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Lifestyle - La Mode

Plongée nostalgique dans le cocon hivernal de Darin Hachem

Libanaise irriguée de culture et d’âme africaine, Darin Hachem lance sa première collection hivernale, organique et terrienne comme l’exige sa philosophie depuis qu’elle a fondé sa marque éponyme avec sa partenaire mexicaine Fernanda Gallardo. Cette saison est dédiée à la thématique du cocon, comme une évidence.

Darin Hachem, automne-hiver 2019-20. Photo DR

« Cette collection automne-hiver 2019 tourne autour de nos processus intellectuels et émotionnels en cette saison de repli douillet », souligne Darin Hachem. Au fil de la composition du tableau d’inspiration, l’univers de l’architecte et artiste polyvalente Eileen Gray n’a eu de cesse de hanter cette nouvelle ligne, tant par son esthétique que par la personnalité inspirante de la créatrice irlandaise des années 1920. « Eileen Gray était une artiste complète qui passait son temps à expérimenter et repousser ses limites personnelles. Ayant commencé sa carrière en tant que peintre, elle s’est petit à petit impliquée dans la création de meubles avant de se lancer dans l’architecture en totale autodidacte », poursuit la créatrice de mode, elle-même venue au vêtement après des études universitaires en biologie. Ce qui attire Darin Hachem en Eileen Gray, c’est aussi son intérêt pour les cultures et techniques différentes et exotiques par rapport à la sienne : son utilisation de la laque japonaise et l’évolution de son art du baroque au minimalisme en passant par l’Art déco. « Durant ses 98 ans de vie, cette femme n’a jamais cessé de créer ni d’explorer les domaines les plus divers de l’art, ce qui fait d’elle, pour nous, un exemple à suivre tant sur le plan personnel qu’artistique », confie la jeune femme.

Dans le Sud oublié

« Au niveau de la palette et des textures, poursuit Darin Hachem, nous nous sommes surtout intéressées à la phase Art déco où Gray expérimentait les techniques de la laque, des colorants et des mélanges de matériaux bruts tels que le bois et les multiples couches de résine. » La créatrice affirme que le choix des coloris est plus que jamais organique et terrien. Des verts profonds et des jaunes poire relèvent des tonalités plus neutres telles que le taupe et le beige. Pour ce qui est des techniques couture, le tandem qu’elle forme avec Fernanda Gallardo fait appel à une nouvelle source d’inspiration : celle des photographies de Camille Vivier, notamment celles où l’on voit l’élément féminin s’animer parmi de grands blocs rocheux statiques. Ceci entraînant cela, Darin Hachem poursuit sa plongée en apnée dans l’ordre onirique par un voyage en nostalgie qui s’impose de lui-même dans le shooting de la collection. « Cette collection s’est traduite par un véritable travail de mémoire. Comme un devoir vis-à-vis de moi-même, j’ai voulu rendre hommage à ma grand-mère paternelle, aux couleurs et aux odeurs dont elle a involontairement nourri mon enfance dans un tout petit village du Sud du Liban dont même les villes voisines n’ont jamais entendu parler. Il me suffit de prononcer ce nom, « Kawthariyet el-Siyed pour les voir écarquiller les yeux comme si je parlais d’une autre planète. La maison de ma grand-mère était restée inhabitée 15 ans durant, et cela faisait autant d’années que je n’y avais plus mis les pieds. Alors que je ne l’avais connue que durant les deux mois d’été où j’y passais mes vacances et dont j’ai gardé de vifs souvenirs sensoriels, j’ai décidé d’y faire photographier cette nouvelle collection au mois de février. Cette maison et son jardin étaient pleins de vie et de cris d’enfants. Elle se retrouvait tout à coup vide de ses habitants et remplie d’étrangers. J’y ai erré de pièce en pièce et cela m’a rappelé mes rituels quotidiens, le sumac mis à sécher sur une étoffe, à l’entrée, par ma grand-mère qui veillait à ce qu’aucun des enfants ne le piétine, les olives qu’elle mettait en conserve avec du vinaigre et du sel, les feuilles de vigne qu’elle serrait dans des bouteilles pour que nous les emportions avec nous en Afrique, la vigne sur le toit dont les grappes pendaient, rouges et dorées, et d’autres enfants qui jouaient dans les mûriers et en sortaient maculés de pigment rouge qu’on pouvait confondre avec du sang. Les enfants… Ma grand-mère en a eu 11 et chacun d’eux trois ou quatre… Il suffit d’imaginer ! »

Née au Gabon et élevée entre la nostalgie du Liban et la culture tellurique de l’Afrique, Darin Hachem obtient son diplôme en biologie de l’AUB avant de s’envoler pour Londres, puis Milan, modifiant son parcours pour se spécialiser dans la mode entre Central Saint Martins et l’institut Marangoni. C’est à Marangoni qu’elle rencontre Fernanda Gallardo avec qui elle fonde sa marque éponyme basée sur l’écologie et la production durable. Tout comme cette nouvelle collection automne-hiver 2019, les créations qui sortent de son atelier sont chargées de sens et d’intensité, et habitées par un esprit qui encapsule les valeurs contemporaines.

« Cette collection automne-hiver 2019 tourne autour de nos processus intellectuels et émotionnels en cette saison de repli douillet », souligne Darin Hachem. Au fil de la composition du tableau d’inspiration, l’univers de l’architecte et artiste polyvalente Eileen Gray n’a eu de cesse de hanter cette nouvelle ligne, tant par son esthétique que par la personnalité...

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