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Liban - Régions

A Minié, des femmes acquièrent un savoir-faire pour se lancer dans l’agroalimentaire

Confectionner du chocolat, construire des ruches, gérer boulangeries et restaurants... Un programme initié par l’ONG CARE International qui aide les habitantes de cette région déshéritée.

Le stand du village de Karm el-Mahr.

Dans un pré autour du petit village de Assoun dans le caza de Minié-Denniyé, de nombreuses femmes ont exposé la semaine dernière, dans des kiosques en bois, les produits qu’elles confectionnent elles-mêmes : chocolat, miel, marmelade, cornichons… Venues des villages environnants de cette région, l’une des plus pauvres du Liban, elles ont acquis des savoir-faire grâce au projet Afdal, financé par le ministère allemand de la Coopération économique et du développement, et le Programme alimentaire mondial (WFP), dans le cadre du plan de réponse à la crise syrienne qui vient en aide aussi bien aux réfugiés qu’à la communauté hôte.

Antonella Maroun, une jolie brune énergique de 24 ans qui prépare un master en marketing, est venue du village de Karm el-Mahr, où la vie de toute la communauté a changé grâce à ce programme initié par l’ONG CARE International.

Quand l’organisation a entamé son projet, Antonella s’est portée volontaire pour encourager les femmes du village à participer aux formations. « Moins d’une dizaine de femmes travaillaient dans l’agroalimentaire, aujourd’hui elles sont une vingtaine au village qui veulent en faire leur gagne-pain », assure-t-elle.

Les femmes de la localité qui ont bénéficié d’une formation de deux semaines relative à l’industrie agroalimentaire, notamment l’hygiène, le packaging et le marketing, œuvrent actuellement pour mettre en place une coopérative.

« La moitié du village se trouve en Australie. Nous œuvrons pour que la coopérative qui sera mise en place soit dès son ouverture conforme aux normes ISO et Hassp afin que nous puissions exporter des produits alimentaires, fabriqués à Karm el-Mahr, aux personnes originaires du village et ayant émigré en Australie pour commencer », explique Antonella Maroun.

La jeune femme travaille depuis l’âge de 12 ans dans le restaurant que tiennent ses parents ainsi que dans la boucherie familiale. « La formation m’a beaucoup aidée, notamment en matière d’hygiène alimentaire et de marketing. J’ai aussi reçu du matériel, entre autres un réfrigérateur industriel qui m’a facilité le travail. C’est très important pour notre entreprise familiale parce que, avec toutes nos dépenses, il nous est souvent difficile de remplacer le matériel », explique Antoinette Hanna Maroun, la mère d’Antonella, qui a réussi à élever ses enfants grâce à l’entreprise familiale. « J’ai quatre filles. La benjamine est encore à l’école, Antonella suit encore des études, alors que les deux aînées sont devenues avocate et ingénieure », indique avec fierté cette femme qui expose confitures et cornichons de sa fabrication.


(Pour mémoire : Agroalimentaire : lancement d’un premier « pôle d’innovation » au Liban)



L’unique chocolatière de la région

Sur un autre stand, les femmes du village de Kfarhabou expliquent qu’elles avaient déjà créé une coopérative qui comptait 12 personnes. Aujourd’hui, grâce au programme, elles sont 22 qui se partagent le travail et se répartissent les profits. La plupart des femmes confectionnent de la confiture, des cornichons et des olives en saumure.

Parmi elles, Mayssam Kaddoum, qui était esthéticienne, a appris à confectionner de délicieux chocolats amers, au lait et blancs, grâce à la formation au terme de laquelle elle a reçu des moules et du matériel pour la cuisson au bain-marie. Elle va bientôt commencer à vendre ses produits dans les villages de la région de Denniyé, où elle est la seule à connaître le métier.

Fatmé Debl, la cinquantaine, a ouvert une boulangerie il y a des années. Elle a bénéficié d’un séminaire dispensé par CARE International et reçu du nouveau matériel pour son commerce, notamment une balance, un four, un réfrigérateur et un pétrin mélangeur. « Grâce au pétrin mélangeur industriel, je passe désormais moins de temps au travail et je suis moins fatiguée. Cela me permettra aussi dans l’avenir, si la situation du pays change, de produire plus rapidement », explique-t-elle.

Sur un autre stand, les apiculteurs du village de Beit el-Faks, regroupés au sein d’une coopérative qui compte 80 personnes, exposent leurs produits : pollen, cire d’abeille, miel, savon au miel… L’organisation n’a pas uniquement fourni du matériel aux apiculteurs, elle leur a aussi assuré une session de menuiserie leur permettant de construire des ruches, un savoir-faire qui n’existe pas dans la région. Deux sœurs, Manal et Marwa Ismaïl, ont pris leur courage à deux mains et ont suivi une formation de menuiserie aux côtés des hommes.

« Les femmes travaillent autant que les hommes, sinon plus. Elles sont même plus performantes, dit Marwa, la tête couverte d’un foulard rouge. Je suis aussi capable qu’un homme, sinon plus. Nous avons suivi cette formation pour aider nos maris qui sont dans l’apiculture. Nous pourrons fabriquer des ruches que nous utiliserons nous-mêmes ou que nous pourrons vendre dans la région. » Sa sœur Manal avoue, pour sa part, avoir eu un peu peur au début des outils tranchants utilisés en menuiserie mais avoir appris à gérer sa peur.

Selon une étude du PNUD datant de 2016, 80 pour cent de la population du Liban-Nord vit dans la pauvreté.

D’une durée d’un an, le projet Afdal, mis en place dans plusieurs régions du Liban, notamment au Sud, au Nord et dans le Mont-Liban, s’adresse aussi bien à la communauté hôte qu’aux réfugiés syriens ; 560 bénéficiaires directs, la plupart des Libanais, ont profité du projet mis en place grâce à une coopération entre CARE International, les ONG libanaises Fair Trade Lebanon et l’Association pour le développement des capacités rurales, ainsi que la Chambre de commerce et d’industrie de Tripoli et du Liban-Nord. CARE International Liban vient de mobiliser un nouveau fond qui sera consacré spécifiquement à la crise libanaise.


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