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Moyen Orient et Monde - Arabie Saoudite

Riyad, grand absent du sommet des pays musulmans à Kuala Lumpur

L’Arabie saoudite craint une remise en question de son leadership.

Le Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad (g.) serre la main du président turc Recep Tayyip Erdogan dans son bureau, à Putrajaya, en Malaisie, 18 décembre 2019. Department of Information/Handout via Reuters

Riyad ne participera pas au sommet de Kuala Lumpur, en Malaisie, réunissant à partir d’aujourd’hui, et pour une durée de quatre jours, plusieurs pays musulmans, parmi les plus influents, pour qu’ils discutent de problématiques touchant les fidèles de la deuxième religion du monde. Si aucun agenda officiel n’a été annoncé pour le moment, les thématiques abordées devraient inclure, entre autres, la pauvreté et l’islamophobie. Selon le Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad, cette rencontre constitue un premier pas vers une solution à ces difficultés.

L’absence de l’Arabie saoudite, berceau de l’islam et gardienne des deux principaux lieux saints que sont La Mecque et Médine, ne peut passer inaperçue. Selon l’agence de presse officielle saoudienne, le roi Salmane aurait réaffirmé au cours d’un appel mardi dernier avec le Premier ministre malaisien qu’un tel sommet a vocation à se tenir sous l’égide de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), qui compte 57 États membres et dont le siège se trouve en Arabie même, à Djeddah. L’Arabie saoudite ainsi que les Émirats arabes unis ont également fait pression sur le Pakistan avec lequel ils entretiennent d’étroites relations pour qu’il y annule sa participation. Les réticences saoudiennes s’expliquent par plusieurs facteurs. D’abord la présence des leaders de trois pays avec lesquels le royaume entretient actuellement des relations plus que tendues : le président iranien Hassan Rohani, le président turc Recep Tayyip Erdogan et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani. Bien que le Premier ministre malaisien ait précisé le 22 novembre dernier que ce sommet ne se veut aucunement une alternative à l’OCI, Riyad semble percevoir derrière cette initiative la possibilité de jeter les bases d’un nouveau bloc musulman qui mettrait à mal son leadership. « Alors que les dirigeants de nombreux pays à majorité musulmane voient d’un mauvais œil le leadership du prince héritier Mohammad ben Salmane, le sommet de Kuala Lumpur suggère que les pays participants s’attendent à un dialogue ouvert au sein d’un forum qui n’est pas contrôlé par les Saoudiens », explique à L’Orient-Le Jour Giorgio Cafiero, fondateur et directeur du Gulf State Analytics. « Riyad craint qu’avec la présence de la Turquie, du Qatar et de l’Iran, ses ennemis et rivaux puissent profiter du sommet pour saper son rôle de leader du monde musulman », ajoute-t-il.

L’Arabie saoudite voue une grande hostilité à l’islam politique issu des Frères musulmans, alors que la confrérie est soutenue par Ankara et Doha. Depuis 2017, Doha subit un embargo, à la fois terrestre, maritime et aérien, d’une coalition de pays arabes menée par Riyad. Ce sont les approvisionnements par navires et avions iraniens et turcs qui ont permis au Qatar d’éviter l’étranglement. « Pour Riyad, le sommet est un effort de ses rivaux dans le monde musulman pour créer un forum alternatif qui, non seulement met au défi son leadership mais aussi vise à créer un discours différent parmi les gouvernements musulmans, et plus précisément un discours plus favorable à l’islam politique et à l’islamisme », analyse Hussein Ibish, chercheur au sein du Gulf States Institute à Washington.

L’Arabie saoudite craindrait ainsi d’être isolée diplomatiquement, d’autant plus que de nombreux pays à majorité musulmane se montrent de plus en plus critiques vis-à-vis de la direction saoudienne des affaires islamiques. Qu’il s’agisse de la guerre au Yémen ou du rapprochement avec Israël, les actions diplomatiques et militaires du royaume wahhabite ne sont pas toujours en phase avec l’opinion publique des pays musulmans.

Sort des minorités musulmanes

Les relations avec la Turquie sont également très tendues, notamment depuis l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en octobre 2018 au sein du consulat de son pays à Istanbul, par des agents du royaume. Quelques mois plus tôt, en mai 2018, ni le roi ni le dauphin saoudien ne s’étaient rendus au sommet de l’Organisation de la coopération islamique, organisé en Turquie. Ankara tente de ravir le titre de leader du monde sunnite à l’Arabie, en se présentant notamment comme le fer de lance de la défense des minorités opprimées.

Dans de nombreux pays d’Asie, les communautés musulmanes subissent actuellement des discriminations de grande ampleur. C’est le cas des Ouïghours en Chine, mais aussi des Rohingyas en Birmanie. Dernièrement, l’Inde a également été mise sous le feu des projecteurs suite à la nouvelle loi sur la citoyenneté, qui facilite la naturalisation de réfugiés à condition qu’ils ne soient pas musulmans.

Contrairement à l’Arabie saoudite, la Turquie, par la voix de M. Erdogan, s’est exprimée à plusieurs reprises pour condamner la politique chinoise à l’encontre des Ouïghours. Ankara avait qualifié en février 2019 de « honte pour l’humanité » la « politique d’assimilation systématique » visant cette minorité, et appelé la communauté internationale et le secrétaire général de l’ONU « à mettre un terme à la tragédie humaine qui se déroule au Xinjiang ». Au cours du même mois, le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane s’était rendu en Chine. Dans le cadre de ce voyage, il avait, selon des médias officiels chinois, défendu le droit de Pékin à prendre des mesures « antiterroristes » et de « déradicalisation » contre les Ouïghours, une rhétorique identique à celle de Pékin qui avait, par ces termes mêmes, justifié les arrestations massives et l’ouverture de camps de rééducation.

La question des minorités musulmanes en Asie étant l’une des thématiques phares du sommet, cela pourrait également expliquer l’absence de Riyad. « Au vu des relations qu’ont tissé la Malaisie, l’Indonésie, le Qatar, la Turquie et l’Iran avec la Chine, il n’est pas évident que la lutte des Ouïghours au Xinjiang soit un problème central », nuance M. Cafiero.

Un constat que partage Hussein Ibish. « Pour l’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie, l’Iran, le Pakistan et d’autres, la situation critique des musulmans en Asie, en particulier en Chine et au Myanmar, ne constitue une considération majeure pour la formation de leurs propres politiques diplomatiques et stratégiques, me semble-t-il. »

Riyad ne participera pas au sommet de Kuala Lumpur, en Malaisie, réunissant à partir d’aujourd’hui, et pour une durée de quatre jours, plusieurs pays musulmans, parmi les plus influents, pour qu’ils discutent de problématiques touchant les fidèles de la deuxième religion du monde. Si aucun agenda officiel n’a été annoncé pour le moment, les thématiques abordées devraient...

commentaires (2)

La bensaoudie craint une remise en question de son leadership ????? Hahahaha.... C'est franchement tout le mal qu'on lui souhaite hahahahaha...

FRIK-A-FRAK

12 h 09, le 19 décembre 2019

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Commentaires (2)

  • La bensaoudie craint une remise en question de son leadership ????? Hahahaha.... C'est franchement tout le mal qu'on lui souhaite hahahahaha...

    FRIK-A-FRAK

    12 h 09, le 19 décembre 2019

  • A MA CONNAISSANCE IL N,Y A JAMAIS EU DES SOMMETS DES PAYS CHRETIENS OU DES PAYS BOUDHIQUES OU AUTRES. C,EST DU FANATISME RELIGIEUX ET RIAD A BIEN FAIT DE NE PAS PARTICIPER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    05 h 45, le 19 décembre 2019

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