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Liban - Reportage

Une partie de l'unique cimetière juif de Beyrouth s’affaisse à cause des pluies

Selon un expert, la communauté israélite du Liban ne compte plus que 29 personnes.

Une tombe datant de 1942, dans l'unique cimetière juif de Beyrouth, endommagée par les fortes pluies, le 26 décembre 2019. Photo AFP / ANWAR AMRO

Il était 23h30 mercredi quand le mur de soutènement de l'unique cimetière juif de Beyrouth, situé à la rue de Damas s’affaisse à cause des pluies diluviennes. « Je parlais au téléphone et j’ai entendu comme une explosion. J’ai vu la première dalle sur la chaussée et puis vers deux heures du matin c’est tout un pan de mur qui s’est effondré », raconte à qui veut l’entendre un riverain.

A la rue de Damas en matinée, on pouvait voir les caveaux tombés et les épitaphes frappées de l’étoile de David, portant les noms inscrits en arabe et parfois en hébreu des personnes décédées durant les années quarante.

Nagi Zeidan, spécialiste de la communauté juive du Liban, souligne dans un entretien à L’Orient-Le Jour que « c’est la partie datant des années quarante du cimetière qui s’est écroulée ».

Peu après midi, un bulldozer a dégagé la terre, les dalles et les épitaphes qui jonchaient une partie de la rue de Damas, en présence du responsable de la communauté juive au Liban, Isaac Arazi, après l’arrivée d’un délégué de la municipalité de Beyrouth pour estimer les dégâts. Il fallait procéder avec précaution : à cause de la pluie diluvienne, de nombreuses tombes étaient instables et pouvaient encore s’écrouler.

« La communauté juive au Liban a tout de suite réagi. Il faudra trois semaines pour reconstruire le mur de soutènement, stabiliser la terre qui est devenue plus meuble et remettre en place les tombes affaissées », précise M. Zeidan.

En matinée alors que de nombreux journalistes filmaient le mur écroulé, un Libanais israélite chargé du cimetière s’abritait de la pluie dans un café voisin, parlant aux personnes qui le connaissaient et faisant peu de commentaires devant les étrangers. Cet homme a passé une nuit blanche et dès le matin il a alerté un entrepreneur pour que le travail nécessaire soit rapidement effectué. Discret, il refuse de parler à la presse.


(Lire aussi : La tempête Loulou provoque de nombreux dégâts dans tout le Liban)



Dernier enterrement en 2014
Selon Nagi Zeidan, il ne reste plus que 29 juifs habitant le Liban. Le cimetière de Sodeco compte 3407 tombes. « La dernière personne qui y a été enterré est un homme de la famille Zeitouni, un célibataire âgé de 85 ans et dont les proches se sont établis sous d’autres cieux. C'était en 2014 », note le spécialiste.

Avant la guerre en Syrie, c’est le rabbin d’Alep, aujourd’hui au Canada, qui récitait la prière quand un juif du Liban était enterré à Sodeco ou à Saïda, la grande ville du Liban-Sud abritant également un cimetière de la communauté. Ces enterrements sont devenus très rares après la guerre de 1975, qui avait poussé à partir le peu de juifs qui résidaient encore au Liban.

Beyrouth et le Liban ont toujours attiré les minorités persécutées. Durant les années cinquante, la capitale libanaise comptait des milliers de juif venus de Syrie et d’Irak, qui se sont installés à Wadi Abou Jmil où habitait une grande partie de la communauté israélite du Liban.

La présence de juifs au Liban remonte à des milliers d’années. « Les premiers textes prouvant la présence de juifs dans la ville de Saïda datent de l’an 74 avant Jésus-Christ. Il s’agit notamment d’un document les appelant à payer les taxes qu’ils doivent à César », explique Nagi Zeidan.

« Le premier homme ayant été enterré au cimetière juif de la rue de Damas est un rabbin de la famille Yédid-Lévi. C’était en 1828 », raconte le spécialiste, ajoutant que « lors du recensement de 1932, Beyrouth comptait 235 familles juives ». Ce chiffre a grossi au fil des ans pour chuter considérablement en 1967, avec la Guerre des Six jours, puis de nouveau après 1975. Les juifs du Liban ont préféré, pour des raisons de sécurité, partir s’installer en Israël, en France, aux États-Unis, au Canada et en Amérique latine.

Sous la pluie battante de la rue de Damas, on distingue, dans la grisaille, une épitaphe toute blanche sur la chaussée, celle d’une femme prénommée Lucie, fille de Sasson Saal, décédée le 19 juillet 1943. Juillet 1943, il fallait encore quelques mois pour que le Liban acquiert son indépendance, deux ans pour que la Deuxième Guerre mondiale s’achève et cinq années pour la création de l’État d’Israël.


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commentaires (4)

L,HISTOIRE DE TOUS LES COMMUNAUTES NON MUSULMANES DANS LES PAYS DE L,OBSCURANTISME DU MOYEN ORIENT.

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 46, le 27 décembre 2019

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Commentaires (4)

  • L,HISTOIRE DE TOUS LES COMMUNAUTES NON MUSULMANES DANS LES PAYS DE L,OBSCURANTISME DU MOYEN ORIENT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 46, le 27 décembre 2019

  • 29 vivants, 3407 enterrés à sodeco, et des milliers qui ont quittés... Qui seront les prochains à laisser derrière eux des cimetières et à immigrer bien loin de ce paradis dévasté!?

    Wlek Sanferlou

    23 h 37, le 26 décembre 2019

  • Une tempête antisémite quoi..

    FRIK-A-FRAK

    21 h 02, le 26 décembre 2019

  • Dommage , nous aimions bien nos amis juifs libanais !

    Chucri Abboud

    20 h 47, le 26 décembre 2019

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