. Il a estimé "étrange" que Hassan Nasrallah s'en prenne "à une nation et à son chef de manière aussi puérile". "Au lieu de nous insulter, vous auriez dû soutenir une nation qui n'a connu que l'injustice pendant des années", a-t-il ajouté.
(Lire aussi : Nasrallah : Nous sommes au début d'un long chemin menant au départ des troupes US)
"Occuper le Kurdistan"
Et le porte-parole d'accuser le Hezbollah et le général Soleimani d'avoir "rêvé d'occuper le Kurdistan". Il faisait référence au déploiement en 2017 d'unités du Hachd al-Chaabi, les milices chiites pro-iraniennes dans des zones dans lesquelles les combattants kurdes s'étaient déployés contre l'avis de Bagdad, en vue du référendum kurde pour l'indépendance. Le numéro deux du Hachd, Abou Mehdi al-Mouhandis, se trouvait d'ailleurs avec le général iranien dans le convoi qui a été atteint par Washington.
Samedi, le Premier ministre irakien démissionnaire Adel Abdel Mahdi était en tournée au Kurdistan irakien pour rassurer les dirigeants locaux sur le fait qu'il ne recherche pas "les hostilités" avec Washington, dont il réclame le départ des troupes. Ces déclarations interviennent alors que de nombreux Kurdes plaident pour le maintien des troupes étrangères pour affronter les cellules clandestines que conserve le groupe État islamique (EI) malgré sa défaite territoriale. Dans ce contexte, les députés kurdes du Parlement fédéral à Bagdad n'avaient pas participé au vote qui réclamait au gouvernement d'expulser les troupes étrangères du pays.
Depuis plusieurs jours, les factions pro-iraniennes menacent de répondre aux raids américains. Les autorités fédérales de Bagdad s'activent pour leur part à expulser les soldats américains et leurs diplomates multiplient les protestations contre Washington. Mais le Kurdistan irakien, lui, est resté à l'écart. Cette région du nord de l'Irak doit son autonomie aux États-Unis mais partage des centaines de kilomètres de frontière avec l'Iran. Les combattants kurdes ont participé à la guerre contre l'EI aux côtés de la coalition emmenée par Washington comme des miliciens du général Soleimani.
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commentaires (9)
Quelqu'un devrait tenir un blog avec tous les mensonges proférés lors de ces discours fleuves, un peu comme il se fait pour Trump. Ce serait très édifiant et peut-être certains verraient la lumière du jour.
Michael
12 h 53, le 14 janvier 2020