Ce que l’on sait
Le général iranien, commandant de la force d’élite al-Qods, Kassem Soleimani a été tué dans la nuit de jeudi à vendredi dans le bombardement d'un convoi à l'aéroport de Bagdad. Le chef des Kata’ib Hezbollah, une des milices pro-iraniennes les plus actives en Irak, Abou Mehdi al-Mouhandis, a également été tué dans l’attaque.
Un responsable militaire américain a affirmé à l'AFP que la frappe qui a pulvérisé les deux véhicules où se trouvaient le puissant général iranien et le principal homme de l'Iran en Irak était "un tir de précision d'un drone".
Les gardiens de la révolution ont confirmé la mort de Kassem Soleimani. Et le président iranien Hassan Rohani a promis que Téhéran et les « nations libres de la région » se vengeront des États-Unis.
Le Pentagone a pour sa part précisé que le président américain Donald Trump avait donné l'ordre de tuer le général iranien. « Sur ordre du président, l'armée américaine a pris des mesures défensives décisives pour protéger le personnel américain à l'étranger en tuant Kassem Soleimani », a indiqué le ministère américain de la Défense dans un communiqué. Donald Trump n’a pas encore personnellement commenté l’attaque se contentant de poster un drapeau américain sur son compte Twitter.
Réagissant à cette annonce, le turbulent leader chiite Moqtada Sadr a donné l'ordre à ses combattants de l'Armée du Mehdi de se « tenir prêts », réactivant ainsi une milice officiellement dissoute depuis environ une décennie et qui avait semé la terreur dans les rangs des soldats américains en Irak.
Dans quel contexte intervient l’attaque ?
Les États-Unis ont mené dimanche des frappes de représailles contre la milice irakienne Kata’ib Hezbollah, tuant au moins 25 combattants. En réaction, les partisans des milices pro-iraniennes ont pris d’assaut l’ambassade américaine à Bagdad mardi et mercredi. Le chef du Pentagone, Mark Esper, avait dit jeudi que les États-Unis s’attendaient à de nouvelles attaques de la part des paramilitaires alliés de l'Iran. « Si les États-Unis ont vent de nouvelles attaques en préparation, nous prendrons aussi des mesures préventives pour protéger les forces américaines, pour protéger des vies américaines », avait-il ajouté.
L’administration Trump a fait de l’Iran son principal ennemi dans la région en décidant de se retirer de l’accord nucléaire en mai 2018 et de réimposer des sanctions fortes contre le régime en vue d’exercer une « pression maximale » contre lui. En réponse, les Iraniens ont mené au cours de ces derniers mois une politique d’escalade contrôlée visant à faire payer aux États-Unis et à leurs alliés le prix de leurs politiques à leur encontre. La politique iranienne était notamment basée sur le fait que, malgré ses discours bellicistes, le président américain n’était pas prêt à entrer en guerre.
(Lire aussi : Nasrallah : Venger Soleimani est la responsabilité de la résistance dans le monde entier)
Quelle est son importance ?
La mort du général iranien Kassem Soleimani dans un raid américain est un tremblement de terre pour l’ensemble de la région. Surnommé le fantôme, il était considéré comme l’un des hommes les plus puissants du Moyen-Orient, le stratège et le principal exécutant de la politique iranienne en dehors de ses frontières. Sa mort est un coup extrêmement dur porté à l’encontre de la République islamique.
L’attaque américaine peut légitimement être comparée à une déclaration de guerre contre l’Iran et ses alliés dans la région. Elle marque un véritable tournant dans la politique américaine qui était axée principalement jusque là sur les sanctions économiques. La politique américaine était marquée par une incohérence stratégique entre des objectifs très élevés, mettre l’Iran à genoux, et des moyens politiques et militaires assez faibles pour y parvenir. L’attaque d’hier est-elle imputable à un changement radical de stratégie de la part des États-Unis ou ces derniers ont-ils considéré qu’ils ne pouvaient pas laisser passer cette occasion de se débarrasser de l’un de leurs plus grands ennemis ? Il semble encore trop tôt pour le dire.
Quelles possibles conséquences ?
Il sera très difficile de maîtriser cette escalade qui pourrait mettre le feu à toute la région. Il paraît fort probable que les Iraniens répondent à l’attaque américaine, compte tenu de l’importance du général Soleimani dans l’appareil du régime. L’escalade les met cette fois-ci dos au mur. On peut s’attendre à une multitude de réactions possibles, les Iraniens pouvant agir via leurs alliés au Liban, en Irak ou au Yémen. Les troupes américaines dans la région, notamment en Irak, pourraient être les premières cibles de la réponse iranienne, alors que la pression politique menée par les milices chiites pro-iraniennes pour les pousser à quitter le pays devrait encore s’accentuer. La problématique est la suivante : quelle réponse pourrait paraître proportionnée du point de vue des Iraniens à la perte qu’ils viennent de subir ? Cette réponse peut-elle entraîner autre chose qu’une guerre ouverte sur plusieurs fronts entre les États-Unis et l’Iran ? Le régime iranien est-il prêt à franchir le Rubicon, ce qui pourrait le mener à sa perte ? L’attaque américaine d’hier pourrait avoir de terribles conséquences pour l’ensemble de la région. En particulier pour la République islamique, qui est ainsi confrontée au plus grand défi de son histoire : ne pas répondre serait une remise en question fondamentale de tout ce que le régime a construit pendant des décennies ; le faire de façon « proportionnée » risque d’entraîner une guerre directe contre les États-Unis, que les Iraniens n’ont, a priori, pas les moyens de gagner mais qui serait un désastre pour l’ensemble de la région.
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Bof! Un soulaymani de moins ou de plus...on est tout autant dans la m.... Espérons que notre thawra nou ramène un pays où toutes ces histoires nous serons étrangères!!! Je ferme les yeux et rêve un bref instant!!!
18 h 33, le 03 janvier 2020